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REVUE DE PRESSE - ARTICLES INTERESSANTS

Envoyé par jero 
Jérusalem et Washington prévoient une attaque contre Téhéran

L’hebdomadaire français Le Canard enchaîné affirme, dans son édition de mercredi, qu'il existerait un plan d'attaque israélo-américain contre l'Iran.

Le journal satyrique indique que ce sont les services secrets russes qui auraient découvert ce plan. Le président russe, Vladimir Poutine, aurait antérieurement informé les autorités iraniennes.

Dans un premier temps, l'aviation israélienne effectuerait des raids contre les sites nucléaires iraniens. Les avions-radars américains guideraient et protègeraient ces raids. Par la suite, l'aviation américaine prendrait le relais, selon les résultats obtenus, soutient le journal.

L’hebdomadaire assure que les attaques auraient lieu entre la fin du mois du Ramadan, soit vers la mi-octobre, et le début de l'année 2008.

Rappelons que le Conseil de sécurité de l'ONU a donné à la République islamique jusqu'à décembre 2007 pour qu'elle permette à l'Agence internationale de l'énergie atomique d'effectuer de nouveaux contrôles de ses sites nucléaires.

L'article du Canard enchaîné indique également que les services secrets français ont observé une importante livraison d'armes de Moscou à Téhéran.

Il s'agirait de batteries de missiles antinavires, de missiles antiaériens et d'hélicoptères.

Toujours selon des sources des services secrets français cités par le journal, les avions-radars américains AWACS et des avions israéliens ont effectué plusieurs sorties à proximité des cibles iraniennes.

L’opération israélienne en Syrie du 6 septembre dernier pourrait être vue, selon le Canard enchaîné, comme une répétition générale avant une éventuelle attaque contre l'Iran.
Jérusalem et Washington prévoient une attaque contre Téhéran[[/color]/b]

Le quotidien nationaliste panarabe Al-Qods Al-Arabi, édité à Londres, avait évoqué, il y a quelques jours, une attaque américaine contre l’Iran. Selon l’auteur de l’article, il existerait des indices qui laissent à penser que Téhéran sera la prochaine cible de Washington.

Parmi les indices avancés par l’auteur, le fait que George Bush ait utilisé les termes d’« holocauste nucléaire » est un avertissement à Téhéran pour qu’il cesse d’enrichir de l’uranium ; la présence de Nicolas Sarkozy en tant que nouvel allié de Washington laisse la place laissée vacante par l’ex-premier ministre Tony Blair ; enfin, la signature par l’Arabie saoudite d’un contrat de de quelque 5 milliards avec une société américaine pour entraîner et équiper quelque 35 000 hommes chargés de protéger les installations pétrolières saoudiennes.
Pièces jointes:
Canard Enchaine du Mercredi 26 septembre 2007 - u4535_01.gif
Barak estime inéluctable une opération contre Gaza - PATRICK SAINT-PAUL - Pour Le Figaro - 29 septembre 2007 -

Le ministre de la Défense israélien, ancienne colombe du Parti travailliste, affirme qu'une invasion de la bande de Gaza s'impose.

À EN CROIRE Ehoud Barak, la série de raids et d'incursions israéliennes, qui a fait 12 morts en 24 heures dans la bande de Gaza, n'est que le prélude à une opération terrestre plus vaste et inéluctable. Depuis qu'il a repris en main le ministère de la Défense, Barak, l'ancienne colombe du Parti travailliste, s'est métamorphosé en véritable faucon. Focalisé sur les questions de sécurité, son discours se rapproche désormais de celui du chef de l'opposition de droite, Benyamin Nétanyahou.

Barak affirme qu'une invasion de la bande de Gaza s'impose, pour faire cesser les tirs de roquettes depuis ce territoire - passé sous le contrôle du Hamas le 15 juin - sur le sud d'Israël, qui ont fait 12 morts depuis le début de l'intifada, en septembre 2000. « Nous nous rapprochons d'une vaste opération qui, pour de nombreuses raisons, n'a pas eu lieu au cours des semaines écoulées, a lancé le ministre de la Défense mercredi. Il faut affaiblir le régime du Hamas et son emprise sur Gaza. » L'opération n'a pas eu lieu, en raison des fortes tensions avec la Syrie, qui menaçaient d'exposer Israël sur deux fronts simultanément. Plusieurs ministres ont mis en garde Barak contre les lourdes pertes en vies humaines qu'une telle opération en zone peuplée pourrait impliquer, y compris parmi les militaires israéliens.

Une vaste campagne militaire à Gaza risquerait aussi de faire capoter la conférence de Washington, prévue mi-novembre, et censée relancer le dialogue israélo-palestinien. Contrairement à Ehoud Olmert, le premier ministre israélien, Barak affirme qu'il n'existe toujours pas de partenaire du côté palestinien, le président Mahmoud Abbas étant trop faible pour faire appliquer un accord, en dépit de sa bonne volonté. À propos de la déclaration de principe que négocient Olmert et Abbas, Barak estime qu'elle « doit être suffisamment substantielle pour ne pas humilier les Palestiniens ». Mais aussi « suffisamment vague pour que les Israéliens ne se sentent pas comme des pigeons, ayant fait des concessions importantes sur les problèmes les plus épineux sans rien recevoir en échange ».

Officier le plus décoré d'Israël

« Le premier ministre (Ehoud Barak), qui en 2000 (lors des négociations de Taba, NDLR) a proposé un retrait de 90 % des Territoires palestiniens et des quartiers arabes de Jérusalem-Est, emploie désormais la rhétorique de Benyamin Nétanyahou, affirmant qu'il n'existe pas de partenaire du côté palestinien et qu'un arrangement avec eux n'est rien de plus qu'un fantasme », écrit l'analyste politique Itamar Eichner, dans le Yedioth Ahronoth.

Ancien chef du « commando de l'état-major », la crème des unités d'élite de l'armée israélienne, Barak ne se prive jamais de rappeler qu'il est l'officier le plus décoré d'Israël, le « militaire numéro un », mettant ainsi en relief l'inexpérience militaire d'Olmert et son échec lors de la guerre du Liban de l'été 2006. S'il a dirigé la répression des troubles palestiniens à Gaza et en Cisjordanie dans les années 1990, il a aussi pris part aux négociations de 1994 pour la mise en oeuvre sur le terrain de l'autonomie palestinienne prévue par les accords d'Oslo. C'est pour rejoindre l'aventure pacifiste d'Itzhak Rabin, son lointain prédécesseur à la tête de l'armée, que Barak s'était lancé en politique.

Désormais, Barak rechigne à faire la moindre concession aux Palestiniens : lever des barrages en Cisjordanie pour faciliter la circulation des Palestiniens, évacuer des colonies sauvages, autoriser les policiers palestiniens en armes à faire régner l'ordre à Naplouse... Autant de gestes qu'Olmert juge indispensables pour renforcer Abbas, mais que Barak considère comme nuisibles à la sécurité d'Israël. « Barak ne pourra pas continuer longtemps ainsi, estime Itamar Eichner. Tôt ou tard, il devra de nouveau jouer le rôle réservé au président du Parti travailliste : chef de la gauche israélienne ».

Retour d'incursion israélienne, hier, dans la bande de Gaza. Tsahal y a déjà fait 12 morts en 24 heures
Pièces jointes:
retour incursion bande gaza - Show-20070929.FIG000000790_1481_1.gif
H'IZB AL TAH'RIR OU "LE CALIFAT MAINTENANT !",

PAR LE JIHAD SANS ARMES



Article de Ehoud Ya'ari, journaliste Israélien

Paru dans The Jerusalem Report du 1er Octobre 2007.

Traduit par Albert Soued pour www.nuitdorient.com, pour son nouveau livre sur les événements du Moyen Orient, cliquer sur Quand le Moyen-Orient verra-t-il la lumière ?

Titre original "A name worth to remember: Hizb al Tahrir"- le titre en français est proposé par le traducteur.



La branche palestinienne et discrète du "parti de la libération" (Hizb al Tahrir) de l'islamisme global est sortie de sa tanière. Elle y était cachée depuis sa fondation en 1953, à Jérusalem-Est, sous contrôle jordanien. Aujourd'hui, elle a décidé de devenir un mouvement de masse pour les Palestiniens de Cisjordanie.

Ce n'est pas un sujet futile. Un élément important de l'arène politique palestinienne, qui a préféré jusqu'ici demeurer dans l'ombre, vient tout d'un coup de se mettre en avant. Tout le monde les appelle les "Nabhani" (1) et ceux-ci ont senti que c'était le moment d'intervenir du fait que le Hamas et le Fatah se sont affaiblis, en s'entretuant. Il y a ainsi un vide politique qu'ils vont chercher à remplir. L'influence croissante de ce parti à Hébron et la main mise progressive de ses adhérents sur les offices de la mosquée d'Al Aqsa à Jérusalem ont été relatés à maintes reprises dans cette chronique en 2006. Mais cet été a vu la mutation. Pendant des décennies, ce mouvement s'est limité à une activité clandestine d'enseignement, se manifestant rarement à l'extérieur par des slogans ou des bannières. Mais là, il vient de montrer sa force véritable, aux yeux de tous. Il a lancé un mouvement de jeunesse appelé "les lionceaux du Califat" (ashbal al khilafa) pour concurrencer ceux du Hamas et du Fatah. Les 10/11 août, il a tenu des rallyes de masse à Ramallah, Toulqarm et même à Gaza. Des arabes Israéliens y ont assisté et à chaque rallye, on a diffusé les discours du chef spirituel mondial du mouvement, Ata Abou al Rishta, dit l'Emir. Cet homme de 64 ans appartient à une famille de réfugiés de 1948, venant d'un village près de Hébron. Il a grandi dans un camp de réfugiés jordanien et a obtenu un diplôme d'ingénieur en Egypte. Après un séjour dans une prison de Jordanie, il est devenu l'organisateur du parti. On ne sait pas où il réside aujourd'hui. Il a pris la tête de ce parti en 2003, après la mort de son prédécesseur Abdel Qarim Zaloum.

Le message d'Abou Rishta est clair. Le Califat de l'Islam sunnite a disparu après l'effondrement de l'empire ottoman, il y a 85 ans. Il faut donc le rétablir. "Ce n'est pas un rêve et ce n'est pas impossible" dit-il. Il explique: "Le Califat est le seul produit que nous ayons à vendre dans notre parti". Contrairement à Osama ben Laden, qui compte lui aussi les années, depuis la chute des Ottomans, le parti Hizb al Tahrir n'a pas d'autre objectif que le rétablissement du Califat et ne s'adonne pas au terrorisme. Sauf que dans un passé lointain, ses fondateurs, menés par le sheikh Taqel Dine al Nabhani, ne répugnaient pas au meurtre politique, à l'occasion, y compris l'assassinat sur le mont du Temple du roi Abdallah de Jordanie en 1951(2).

Abou Rishta ne veut pas du jihad d'al Qaeda, ni celui du Hamas et consorts. Selon lui, lorsque le Calife sera rétabli, c'est lui et personne d'autre qui en finira avec l'état juif et qui ramènera la Palestine dans le giron de l'Islam. Il n'a pas de réponse claire sur la façon de ramener le Califat et comment atteindre cet objectif. Il affirme que ce ne seront pas les anges d'Allah qui le ramèneront. L'idéologie du parti dit que les masses doivent être éduquées pour croire dans le Califat et, à ce moment là, elles feront tout leur possible pour y parvenir, dans un rapide mouvement révolutionnaire, et pas à travers un long et épuisant conflit.

Pendant des années Hizb al Tahrir a été une force centrale dans les mouvements islamistes d'Ouzbeqistan, d'Indonésie, du Bangladesh et de certaines parties du Caucase, ainsi que dans les communautés musulmanes d'Europe occidentale, d'Amérique et même d'Australie. C'est un mouvement mondial dans le vrai sens du mot qui concurrence consciencieusement celui des Frères Musulmans et celui des cercles salafistes d'al Qaeda.

Les activistes palestiniens de Hizb al Tahrir en Jordanie et en Cisjordanie ne sont pas intervenus dans le conflit armé contre Israël. Ils sont restés cachés, bien que certains d'entre eux à Jérusalem-est et en Israël se soient dévoilés. Depuis que le conflit entre le Fatah et le Hamas s'est aggravé, les chefs de Hizb al Tahrir semblent avoir décidé que le moment était mûr pour tirer avantage de l'affaiblissement des 2 parties dans l'opinion publique et de se présenter comme alternative. Et en effet, ils ont un succès grandissant. Ils recrutent des membres et leurs idées semblent se répandre dans la masse.

Hizb al Tahrir ne préconise pas l'établissement d'un état palestinien, même pas un état à orientation islamique. Car ce parti dévierait alors de son objectif de renaissance du Califat. C'est la raison pour laquelle de nombreux Palestiniens, qui ont renoncé depuis longtemps à l'idée d'un Etat indépendant dans les frontières de 1967, sont attirés par les idées d'Abou Rishta et de ses émissaires. Il y a de plus en plus de signes que le discret parti Hizb al Tahrir s'est transformé avec succès en une force populaire ayant des dizaines de milliers de membres ayant abandonné l'idée d'une Palestine indépendante.

D'origine palestinienne, ce mouvement ne montre aucun nationalisme; il a pris ses distances par rapport au terrorisme, recommandant plutôt l'attente patiente du moment opportun pour une révolution. Il entretient l'hostilité à l'encontre d'Israël, en niant son droit à l'existence, mais il interdit à ses membres de mener toute action en dehors du prêche et de l'enseignement idéologique.

Aussi longtemps que le déclin du Fatah et du Hamas se poursuivra, nous verrons le développement de Hizb al Tahrir comme l'alternative qui peut se montrer à visage découvert, n'ayant pas attiré la curiosité de la Sécurité Israélienne, ni de celle du Hamas ou du Fatah. Ce mouvement alternatif investit dans les idées et dans la mobilisation spirituelle plutôt que dans la fourniture d'un bénéfice matériel (3). En bref, Hizb al Tahrir est un défi totalement nouveau, différent de ceux qu'on a connus jusqu'ici (4).



Notes de la traduction

(1) du nom de la tribu à laquelle appartient l'un des fondateurs

(2) grand père du roi actuel qui porte le même nom

(3) contrairement au Hamas et au Fatah

(4) ce parti s'est surtout développé en Asie mineure et Centrale et en Extrême Orient où il a apprit qu'on obtient plus par la voie des idées que par celle des armes. Mais le traducteur demande à voir ce qu'il en adviendra de ce parti dans le contexte du Moyen Orient.
Re: REVUE DE PRESSE - ARTICLES INTERESSANTS - Sciences économiques islamiques ?
30 septembre 2007, 07:09
Sciences économiques islamiques ? - Par Daniel Pipes - Jerusalem Post - 26 septembre 2007

Adaptation française : Alain Jean-Mairet

Source : [fr.danielpipes.org]

Article original à l'adresse suivante : [fr.danielpipes.org]

Sans que le monde extérieur en prenne vraiment conscience, une quantité d'argent importante et en croissance rapide est gérée aujourd'hui en accord avec la loi islamique, la charia. Selon une étude, «à la fin 2005, plus de 300 institutions de plus de 65 juridictions géraient des actifs d'une valeur globale de l'ordre de 700 milliards à un billion de dollars d'une manière compatible avec la charia».

L'économie islamique prend une ampleur de plus en plus incontournable grâce à une profusion de portefeuilles d'exportateurs de pétrole et une multiplication d'instruments financiers islamiques (tels que des emprunts sans intérêts et des obligations sukuk). Mais à quoi rime tout cela? Les instruments conformes à la charia peuvent-ils concurrencer l'ordre financier international? L'instauration d'un régime économique islamique va-t-il vraiment de pair, comme l'affirme un enthousiaste, avec la fin de l'injustice grâce à «l'intervention de l'État pour le bien de tous»?

Pour comprendre ce système, le meilleur point de départ est Islam and Mammon, un brillant ouvrage que Timur Kuran a écrit alors qu'il occupait (paradoxalement, vu le soutien saoudien à l'économie islamique) la chaire «King Faisal Professor of Islamic Thought and Culture» (pensée et culture islamiques) de l'université de Californie du Sud.

Kuran, qui enseigne actuellement à Duke University, estime que l'économie islamique ne remonte pas à Mahomet, qu'elle est une «tradition inventée» qui a émergé en Inde, dans les années 1940. La notion de discipline des sciences économiques «qui serait clairement et ouvertement islamique est très récente». Il y a encore un siècle, même les plus savants des Musulmans auraient été interloqués par l'«économie islamique».

L'idée a été forgée à l'origine par un intellectuel islamiste, Abul Ala Maududi (1903-79), pour qui l'économie islamique servait de moyen vers de nombreuses fins: minimiser les relations avec les non-Musulmans, renforcer le sentiment collectif d'identité musulmane, étendre l'Islam dans un nouveau domaine d'activité humaine et moderniser sans occidentaliser.

Les sciences économiques islamiques ont pris leur essor en tant que discipline universitaire vers la moitié des années 1960. Elles ont bénéficié d'un élan institutionnel pendant le boom pétrolier des années 1970, lorsque les Saoudiens et d'autres Musulmans exportateurs de pétrole, qui entraient alors pour la première fois en possession de fortes sommes d'argent, ont apporté un «vaste soutien» au projet.

Les partisans de l'économie islamique avancent deux propositions fondamentales: que le système capitaliste a échoué et que l'Islam fournit la solution. Pour évaluer cette dernière assertion, Kuran se penche avec beaucoup d'attention sur le fonctionnement concret de l'économie islamique et sur ses trois principales affirmations, à savoir qu'elle abolit l'intérêt sur l'argent, qu'elle engendre l'égalité économique et qu'elle établit une éthique commerciale supérieure. Sa conclusion est qu'elle échoue totalement à ces trois niveaux.

1) «Nulle part l'intérêt n'a disparu des transactions économiques et l'islamisation économique ne bénéficie nulle part d'un soutien massif.» Les opérations exotiques et complexes de participation aux pertes et profits comme ijara, mudaraba, murabaha et musharaka font toutes intervenir des paiements d'intérêts déguisés. En fait, les banques qui se prétendent islamiques «ressemblent davantage aux autres instituts financiers modernes qu'à un quelconque héritage de l'Islam». Bref, il n'y a pratiquement rien d'islamique dans les pratiques bancaires islamiques – ce qui explique en grande partie pourquoi Citibank et d'autres grandes banques occidentales détiennent des dépôts conformes à l'Islam beaucoup plus considérables que les banques spécifiquement islamiques.

2) L'ambition de réduire les inégalités en imposant la zakat n'a réussi «nulle part». Kuran estime que cet impôt «ne génère pas nécessairement un transfert de ressources vers les pauvres et peut même en fait conduire à un transfert de ressources négatif pour eux». Pire encore, en Malaisie, l'imposition de la zakat, supposée aider les pauvres, semble plutôt servir de «prétexte fort commode pour promouvoir des objectifs islamiques et pour enrichir les responsables religieux».

3) «Le nouvel accent porté sur la morale économique n'a eu aucun impact sensible sur les comportements économiques.» Ceci en raison du fait que, comme dans le socialisme, «certains éléments du programme économique islamique sont contraires à la nature humaine».

Kuran rejette la notion même de sciences économiques islamiques. «Il n'existe pas de manière spécifiquement islamique de construire un bateau, de défendre un territoire, de guérir une épidémie ou de faire des prévisions météorologiques», alors pourquoi l'argent? Il conclut que l'importance de l'économie islamique réside non pas dans l'économie, mais dans l'identité et la religion. Ce projet «a promu la propagation de courants de pensées antimodernes (…) dans l'ensemble du monde islamique. Il a aussi favorisé la formation d'un milieu encourageant le militantisme islamiste.»

En fait, l'économie islamique contribue à l'instabilité économique mondiale en «empêchant les réformes sociales et institutionnelles nécessaires à un développement économique sain». Ainsi, si les Musulmans avaient bel et bien l'interdiction de verser et de facturer des intérêts, ils seraient relégués «dans la marge de l'économie internationale».

Bref, l'économie islamique ne fournit qu'une contribution insignifiante aux sciences économiques, mais elle constitue un important et pernicieux danger politique.

Timur Kuran, professeur de sciences économiques et politiques à Duke University.
Pièces jointes:
Timur Kuran - Show-407.gif
Re: REVUE DE PRESSE - ARTICLES INTERESSANTS
30 septembre 2007, 07:37
L’indécision, le doute et ...les menaces planent

Par Albert Bellaïche pour Guysen International News

Dimanche 23 septembre 2007 à 23:10


Les deniers développements qui découlent des contacts israélo-palestiniens c’est-à-dire ceux qui existent entre Israël et les dirigeants du Fatah, entre Ehud Olmert et Mahmoud Abbas, à en croire certaines dépêches dignes de foi, auraient atteint un stade avancé. A telle enseigne que des directives précises auraient déjà été couchées sur le papier et devaient très prochainement être soumises à Condoleezza Rice, dans le but de mettre en situation favorable la prochaine conférence sur le Moyen Orient qui doit se tenir au mois de novembre aux Etats Unis.
Or aux dernières nouvelles, confirmées par des agences spécialisées, Mahmoud Abbas aurait démenti l'avancée des négociations avec les autorités israéliennes et aurait même demandé que la Conférence Internationale sur le Proche Orient soit différée en raison du refus d’y participer de certains pays arabes et notamment de l’Arabie Saoudite …

D’un autre côté il déclare qu’il est prêt « à parvenir à un accord-cadre sur les questions d’un statut final et que le temps est venu de créer un Etat Palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale qui vivrait en paix et en sécurité aux côtés d’Israël pour qu’il soit mis fin aux souffrances endurées par notre peuple pendant des décennies. » Et d’ajouter « que la Conférence Internationale de novembre à laquelle devraient participer l’Egypte, la Jordanie, le Liban, l’Arabie Saoudite et la Syrie, donnera le coup d’envoi à de sérieuses négociations aboutissant à la fin de l’occupation israélienne de notre terre et des terres arabes depuis 1967. »

En d’autres termes la gabegie sur fond de cacophonie domine, par contradictions, affirmations et démentis interposés.

Le concert que l’on voudrait inharmonieux bascule à un rythme incohérent entre l’indécision et le doute …et avec en prime un flot de menaces et de provocations émanant d’Iran et de El Qaeda, ainsi que le « braquage » de missiles iraniens en direction d’Israël dont le Kadar d’une portée de 2000 kms et qui porte l’inscription « Mort à Israël »
Ce qui n’est pas sans rappeler une certaine Baie des Cochons…

Vous avez dit riposte ? Non je n’ai pas dit riposte !

Ehud Olmert, dont la position fragile et fragilisée par des contextes internes, bien que certains sondages le remettent en selle, déclare que ses relations avec le Président de l’Autorité Palestinienne sont bonnes, mais que les discussions avancent lentement « Et que nous sommes néanmoins décidés d’aller de l’avant dans le processus de paix avec les Palestiniens. »
Certes elles ne sont pas encore suffisantes mais elles ne sont pas non plus négligeables et peuvent constituer une sérieuse plate-forme lors de la dite conférence.

La présence de la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice au Proche Orient les 19 et 20 septembre derniers n’ a pas permis de réduire les divergences entre Palestiniens et Israéliens mais elle pense néanmoins « qu’un document commun pourra être établi qui pourrait permettre de définir les points de convergence auxquels les deux parties sont parvenues. »

Bref on annonce cette conférence, tout le monde la souhaite, tous en attendent des résultats, mais ni le lieu ni la date de sa tenue ne sont encore fixés.
Mille fois sur le métier ne faut-il pas remettre l’ouvrage ? …
Mais si le préposé à l’ouvrage est aux abonnés absents, alors l’indécision, le doute et les menaces aussi, planeront toujours et encore !



Pièces jointes:
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LA FAUTE DU PRESIDENT BOLLINGER - Ahmadinejad à Columbia, ou la seconde défaite de la pensée. - PAR MICHEL GURFINKIEL - 30 septembre 2007 -

Source : [michelgurfinkiel.com]

Mardi dernier, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad était l'invité spécial de Columbia, l'un des universités les plus prestigieuses des Etats-Unis. Cette visite peut surprendre. A deux titres.

Les Etats-Unis et l'Iran n'ont pas de relations diplomatiques depuis 1979. Chacun de ces deux pays désigne l'autre comme une entité hostile. Pour l'Iran, l'Amérique est « le Grand Satan » : l'ennemi absolu de l'islam. Pour les Etats-Unis, l'Iran actuel est un Etat totalitaire, entretenant ou couvrant des réseaux terroristes et en voie d'acquérir des armes de destruction massive. Dans un tel contexte, comment le président iranien pouvait-il se trouver sur le sol américain ?

La réponse est simple : techniquement, il ne s'y trouvait pas. Il ne faisait que participer, en tant que chef d'un Etat-membre, à l'Assemblée générale d'une Onu dont le siège se situe à New York. A ce titre, il bénéficiait d'une complète exterritorialité et donc d'une complète liberté de déplacement dans cette ville, pendant toute la durée de la session. Une situation paradoxale mais logique, dont d'autres chefs d'Etat considérés comme des ennemis des Etats-Unis ont déjà tiré parti dans le passé, notamment le Cubain Fidel Castro.

Ce qui est beaucoup plus étrange, c'est que Columbia, située également à New York, ait invité Ahmadinejad dans le cadre de son Forum international des Leaders. Pourquoi une université démocratique, se réclamant d'une haute conception des droits de l'homme et de la liberté intellectuelle, accorde-t-elle une telle faveur à un tel personnage ?

La règle du jeu était que le président de l'université poserait un certain nombre de questions au président iranien, puis que celui-ci répondrait en toute liberté. Lee C. Bollinger, le président de Columbia, n'a pas ménagé son interlocuteur. Il a dénoncé explicitement la politique de Téhéran et affirmé son dégoût pour le régime khomeiniste. Quant aux réponses d'Ahmadinejad ont souvent tourné à la provocation pure et simple.

En recevant le président iranien, Columbia aurait-elle donc contribué à le démasquer et donc à le déstabiliser ? La direction de l'université l'affirme. Sans dissiper tout à fait le malaise suscité par l'événement.

Lee C. Bollinger et la direction de l'université se sont comportés comme si c'était la confrontation des idées qui importait dans un tel débat. Mais Ahmadinejad savait que les idées ne comptaient pas. L'essentiel, de son point de vue, était qu'il soit vu à Columbia, qu'il y soit photographié, filmé, vidéographié. Pour les Iraniens, le monde musulman, un certain tiers-monde, une telle image signifie qu'il a déjà vaincu l'Occident. Pour les Occidentaux, qu'il est un interlocuteur valable, ou du moins qu'il pourrait l'être, et que cette possibilité, si infime soit-elle, interdit le recours éventuel à la guerre ou même à des sanctions renforcées…

Le fait même que Bollinger et Columbia n'aient pas vu le piège constitue d'ailleurs une seconde défaite pour la pensée libre, dont ils sont officiellement les défenseurs. Car enfin, de nombreux auteurs, à la suite de Serge Tchakhotine, ont analysé depuis quatre-vingts ans l'instrumentalisation de l'image par les régimes totalitaires. Et Marshall McLuhan, le philosophe canadien qui, dans les années 1960, a défini le monde moderne comme une société de communication généralisée, rappelait que « the massage is the message ». En français conventionnel : « Ce n'est pas le message qui compte, mais la façon dont il est véhiculé ».

Ces auteurs sont disponibles à la bibliothèque de Columbia. Les professeurs et les maîtres-assistants de cette université en ont entendu parler. Mais cela n'a servi à rien. La politologie et la science politique seraient-elles de vaines entreprises ? Sans doute - si elles ne s'appuient pas sur quelques principes éthiques – quelques instincts -, dont celui de ne jamais, jamais, parler avec les ennemis de la liberté et de la dignité humaine.
Sophie Marceau en Israël : "Ahmadinejad est fou, dangereux et mauvais"
30 septembre 2007, 15:11
Sophie Marceau en Israël : "Ahmadinejad est fou, dangereux et mauvais" - Par Infolive.tv - 30 septembre 2007 -

[www.infolive.tv]

L'actrice française Sophie Marceau se trouve en Israël ces derniers jours pour présenter son dernier film en tant que réalisatrice, "La disparue de Deauville", présenté dans la cadre du 23ème festival du film international de Haïfa. En exclusivité pour Infolive.tv, elle revient sur sa carrière, sur son film mais également sur l'actualité proche-orientale.
Les universitaires britanniques laissent tomber leur projet de Boycott d’Israel
29 septembre 2007, 14:23
Les universitaires britanniques laissent tomber leur projet de Boycott d’Israel - 29 septembre 2007 - Haaretz

Source : [www.desinfos.com]

The original paper in English at : [www.haaretz.com]

Un syndicat d’universitaires britanniques a laissé tomber vendredi les projets controversés de boycott des universités israéliennes, après qu’il ait été décidé que le boycott proposé serait illégal et ne pourrait pas être mis en application.


Le Syndicat des Universités et Collèges Universitaires de Grande-Bretagne (UCU) avait envisagé de cesser de financer les visites, les conférences et les publications communes avec des établissements israéliens.

En mai, le syndicat avait voté de promouvoir un boycott des établissements universitaires israéliens, en accusant les intellectuels israéliens de "cooperation avec l’occupation" des territoires palestiniens, qui, selon la motion, avaient refusé l’éducation aux Palestiniens.

La décision a été largement critiquée, y compris par l’ancien Premier Ministre britannique Tony Blair, les responsables d’universités au Royaume-Uni et par de nombreux universitaires nord-américains.
Depuis lors, l’UCU a cherché de nombreux conseils juridiques afin d’essayer de mettre en application la politique du congrès tout en protégeant la position des membres et du syndicat lui-même.

Ces conseils juridiques ont montré clairement que lancer un appel au boycott des établissements israéliens entrainait un risque sérieux de violer la législation Britannique contre la discrimination.
Le boycott proposé est également vu comme étant en dehors des objectifs et des fins de l’UCU.

La tournée des campus pour discuter du boycott a été également suspendue.

Le secrétaire général de l’UCU, Sally Hunt a indiqué : "Bien que l’UCU soit libre de débattre sur le pour ou contre de la politique israélienne, il ne peut pas dépenser les ressources de ses membres en cherchant à tester l’opinion sur quelque chose qui est en soi illégal et ne peut pas être mis en application."

Le ministre israélien des Affaires Etrangères Tzipi s’est félicité de la décision de l’UCU. Elle a déclaré : "La suspension du boycott imminent est une nouvelle importante pour le milieu universitaire israélien. Cela soutient la position internationale que limiter la liberté de parole dans le milieu universitaire est en soi une erreur."

Elle a également déclaré que :"Cela montre que des efforts communs peuvent contrecarrer un mouvement politique cynique destiné à saper la légitimité internationale d’Israel."

Livni a interrogé sa contre-partie britannique, David Miliband, sur la question lors d’une réunion vendredi. Livni a également interrogé Miliband sur un vide juridique qui permet aux officiers de sécurité israéliens d’être jugés devant les tribunaux britanniques.

Ophir Frenkel, directeur exécutif du comité consultatif international pour la liberté universitaire, un panel constitué par l’université de Bar Ilan afin de coordonner la campagne contre le boycott, s’est félicité de la décision de l’UCU.

Elle a déclaré : "L’UCU a finalement compris qu’un boycott universitaire n’est pas une mesure légitime de protestation politique."

En 2003, une proposition pour rompre les liens entre les universités britanniques et les institutions universitaires israéliennes a été mise en échec, mais deux ans après l’association des professeurs d’université britanniques - le prédécesseur de l’UCU - a voté le boycott des universités de Haïfa et de Bar Ilan. Cette décision a été annulée seulement un mois plus tard sous une pression internationale féroce.
Les efforts menés par les syndicats britanniques tels que l’UCU pour couper les liens avec Israel ont choqué les Israéliens, dont beaucoup accusent les groupes de viser injustement leur pays.

Les discussions sur le boycott ont également embarrassé le gouvernement britannique, qui a envoyé en juin son plus haut responsable de l’enseignement supérieur en Israel afin de montrer sa solidarité avec les universités israéliennes.

Les juifs aux Etats-Unis se sont levés d’un bond pour défendre Israel contre ses détracteurs britanniques.

L’Anti-Diffamation League basée à New York a diffusé des publicités dans les principaux journaux pour qualifier les motions d’anti-sémites, et le professeur de droit de l’université d’Harvard, Alan Dershowitz - un véhément partisan d’Israel - a même menacé de mettre en place un groupe d’avocats pour ruiner tout groupe qui appliquerait un boycott.
L’ambassade d’Israel à Londres a bien accueilli vendredi la déclaration de l’UCU.

"Ce n’est pas la première fois qu’un boycott est annulé" a déclaré le porte-parole de l’ambassade israélienne. "Nous espérons que ce sera la dernière fois."
Re: REVUE DE PRESSE - ARTICLES INTERESSANTS
01 octobre 2007, 00:06
La consultation par téléphone, une arme à double tranchant

Par Paul Benaïm et Gabriel Coatantiec pour Guysen International News

Dimanche 30 septembre 2007 à 23:27


Téléphoner à un médecin ou à un chirurgien pour un avis diagnostique ou thérapeutique est une démarche courante. Cet usage peut être bénéfique, voire salvateur, ou au contraire avoir des conséquences funestes. Forts d’une expérience de plusieurs décennies et à partir de quelques souvenirs édifiants, nous tenterons d’en dégager les enseignements. Nous en soulignerons les risques, pour le médecin qui engage sa responsabilité morale, pour le malade dont la vie est parfois mise en jeu.


N’est-il pas naturel de prendre contact avec son médecin et de l’interroger à la suite d’un événement imprévu ou de l’informer de l’évolution d’une maladie , de lui demander conseil à propos d’un enfant fébrile ou de tout autre désordre ? Ce sont là des démarches inscrites dans nos habitudes.
N’est-il pas normal qu’un médecin interroge un confrère à propos de son propre cas ou de celui d’un de ses proches ? Que l’ interne de garde d’un service hospitalier demande l’avis d’ un « senior » , qui ne se déplacera que s’il l’estime nécessaire ? Il s’agit là plutôt d’une concertation entre praticiens, mais, dans un cas comme dans l’autre, il est évident qu’une conversation téléphonique ne peut avoir la valeur d’un contact direct entre le médecin et le malade : consultation et concertation téléphoniques peuvent conduire à des décisions heureuses ou inappropriées.
Quelques exemples illustreront notre propos .

Une plaie qui ne cicatrise pas

Le professeur agrégé Bour… est un éminent chirurgien spécialisé en chirurgie infantile. C’est à lui que l’un de nous téléphone : au cours d’un séjour à la montagne, son fils aîné a commis l’imprudence de marcher pieds nus sur un parquet de chêne : une écharde s’est enchâssée dans sa plante. Un médecin a retiré le corps étranger, mais la plaie n’a pas cicatrisé. Réponse lapidaire du chirurgien : « Amène-moi l’enfant demain à (l’hôpital) Bretonneau pour que je retire son écharde. » « Mais cela a déjà été fait ! » Et notre chirurgien d’insister. Le lendemain, sous anesthésie locale, il pratiquait l’extraction d’une écharde longue de 5 à 6 centimètres. A l’évidence, le premier praticien n’en avait ôté qu’un fragment. Pour le professeur Bour…, le défaut de cicatrisation d’une plaie chez un enfant est presque toujours le témoin de la présence dans les tissus d’un corps étranger ; il avait vu clair avant même d’examiner le jeune blessé.
La seule description des symptômes permet parfois à un praticien averti d’en déduire des conclusions pertinentes.

Un 14 juillet au bord de la mer

Monsieur P... a été opéré d’un adénome prostatique 4 mois auparavant. Le jour de la fête nationale, alors qu’il séjourne dans une station balnéaire, il présente les signes caractéristiques d’une orchite aiguë (inflammation d’un testicule). Il lui est conseillé de consulter sans tarder un urologue, mais le Centre Hospitalo-Universitaire le plus proche est à 30 km. Par bonheur monsieur P. dispose du numéro du portable du docteur R.C. , le chirurgien qui l’a opéré : il s’agit d’une complication tardive de l’intervention, au mécanisme bien établi, relevant d’un traitement efficace ; l’urologue en précise les modalités et, grâce à ce simple coup de fil, l’évolution sera rapidement favorable .
Moralité : notez et gardez précieusement avec vous le numéro du mobile de votre médecin et de votre chirurgien ; ces praticiens ne devraient éteindre leurs portables que s’ils y sont expressément obligés.

L’ exemple suivant montre à l’inverse les dangers d’une prescription fondée sur des données erronées.

Une ordonnance d’antibiotiques pour une « cystite »

L’histoire est incroyable mais vraie. Elle nous a été rapportée par une collègue anesthésiste. Un ami lui demande l’envoi par fax d’une prescription d’antibiotiques pour sa jeune épouse présentant une cystite ; mais les symptômes décrits apparaissent peu convaincants et notre consoeur suggère d’appeler un urgentiste. Longues palabres. De guerre lasse, elle accepte d’envoyer la prescription, contre la promesse que la jeune femme se rendra aux urgences de l’hôpital voisin dès la fin de sa journée de travail. Cette promesse ne sera pas tenue . Peu de temps après, ledit ami téléphone à l’anesthésiste : « ta cystite était en réalité une grossesse extra-utérine ! »
Moralité : s’il a un doute, le médecin ne doit pas céder aux injonctions de son correspondant et ce dernier ne s’étonnera pas d’un refus de conseils ou prescriptions téléphoniques, il ’ interprétera ce refus comme une preuve de rigueur professionnelle.

Juger du degré d’urgence

L’une des difficultés du conseil médical téléphonique est de juger de la gravité de la situation. On connaît ce type d’information : « Je vous appelle pour vous tenir au courant, mais ce n’est pas la peine de vous déranger. Monsieur Dupont ne dort pas bien. Il se sent oppressé et anxieux . Il voudrait un somnifère. Est-ce que je peux le lui donner ? » S’agit-il d’un simple état d’anxiété ou d’une authentique crise d’étouffement ? Pour trancher, le médecin doit impérativement se rendre auprès du malade .
Un exemple typique de la difficulté du diagnostic de gravité au téléphone est la régulation au centre 15 et au SAMU. C’est là une véritable médecine téléphonique, très bien codifiée où des questions précises sont posées aux interlocuteurs : « Respire-t-il ? Est-il conscient ? », pour pouvoir, dans les cas bénins suggérer l’appel du médecin de garde ou, dans les cas graves, envoyer un camion de réanimation. Mais le risque d’erreur demeure et la presse rapporte régulièrement des cas tragiques où les secours ne sont pas arrivés à temps du fait d’une mauvaise interprétation téléphonique. Aussi chez les pompiers et au SAMU les appels sont-ils tous enregistrés.
On doit citer enfin le rôle-clé des secrétaires médicales, notamment dans les prises de rendez- vous et le filtrage des appels : elles doivent juger du caractère d’urgence en s’enquérant des symptômes présentés, et dans certains cas elles précipitent le rendez-vous d’un patient qui ne s’était guère alarmé de manifestations peu bruyantes, témoignant en réalité d’une situation grave ou potentiellement grave. C’est ce que nous appelons les « urgences masquées », que nos secrétaires doivent apprendre à suspecter.

Une employée très performante

Maître S . avocat : « je suis bien chez le docteur B. cardiologue? Je désire prendre rendez-vous » Estelle, employée du docteur B. : « est-ce urgent ? »
Maître S. : « Je ne crois pas, j’ai eu ce matin une petite douleur au milieu de la poitrine en montant les escaliers du palais ; elle a cessé dès que je me suis arrêté. Un rendez-vous la semaine prochaine me conviendrait.
Estelle (après quelques instants) : « Le docteur vous demande de venir le consulter dés ce soir. » Et le soir-même maître S. était admis à l’hôpital Lariboisière dans le service des soins intensifs de cardiologie avec le diagnostic présumé de menace d’infarctus du myocarde, puis faisait l’objet d’une coronarographie suivie d’une angioplastie (dilatation) de l’artère inter-ventriculaire antérieure, familièrement appelée « l’artère de la vie ».

Un paramètre fondamental, la fiabilité des interlocuteurs

L’efficacité de la consultation téléphonique dépend beaucoup de la fiabilité des interlocuteurs.
On connaît ce genre d’appel équivoque : « je voudrais que vous veniez le plus tôt possible, je le trouve fatigué » , ou encore « je ne le trouve pas très bien. » Le témoin non-professionnel de santé peut confondre sommeil et coma, malaise bénin et syncope grave .
Ainsi, l’entourage d’un patient avait demandé une visite à domicile, sans urgence particulière, pour un supposé état d’ébriété. A l’arrivée du médecin, la prise du pouls et l’électrocardiogramme (ECG) montrent qu’il s’agissait en fait d’un « état de mal syncopal » causé par le ralentissement extrême du rythme cardiaque (10 à 20 battements par minute) avec, par intermittence, des pauses cardiaques, ce que l’on appelle un « bloc auriculo-ventriculaire complet » , ayant nécessité un transport en hélicoptère et la pose immédiate d’un stimulateur cardiaque.
A l’opposé, quand l’interlocuteur est une infirmière ou un médecin, on peut obtenir des précisions sur la topographie d’une douleur, la chronologie des symptômes, les antécédents… ainsi que des mesures de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, autant d’éléments qui facilitent grandement l’interprétation des manifestations présentées.

Qui est responsable aux yeux de la loi ?

Deux hôpitaux distants de trente kilomètres envisagent une garde commune de cardiologie couvrant les deux établissements. Les assureurs consultés déconseillent formellement cette organisation, séduisante sur le papier, mais n’offrant qu’une sécurité illusoire. En effet, le praticien de garde ne pourra pas être présent simultanément sur les deux sites et sera amené à faire des prescriptions par téléphone. Cette pratique très ancienne est maintenant interdite dans les hôpitaux .
La consultation téléphonique est l’une des premières applications de la consultation à distance qui se développe avec les nouvelles technologies allant du téléphone portable à internet :
- c’est le cas du fax : « Je te faxe un ECG, dis-moi ce que tu en penses. » Mais l’ECG n’est pas tout et doit être interprété en fonction des données cliniques. Un ECG normal entre les crises douloureuses n’exclut pas une angine de poitrine qui est un diagnostic d’interrogatoire et des atypies électriques peuvent simuler un tracé pathologique;
- c’est le cas de la transmission des radios, des enregistrements Holter, scanners et échos à un centre de diagnostic d’imagerie : c’est la « télé-médecine » ou « médecine en réseau », mais ces examens sont souvent « opérateur-dépendants » et difficiles à interpréter en dehors du contexte clinique.
En fin de compte, seule la présence effective du médecin permet de recueillir les éléments de base du diagnostic, tels le pouls radial, l’auscultation du coeur et des poumons, la couleur des ongles, la coloration des conjonctives, la souplesse de l’abdomen, la dilatation des veines du cou ou l’œdème des chevilles…
Le principal responsable aux yeux de la loi est le médecin physiquement présent ; lui seul a eu la possibilité d’ examiner le patient. Pour éviter toute erreur d’interprétation téléphonique ou de transcription, le médecin doit se rendre auprès du patient, écrire lui-même, dater et signer sa prescription.

Un outil précieux à manier avec précaution

Le téléphone à des fins médicales est un outil qui doit être manié avec circonspection. Ainsi, le recours à un médicament sans tenir compte de la prise concomitante d’un autre produit, alors que leur association, formellement contre-indiquée, expose à des troubles graves, parfois mortels. La liste de ces incompatibilités est longue, et certaines sont insoupçonnables, à telle enseigne qu’il est vivement recommandé aux médecins de consulter le dictionnaire Vidal avant l’ajout d’un médicament au traitement antérieurement prescrit. Cette précaution est trop souvent négligée dans le cabinet du praticien ; elle l’est plus souvent encore au cours d’une consultation téléphonique.
On peut trouver dans l’utilisation du téléphone à des fins médicales le meilleur et le pire. A chacun de s’appliquer à optimiser la pratique de ce mode de communication .


Paul Benaïm (Paris) et Gabriel Coatantiec (Fougères) sont cardiologues, anciens internes des hôpitaux de Paris.


Légendes des illustrations

1- L’un des premiers appareils téléphoniques
2- Qui sont ces deux hommes ?
Ces messieurs à la barbe blanche ne sont pas des médecins mais deux ingénieurs célèbres : il s’agit d’Alexander Graham Bell (1847-1922), américain d’origine écossaise, généralement considéré comme l’inventeur du téléphone et d’Antonio Meucci (1808-1896), italo-américain, à qui des historiens dignes de foi attribuent la véritable paternité de l’invention.
La première communication téléphonique aurait eu lieu en 1876, entre 2 interlocuteurs séparés par un simple mur. Depuis, le téléphone a fait son chemin.
Médecins et malades doivent à Alexander Graham Bell et/ou à Antonio Meucci une fière chandelle !



Pièces jointes:
Med.jpg
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