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«Mohamed a offert son âme pour son pays, il ne faut pas en faire quelque chose de mercantile»

 

«Mohamed a offert son âme pour son pays, il ne faut pas en faire quelque chose de mercantile»

TUNISIE - La famille de Mohamed Bouazizi tente d'éviter par tous les moyens que le nom de leur défunt ne soit utilisé à tort et à travers...

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a annoncé vendredi dernier son intention de donner à un lieu parisien le nom de Mohamed Bouazizi, le jeune Tunisien dont l’immolation a déclenché la vague de manifestations ayant abouti à la chute du régime Ben Ali. Une façon de lui «rendre hommage», selon le maire de la capitale.

La famille de Mohamed Bouazizi, par la voix d’un de ses cousins, Chamseddine Lachhab,  et de son frère Salem, a indiqué à 20minutes.fr qu’elle se sentait «honorée par le geste». Cependant, elle déplore que personne de la Mairie de Paris ne les ait contactés pour leur demander la permision d’utiliser le nom de leur défunt. Leur plus grande crainte: que son nom soit récupéré à des fins politiques, ou pour un quelconque profit que ce soit.

«Ce qui est arrivé à Mohamed ne doit pas bénéficier à un parti»

«On ne veut pas que ce soit récupéré, alors on ne laisse à personne la possibilité d’essayer de profiter de nous», indique Salem Bouazizi. Pourtant, des représentants de partis politiques sont déjà venus pour tenter de s’adjoindre ses services. Il les a remerciés. «Je n’y connais rien en politique, je ne sais même pas quels partis ils représentaient», explique-t-il.

«Ce qui est arrivé à Mohamed ne doit pas bénéficier à un parti, à un homme politique pour récolter des voix», reprend Chamseddine, le cousin, qui rappelle que «Ben Ali a déjà tenté de le faire lorsqu’il est venu à son chevet» pour calmer l’opinion publique tunisienne, le 28 décembre dernier.

«Je ne veux pas que les gens profitent de mon frère»

«Mohamed a offert son âme pour son pays, il ne faut pas en faire quelque chose de mercantile», martèle Salem. «Je ne veux pas que les gens profitent, de quelque manière que ce soit, de mon frère.» Il souligne encore qu’il ne veut « surtout pas que des gens se fassent de l’argent» sur le dos de son frère. «Je ne veux pas voir son nom sur des t-shirts ou sur un parasol, par exemple.»

Salem a même refusé de vendre la charrette avec laquelle son frère vendait ses fruits et légumes. Il affirme qu’il «ne la lâchera pas». Il se dit prêt à l’emmener à Tunis pour l’exposer, pour que tout le monde puisse voir ce symbole de la Révolution de Jasmin, mais affirme qu’il la ramènera avec lui, à Sidi Bouzid.

Bérénice Dubuc 

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