Le point de vue de Wafa Sultan (Aafaq.org)
Gaza, ou l’hypocrisie inégalée
dimanche 11 janvier 2009 - 22h51, Beyrouth
(www.mediarab.info)
La célèbre sociologue d’origine syrienne, Wafa Sultan, vient de publier l’un des points de vue
le plus cinglants concernant la situation à Gaza. Elle plonge aux origines de l’islam pour
expliquer le conflit entre deux conceptions diamétralement opposées : la culture de la vie
contre la culture de la mort et du martyre. Elle s’appuie sur des exemples de l’histoire récente
pour dénoncer une religion, une culture et une idéologie barbares...
En voici les extraits les
plus significatifs, traduits par Chawki Freïha.
.
(…) Puisqu’il m’importe peu de satisfaire les uns, de défendre les autres
ou d’éviter la colère des troisièmes, je peux dire que le Hamas n’est qu’une sécrétion
islamique terroriste dont le comportement irresponsable à l’égard de sa population l’empêche
de se hisser au niveau du gouvernement. Mais ceci est conforme à l’habitiude, puisque, à
travers l’histoire de l’islam, jamais une bande de criminels islamistes n’a respecté ses
adminsitrés.
(...) Je ne prétends pas défendre Israël, puisque les Juifs ne m’ont pas demandé
mon avis quant à leur terre promise. S’ils me demandent mon avis, je leur conseille de brûler
leurs livres sacrés et de quitter la région et de sauver leur peau. Car les musulmans constituent
une nation rigide exempte de cerveau. Et c’est contagieux. Tous ceux qui les fréquentent
perdent la cervelle…
Avant la création de l’Etat d’Israël, l’histoire n’a jamais mentionné une guerre impliquant les
Juifs, ni qu’un Juif ait commandé une armée ou mené une conquête. Mais les musulmans sont
des combattants, des conquérants et leur histoire ne manque pas d’exemples et de récits de
conquêtes, de morts, de tueries, de razzias… Pour les musulmans, tuer est un loisir. Et s’ils ne
trouvent pas un ennemi à tuer, ils s’entretuent entre eux.
Il est impossible pour une nation qui éduque ses enfants sur la mort et le martyre, pour plaire à
son créateur, d’enseigner en même temps l’amour de la vie. La vie a-t-elle une valeur pour
une société qui inculque à ses enfants qu’ils doivent tuer ou être tués pour aller au Paradis ?
(…) Depuis le début de l’opération israélienne contre Gaza, je suis bombardée de courriers
électroniques venant de lecteurs musulmans qui me demandent mon avis sur ce qui se déroule
à Gaza. Je ne suis pas concernée par ce qui s’y passe, mais je suis intéressée par les
motivations qui animent ceux qui m’écrivent. Je suis convaincue que ce qui les motive n’est
pas la condamnation de l’horreur, ni la condamnation de la mort qui sévit à Gaza. Car, si la
motivation était réellement la condamnation de la mort, ces mêmes lecteurs se seraient
manifestés à d’autres occasions où la vie était menacée.
Ceux qui condamnent le massacre de Gaza, par défense de la vie en tant de valeur, doivent
m’interroger sur mon avis à chaque fois que cette vie-valeur était menacée. Plus de 200.000
musulmans Algériens ont été massacrés par d’autres musulmans Algériens ces quinze
dernières années, sans qu’aucun musulman ne s’en émeuve. Des femmes Algériennes violées
par les islamistes ont témoigné et raconté que leurs violeurs priaient Allah et imploraient son
Prophète avant qu’ils ne violent leurs victimes. Mais personne ne m’a demandé mon avis.
Plus de 20.000 citoyens syriens musulmans avaient été massacrés par les autorités (Hamas en
1983) sans qu’aucun musulman ne réagisse et sans qu’aucun ne me demande mon avis sur ces
massacres étatiques. Des musulmans se sont fait exploser dans des hôtels jordaniens tuant des
musulmans innocents qui célébraient des mariages, symboles de la vie-valeur, sans qu’aucune
manifestation ne soit organisée à travers le monde, et sans qu’on ne me demande mon avis.
En Egypte, des islamistes ont récemment attaqué un village copte et ont massacré 21 paysans,
sans qu’un seul musulman ne dénonce ce crime. Saddam Hussein a enterré vivant plus de
300.000 chiites et kurdes, et en a gazé beaucoup plus, sans qu’un seul musulman n’ose réagir
et dénoncer ces crimes.
Au plus fort des bombardements de Gaza, une femme musulmane, fidèle et pieuse, s’est fait
exploser en Irak dans une mosquée chiite, tuant une trentaine d’innocents, sans que les médias
ou les musulmans ne s’en émeuvent. Il y a quelques mois, le Hamas avait aussi tué onze
personnes d’une même famille palestinienne, accusés d’appartenir au Fatah, sans que des
manifestations ne soient organisées en Europe ou dans le monde arabe, et sans qu’aucun
lecteur ne m’écrive et ne m’envoie ses protestations.
Ainsi, la vie n’a pas de valeur pour le musulman. Sinon, il aurait dénoncé toute atteinte à la
vie, quelle qu’en soit la victime. Les Palestiniens et leurs soutiens dénoncent les massacres de
Gaza, non pas par amour de la vie, mais pour dénoncer l’identité des tueurs. Si le tueur était
musulman, appartenant au Hamas ou au Fatah, aucune manifestation n’aurait eu lieu.
(…) CNN a diffusé un documentaire sur Gaza montrant une femme palestinienne qui se
lamente et crie : mais qu’on fait nos enfants pour être tués comme ça ? Mais qui sait. Peut-être
qu’il s’agit de la même palestinienne qui se réjouissait il y a deux ans quand l’un de ses fils
s’était fait exploser dans un restaurant de Tel-Aviv et qui disait souhaiter que ses autres
enfants suivent le même exemple et devenir martyrs.
Mais quand l’idéologie et l’endoctrinement sont d’une telle bassesse, il devient normal que
cette palestinienne perde toute valeur à la vie. Sinon, elle pleurerait ses enfants de la même
façon qu’ils se tuent dans un attentat suicide à Tel-Aviv ou sous les bombes israéliennes. Car,
la mort est la même qu’elle qu’en soient les circonstances, et elle demeure rejetée, et au
contraire, la vie mérite d’être vécue et pleurée.
Dans ce cas, comment puis-je me solidariser avec une femme qui lance les youyous de
jouissance quand l’un de ses enfants se fait exploser contre les juifs, et elle pleure quand les
juifs tuent ses autres enfants ? Mais l’idéologie enseigne aux musulmans que tuer ou être tué
permet au fidèle de gagner le paradis. Dans ce cas, pourquoi pleurer les Gazaouis alors qu’ils
n’ont pas bougé le petit doigt pour les Irakiens, les Algériens, les Egyptiens ou les Syriens
pourtant musulmans ?
(…) Après ce qui précède, je suis certaine que ceux qui m’écrivent et me demandent mon avis
sur ce qui se passe à Gaza cherchent à me faire dire ce qu’ils peuvent utiliser pour
m’incriminer et me condamner, ou pour me faire dire ce qu’ils ne peuvent exprimer euxmêmes.
(…) Borhane, un jeune palestinien de 14 ans, a perdu il y a une dizaine d’années ses bras, ses
jambes et la vue dans l’explosion d’une mine en Cisjordanie. La communauté palestinienne
aux Etats-Unis s’est mobilisée pour lui venir en aide et financer son hospitalisation dans
l’espoir de sauver ce qui pouvait l’être. Lors d’un diner de bienfaisance organisé à son profit
en Californie, la plus riche palestinienne des Etats-Unis s’est présenté en grande fourrure, et a
qualifié Borhane de héros. Elle s’est adressée à ce bout de chair immobile et inerte : Borhane,
tu es notre héros. Le pays a besoin de toi. Tu dois retourner dans le pays pour empêcher les
Sionistes de le confisquer… Mais l’hypocrisie de la palestinienne la plus riche des Etats-Unis
l’empêche d’envoyer ses propres enfants défendre la Palestine contre les Sionistes.
Exactement à l’image des chefs du Hamas qui demandent les sacrifices à Gaza, mais restent à
l’abri à Damas et à Beyrouth.
(…) La guerre contre Gaza est certes une horreur. Mais elle a le mérite de dévoiler une
hypocrisie inégalé dans l’histoire récente de l’humanité. Une hypocrisie qui distingue les
Frères Musulmans syriens qui annoncent abandonner leurs activités d’opposition, pour
resserrer les rangs contre les sionistes. Mais ces Frères musulmans ont-ils le droit d’oublier les
crimes du régime commis contre les leurs à Hama, Homs et Alep ? Avant de se réconcilier
avec le régime pour lutter contre les sionistes, ces Frères musulmans ont-ils dénoncé les
crimes commis par leurs alliés et partenaires (dans la confrérie) en Algérie et en Irak ? Ont-ils
dénoncé la mort de centaines de milliers de chiites en Irak sur le pont des oulémas à Bagdad,
pulvérisé par l’un des vôtres conformément aux enseignements de votre religion de la paix et
de la miséricorde ? Avez-vous une seule fois dénoncé les exactions contre les chrétiens en
Irak ? Ou contre les coptes en Egypte ? Votre hypocrisie nous empêche de croire vos
sentiments à l’égard des enfants de Gaza, puisque vous êtes responsables du pire.
(…) Essayons d’imaginer ce que le Hamas aurait fait du Fatah, et des autres, s’il possédait la
technologie et les armes d’Israël ? Essayons d’imaginer ce que l’Iran aurait fait des sunnites
de la région, s’il détenait les armes modernes que possède Israël ? Ce serait sans doute le
massacre garanti.
(…) J’ai récemment rencontré un religieux hindou en marge d’une conférence consacrée à la
guerre contre le terrorisme. Il m’a dit : « toutes les guerres se sont déroulées entre le bien et le
mal. Sauf la prochaine, elle doit se dérouler entre le mal et le mal ». N’ayant pas compris ses
propos, je lui ai demandé des explications. Il m’a dit : « Je suis contre la présence américaine
en Irak et en Afghanistan. Si les Etats-Unis veulent gagner la guerre contre les islamistes, ils
doivent se retirer et laisser les deux pôles du mal s’entretuer. Les sunnites et les chiites étant
nourris sur la haine, vont se battre et se neutraliser ».
Tirant la conclusion de ces mots remplis de sagesse, on peut dire qu’Israël contribue
aujourd’hui, inconsciemment, au succès de l’islam. En s’attaquant à Gaza, Israël pousse les
musulmans à se solidariser et à surpasser leurs divergences. Et septembre noir en Jordanie est
encore dans tous les esprits (…). Les exactions dont sont capables les arabes et les musulmans
dépassent toute imagination. Un char jordanien avait écrasé un palestinien, puis le conducteur
du char est descendu de son blindé et a bourré la bouche de sa victime avec un journal… Un
comportement qu’aucun militaire israélien n’a eu à Gaza. Aussi, pendant les massacres de
Hama en Syrie, des militants des Frères musulmans trempaient leurs mains dans le sang des
victimes pour écrire sur les murs : Allah Akbar, gloire à l’islam. Je n’ai jamais entendu qu’un
juif ait écrit avec le sang d’un autre juif des slogans à la gloire du judaïsme. Je le dis avec un
pincement au coeur : pour sauver l’humanité du terrorisme, il faut que le monde libre se retire
et qu’il laisse les musulmans s’entretuer.
(…) Je me souviens quand j’étais étudiante à l’université d’Alep, et quand l’ancien ministre
syrien de la Défense Mustapha Tlass était venu nous rencontrer. Dans un élan d’hypocrisie,
Tlass nous avait dit qu’« Israël craint la mort et la perte d’un de ses soldats lui fait peur et mal.
Mais nous, nous avons beaucoup d’hommes et nos hommes ne craignent pas la mort ». Là
réside la différence entre les deux conceptions et les deux camps, et le témoignage de Tlass
semble avoir inspiré les dirigeants du Hamas aujourd’hui.
Ainsi, l’extermination de tous les enfants de Gaza importe peu aux dirigeants islamistes et du
Hamas, la vie n’ayant aucune valeur pour eux. Ils se réjouissent simplement de la mort de
quelques soldats israéliens. Pour les islamistes, l’objectif de la vie est de tuer ou de se faire
tuer pour gagner le paradis. La vie n’a donc aucune valeur.
(…) Si le Prophète Mohammed savait que le Juif allait voler un jour à bord des F-16, il
n’aurait pas commandé à ses disciples de tuer les juifs jusqu’au jour dernier. Mais ses
disciples doivent modifier cette idéologie par pitié pour les générations futures, et pour sauver
leur descendance et lui préparer une vie meilleure, loin de l’idéologisation de la mort.
Les musulmans doivent commencer par se changer, pour prétendre changer la vie. Ils doivent
rejeter la culture de la mort enseignée et véhiculée par leurs livres. C’est seulement quand ils
y parviendront qu’ils n’auront plus d’ennemis. Car, celui qui apprend à aimer son fils plus
qu’à haïr son ennemi appréciera mieux la vie. Aussi, jamais la terre ne vaut la vie des
personnes, et les Arabes sont le peuple qui a le moins besoin de la terre. Mais
paradoxalement, c’est le peuple qui déteste le plus la vie. Quand est-ce que les Arabes
comprendront-ils cette équation et commenceront-ils à aimer la vie ?
Traduction de Chawki Freïha