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Tunisie: première commémoration officielle de l'attentat contre la synagogue de Djerba

 

Tunisie: première commémoration officielle de l'attentat contre la synagogue de Djerba

 

TUNIS (AP) — Le président tunisien Moncef Marzouki s'est rendu mercredi à Djerba pour commémorer le 10e anniversaire de l'attentat perpétré le 11 avril 2002 contre la synagogue de la Ghriba, le plus ancien lieu de culte juif d'Afrique bâti il y a plus de 2.500 ans sur cette île du Sud tunisien, selon la légende.

L'opération, revendiquée par l'organisation terroriste Al-Qaïda, avait fait 21 morts dont 14 touristes allemands, deux Français et cinq Tunisiens.

C'est la première fois qu'un officiel de haut rang ira se recueillir sur les lieux de l'attentat pour un hommage posthume aux victimes. Selon le porte-parole de la présidence tunisienne, Adnène Mancer, le grand rabbin de Tunisie Haïm Bitan fera le déplacement à bord de l'avion militaire qu'empruntera le président Marzouki.

Le cérémonial qui aura lieu en présence des ambassadeurs d'Allemagne et de France à Tunis, prévoit une visite à la synagogue où une gerbe de fleurs sera déposée par le président tunisien. Une minute de silence sera observée à la mémoire des victimes. Le président tunisien recevra ensuite dans un hôtel de l'île des membres des familles éprouvées.

"Ce voyage porte un message de solidarité et de respect envers la communauté juive de Tunisie dont les membres sont considérés comme des citoyens à part entière", a déclaré le porte-parole du président à l'Associated Press.

Le chef de l'Etat, connu pour être un défenseur acharné des droits humains, entend par là-même "marquer sa distance et désavouer les appels lancés récemment (par des salafistes) appelant à la violence et à la haine et dire qu'il est le président de tous les Tunisiens musulmans, juifs et chrétiens", a-t-il ajouté.

Pour le président du comité de la Ghriba Perez Trabelsi, l'initiative de M. Marzouki est à même de "favoriser le rapprochement entre musulmans et juifs tunisiens".

Le président de la communauté juive de Tunisie Roger Bismuth qui sera présent à Djerba, a salué "un geste symbolique positif du président". Selon lui, il est de nature à relancer le tourisme tunisien qui a reçu "un coup sec", surtout les slogans antisémites lancés ces derniers temps.

L'attentat de Djerba a entraîné une chute vertigineuse du flux de touristes allemands dont le nombre s'est considérablement réduit après avoir été en tête avec plus d'un million de visiteurs par an.

Les menaces proférées le 25 mars dernier par un cheikh salafiste qui a appelé à tuer les juifs "a fait beaucoup de mal", a déploré René Trabelsi, un voyagiste natif de Djerba basé à Paris.

"Beaucoup de juifs qui devaient venir en Tunisie pour célébrer les fêtes de Pâques ont dû annuler leur voyage. Ils étaient traumatisés par ces propos dangereux qui intervenaient après le drame de Toulouse" au cours duquel un Français d'origine algérienne a tué sept personnes dont trois enfants juifs, a-t-il regretté lors d'un entretien téléphonique avec l'AP.

En prévision du pèlerinage annuel de la Ghriba prévu les 9 et 10 mai prochain, il ne désespère pour autant pas que "la main tendue par le président Marzouki en direction de la communauté juive de Tunisie" remette les pendules à l'heure, pour peu que l'atmosphère notamment sécuritaire y soit favorable.

"Les membres de la communauté juive de Paris et d'autres villes ont soif de venir en Tunisie retrouver cette terre de tolérance par tradition pour y passer d'agréables moments en famille en toute tranquillité", a-t-il espéré. Selon ce Djerbien de souche, "même les juifs tunisiens partis en Israël dans des circonstances contraignantes et qui ont des familles en Tunisie n'hésiteraient pas à venir si on leur accordait un visa".

"Avec un bon pèlerinage de la Ghriba, la Tunisie ne peut assurément qu'être gagnante sur tous les plans", a-t-il plaidé avant de prendre l'avion pour Djerba où il doit assister à la commémoration à l'invitation de la présidence. AP

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Tunisie. Moncef Marzouki à la synagogue de la Ghriba      
 
 

Le 11 avril 2002, un attentat-suicide à la synagogue Ghriba de Djerba a fait 21 morts. 11 ans après, le président de la République est allé commémorer cet événement tragique, avec la communauté juive tunisienne.

Il s’agit d’une première. Moncef Marzouki est, en effet, le premier président à se rendre à la synagogue de la Ghriba pour commémorer les victimes de cet attentat, commis par un Tuniso-français vivant à Lyon Nizar Naouar (25 ans), mort dans l’attentat, et qui était lié au réseau Al-Qaïda.

Hommage aux 1.500 Tunisiens de confession juive

Ce geste va certainement atténuer un peu la colère des 1.500 juifs tunisiens menacés publiquement de mort par des salafistes, au cours d’une manifestation, le 25 mars à Tunis.

Le président Marzouki s’est rendu de l’aéroport de Tunis-Carthage à celui de Djerba-Zarzis, à bord d’un avion militaire. Il a été accueilli par le gouverneur de Médenine et les présidents des délégations spéciales des municipalités de Houmet Souk, Midoun et Rjim Maâtoug. Etaient également présents les ambassadeurs de France, Boris Boillon, et d’Allemagne, Dr. Horst-Wolfram Kerll.

Il est à rappeler que les 21 morts de l’attentat de Djerba étaient Allemands (14), Français (2) et Tunisiens (5).

La visite présidentielle a été annoncée le 9 avril dans l’émission ‘‘Hadith Essaâ’’ de la chaîne nationale Al Watanya I, diffusée en direct du palais de Carthage. «Je dénonce fermement ces menaces. D’ailleurs, je vais me rendre dans deux jours à Djerba pour commémorer les morts de la Ghriba», a-t-il répondu à notre collègue Elyes Gharbi, qui l’a interrogé à propos des menaces proférées par des extrémistes religieux à l’encontre des minorités en Tunisie.

Perez Trabelsi, président du comité de la Ghriba et de la communauté juive de Djerba, a estimé que «la visite du président Marzouki vient renforcer le rapprochement entre juifs et musulmans tunisiens, et consolider la coexistence pacifique», considérant également que «c’est un message de paix adressé à tous les juifs de la terre pour qu’ils effectuent cette année le pèlerinage de la Ghriba en toute tranquillité».

Le Grand Rabbin de Tunisie Haïm Bittan a souligné que «ce site sacré, ancien et simple, est le symbole de la fraternité entre juifs et musulmans».

Rejet de toute forme de ségrégation à l'encontre des Juifs

Le président, qui a porté, pour l’occasion, une chéchia rouge écarlate, a dévoilé une plaque commémorative posée devant la synagogue, à la mémoire «des tunisiens et des hôtes de la Tunisie tombés en victimes de cette lâche agression», a-t-il dit, exprimant sa vive compassion avec les familles des victimes. Il a également posé une gerbe de fleurs en souvenir des victimes.

«Les Tunisiens, profondément attachés aux valeurs de tolérance et de modération prônées par l’islam et par les principes des droits de l’Homme, rejettent toute forme de violence ciblant des civils innocents», a indiqué le président de la république dans une allocution prononcée à l’intérieur de la synagogue.

«Toute ségrégation à l'encontre des juifs, de leurs vies, leurs biens et leurs croyances est totalement rejetée», a-t-il ajouté, affirmant que «les juifs font partie intégrante de notre peuple. Ils ont tous les droits et obligations, et leur violation constitue une agression contre tous les Tunisiens».

Dans son allocution, le président de la République a rendu hommage aux victimes innocentes, Tunisiens, Allemands et Français, et a réitéré «le refus des Tunisiens de toute forme de violence, eu égard aux principes islamique de tolérance et de respect de toutes les religions». Il a aussi souligné son «rejet de toute forme de ségrégation à l’égard de nos concitoyens juifs, et de tous propos ou actes pouvant menacer leur dignité ou leur vie», rappelant que «l’Etat civil est déterminé à protéger tous ses citoyens et à les traiter sur le même pied d’égalité».

Le président a profité aussi de l’occasion pour condamner l’acte criminel qui a récemment ciblé des enfants juifs en France et appelé les enfants de la communauté juive de Tunisie à visiter le Palais de Carthage.

Le discours du président a été conclu par l’observation d’une minute de silence à la mémoire des victimes de l’attentat de Djerba.

Le président a ensuite visité la synagogue, en compagnie de M. Perez, qui en lui a présenté l’histoire deux fois millénaire de ce lieu de culte. Il a aussi rencontré les familles des victimes de l’attentat, qui ont dénoncé «l’indifférence et la négligence de l’ancien régime».

Z. A.

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