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Vague de revendications sans précédent en Tunisie

 

Vague de revendications sans précédent en Tunisie

Les conflits se multiplient en Tunisie face à la crise et à la difficulté de répondre aux demandes d'emploi. De nombreux Tunisiens pratiquent des sit-in et des grèves pour revendiquer plus de justice sociale et un partage plus équitable des richesses.

 

TUNISIE. Mohamed, Abdallah et Témim, trois jeunes diplômés du supérieur, originaires du bassin minier de Gafsa, siègent depuis la fin du mois de novembre 2011 devant le siège social de la CPG ( Compagnie des Phosphates de Gafsa) à Tunis, situé non loin de l'avenue Mohamed V.

Les causes du sit-in sont, aujourd'hui, connues par tous aussi bien par les citoyens que par les membres du gouvernement. Nos trois interlocuteurs et leurs camarades de sit-in revendiquent une révision des résultats du concours lancé par la compagnie après le 14 janvier 2012, un concours qui devait absorber nombre de jeunes issus des familles les plus démunies de la région et qui n'a fait qu'attiser la colère n'ayant, selon eux, servi qu'à recruter des gens qui travaillent déjà et selon des critères non définis.

D'ailleurs, précise Mohamed, ils refusent même de nous communiquer nos scores pour qu'on puisse comprendre pourquoi nous n'avons pas été retenus.

Ils revendiquent, également plus de justice sociale et un partage plus équitable des richesses. Ils s'attendaient à ce qu'après le 14 janvier, leur région notamment le bassin minier soit reconsidérée et intégrée dans les priorités nationales de développement, mais ils n'ont jusqu'à présent reçu aucun signe rassurant et aucune action concrète. À discuter avec eux, on ne peut passer outre le désespoir et la colère qui les animent. Mohamed estime, de son côté, qu'il faudrait créer des projets créateurs de richesse et non pas des projets juste pour faire taire les gens.

 

La contestation gagne tout le pays

Le cas de la CPG n'est pas isolé, plusieurs entreprises se retrouvent aujourd'hui quasi paralysées par les sit-in et les grèves. Durant la dernière semaine, le mouvement contestataire a gagné toutes les régions du pays.

Au champ pétrolifère d’El Borma, la grève des employés de la SITEP a repris depuis lundi, à Mdhilla et à Redeyef et les usines de la CPG n'arrivent toujours pas à reprendre le rythme de production normal. Les contestations touchent, également, les régions du nord-ouest, le Kef, Siliana et Makthar, ville où les habitants ont décrété la grève générale.

La voix des citoyens s'élève un peu partout. Les demandes se rejoignent, elles concernent le droit au travail et à la dignité et appellent à ce que justice soit faite pour les martyrs de la révolution sans oublier les blessés dont certains attendent encore des soins poussés à l’étranger.

Les revendications sociales et les grèves ont connu au cours de l'année 2011 une explosion sans précédent et qui pourrait s'expliquer par le silence des autorités qui a trop duré et la frustration cumulée de plusieurs années.

Ceci dit, les demandes varient et vont des plus légitimes aux plus farfelues. Si tout le monde s'accorde qu'il est aujourd'hui primordial d'apporter des réponses urgentes aux revendications dans les régions les plus défavorisées et de rétablir la confiance, certaines demandes semblent totalement déplacées notamment dans ce contexte de crise et de ralentissement économique général.

Entre ceux qui veulent réduire le nombre de jours de travail dans la fonction publique et ceux qui demandent des augmentations salariales, les plus démunis n’arrivent pas à se faire écouter.

Face à ces grèves et à ces sit-in à durée indéterminée, le ministre des Affaires sociales a déclaré que toute pratique de ce genre qui porterait préjudice à la production et à l'activité économique du pays sera « prise en charge » par les forces de l'ordre. Un avertissement qui a été vite suivi d’effet en ce sens que ces dernières sont d'ailleurs intervenues à l’usine de British Gas à Sfax et ont levé le si in qui s'y tenait depuis quelques jours.

Reste à ajouter que la solution sécuritaire à elle seule ne suffit pas, « seuls le dialogue, la mise en confiance et le langage de la sincérité » sont à même d’atténuer cette vague de contestations et de revendications, comme le précisent nombre de leaders de l’opposition.

 

Nadia Chahed, à TUNIS

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