Crise politique en Tunisie
Anna Mahjar-Barducci et R. Sosnow
La Tunisie traverse actuellement une crise politique et économique. Selon l´économiste tunisien Dr Hedi Sraieb, l’[Assemblée] constituante en est au point mort et le gouvernement se trouve dans une impasse. Sans véritable solution politique, c´est-à-dire en l´absence de compromis, il estime le pays risque de sombrer dans une spirale de violence incontrôlable. [1]Depuis l’assassinat du député Mohamed Brahmi, fondateur et ancien dirigeant du Mouvement populaire de gauche, le 25 juillet 2013, la vie politique est paralysée et aucun compromis n’est en vue.
Pour mettre fin à la crise, l’opposition voudrait destituer le gouvernement dirigé par le Premier ministre Ali Larayedh. Ce n´est pas la première fois qu’elle exige la révocation du gouvernement et de la coalition de la troïka, qui comprend le parti islamiste Ennahdha, le parti du Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol. Elle avait fait de même en février 2013. Après l´assassinat ce même mois du dirigeant politique tunisien Chokri Belaid [2], le gouvernement s’est vu contraint de démissionner. Pourtant, ni Ennahdha, ni les autres partis de la troïka n’ont renoncé au pouvoir.
Le 5 octobre 2013, le parti islamiste dominant Ennahdha et l´opposition ont signé une feuille de route pour sortir de la crise. Parrainée par quatre organisations civiles, elle stipulait la mise en place d´un gouvernement de technocrates indépendants dans les trois semaines, après l’amorce d’un dialogue avec les partis d´opposition. Pourtant, si Ennahdha et Ettakatol ont signé l´accord, le CPR, cofondé par le président tunisien Moncef Marzouki, a pour l’heure refusé de les imiter.
Le 23 octobre 2013, deux années exactement s´étaient écoulées depuis les premières élections libres en Tunisie, depuis que la troïka, censée former un gouvernement de transition, était arrivée au pouvoir. Son maintien au pouvoir au-delà de cette date est considéré par l´opposition comme illégal. Plus tôt ce mois-ci, le dialogue national, lancé après la signature de la feuille de route, s´était soldé par un échec.
Ci-dessous une analyse de la crise politique actuelle en Tunisie, qui a mené à l´échec du dialogue national, à un moment où le pays est également en proie à la violence djihadiste. Le 30 octobre 2013, les villes tunisiennes de Sousse et de Monastir ont été prises pour cibles par deux terroristes-suicides dans la même journée. Selon les rapports d’Al-Arabiya.net [3], un Tunisien de 22 ans s´est fait exploser devant un hôtel quatre étoiles à la station balnéaire de Sousse, à environ 140 kilomètres de Tunis. Puis un jeune Tunisien de 18 ans a été surpris alors qu’il tentait de déclencher une bombe mal dissimulée sous sa veste, au mausolée du premier président tunisien Habib Bourguiba, réputé pour ses vues laïques, dans la ville balnéaire de Monastir, à environ 25 kilomètres de Sousse. Fin juillet 2013, le président tunisien Moncef Marzouki annonçait trois jours de deuil en hommage à huit soldats tués par des djihadistes dans une embuscade près de la frontière algérienne, dans ce qui semblerait être l’une des plus importantes attaques contre les forces de sécurité du pays depuis des décennies.
Notes :
[1] Kapitalis (Tunisie), 23 août 2013
[2] Voir Enquêtes et analyses - No. 932 – 13 février 2013,
Assassinat du chef politique tunisien Chokri : pour les médias tunisiens, le gouvernement est responsable
[3] Al-Arabiya.net, 8 novembre 2013
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