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Dimanche avec l’UUJJ en Tunisie - L’Union Universelle de la Jeunesse Juive

 

 Dimanche avec l’UUJJ

 J’ai bientôt 54 ans, et j’ai quitté Tunis, comme beaucoup de jeunes de la communauté juive, à l’obtention de mon bac, pour poursuivre mes études. Vu le contexte à cette époque, on considérait ce départ comme définitif, puisque après la fin des études, l’entrée dans la vie active ne se concevait qu’en France.

  Donc, à l’époque de mes 8-9 ans,  quand on habite au 106, Avenue de Paris, presque en face de la Grande Synagogue, qu’on est un peu livré à soi-même, le vent, les copains, les relations vous ‘’obligent ’’ à passer, à vous arrêter, à voir,  et finalement à entrer dans ce local de la Rue Courbet. La porte est toujours ouverte. Selon l’heure, il y a toujours 8 ou 10 jeunes de tous âges qui sont là parce qu’ils y sont bien. La table de ping-pong s’offre pour une partie…Il y a aussi quelques damiers d’échecs, de dames, des dominos, des jeux de l’oie, des grandes tables et des bancs…

   Et puis, il y a le dimanche. Quel  bonheur, ce Dimanche avec l’UUJJ !

   Il faut comprendre le contexte. A l’époque, la voiture était encore un luxe !Mon oncle Elio, le père de mon cousin Bernard, travaillait chez Simca et avait une auto !Il arrivait  qu’occasionnellement on participe à la traditionnelle promenade Tunis-Goulette-Marsa. Mais  mon père, lui, n’avait pas d’auto !Il n’avait même pas son permis !Oui, il y avait bien les occasions d’aller à la plage. Nous, c’était l’Aéroport notre coin de paradis marin. Mais c’était pas simple !D’abord, il fallait que ma mère se lève tôt, parce que c’est son entrée dans la cuisine qui déclenchait le compte à rebours pour la plage !Il fallait qu’elle prépare le repas qu’on amènerait avec nous. Il fallait que pendant ce temps, mon père fasse d’abords les courses, avec ses 2 couffins, chez l’épicier d’en bas, M. Chemouni, puis qu’il redescende faire un tour pour voir son ami et boucher Sousou (aidé du jeune Dédé),puis qu’il emmène ses 2 couffins au marché.(Nous, c’était le Bahri. Il y avait bien le marché Lafayette qui était plus près, mais non !Rue Danrémond, Rue Durand-Claye et on arrive enfin au Barhi).Quand en été, on tombait sur un gros tas de grosses pastèques italiennes en forme de cigare jetées sur le trottoir, c’était sur l’épaule de mon grand frère Yvan, mon aîné de 5 ans, que l’une d’elles réintégrait la maison.7 à 8 kilos, pas moins !Moi j’avais droit au melon.(Le melon de Béja, la ville natale de mon père, était le préféré).Retour donc à la maison, on vide les couffins et on range les légumes dans le Frigidaire(le vrai !) ;Le temps de charger le repas encore chaud, dans sa marmite, et dans le couffin(toujours le même),on enfilait nos maillots, on prenait le seau la pelle, le râteau, la chambre à air(mon père avait trouvé celle d’un camion, c’était plus grand !) qui servait de bouée, les chapeaux, et on partait!

   Mais on était pas encore arrivés! Il y avait les embouteillages del’époque !Imaginez !

   A la station de tram la plus proche, celle face à la synagogue, on attendait le N°5 ou le 6.Celui-ci nous amenait à la gare du T.G.M. (Tunis-Goulette-Marsa).Ensuite, et après avoir fait la queue pour acheter les billets, on attendait que le train arrive. Puis, dans la cohue, il fallait grimper et essayer de chopper des places assises !Quand on en avait 2, on était contents de les céder à Papa-Maman. Le voyage était une promenade. Penchés à la fenêtre du train, on traversait le lac de Tunis sur une étroite bande de terre toute droite, longue de 12 Km qui longeait d’un coté  la route, et de l’autre, le canal où souvent on y voyait des gros bateaux  remplis de passagers venants ou allant en France. Descente du train, comme je l’ai déjà dit, station l’Aéroport. Pour finir, il restait juste un petit trajet d’un quart d’heure à pied, à parcourir sous un soleil de plomb, car à ce stade, il était au moins 1 heure de l’après-midi !

   Une fois les plaisirs de la mer appréciés, je passe sur les détails du retour, après une bonne insolation  qui nous donnait l’air d’écrevisses, pleins d’iode ,de sel, et de sable dans tous les replis de la peau, il fallait faire le chemin du retour, le même qu’à l’aller, avec 3 fois plus de monde qui veut trouver une place dans le mythique T.G.M. !

   Bref, comme je disais, le dimanche, c’était le bonheur !

   Pourquoi ?

   Mais parce que, le dimanche, il y avait les sorties avec l’UUJJ !

   Mais ça se préparait, ces sorties !

   Il fallait remplir pas mal de con-di-tions !

  D’abord, il fallait convaincre Maman pour aller ‘’Aux Galeries Simon’’. Ce grand magasin de l’Avenue de France était  le magasin habilleur officiel de l’UUJJ. C’était le seul magasin compétent à prendre les mesures et créer le short, le blouson en gabardine épaisse bleue-marine, pour fournir l’écharpe triangulaire bleu israélien bordé de blanc ainsi que l’anneau de cuir tressé pour nouer l’écharpe !Les chaussettes longues étaient de rigueur, ainsi que le béret basque. Le tailleur, et patron de la maison, portait la même tenue le dimanche , puisqu’il était Eclaireur (Entre 13 et 23 ans !) Délai de livraison, au moins 15 jours ! A mon âge, c’était une éternité ! Pour les chaussures, il n’y avait pas de sponsor officiel. On pouvait aller se chausser chez Chaouat  (Les pieds dans l’ouate !)

   Ensuite, il fallait taper Papa pour la cotisation pour payer le car !

   Ensuite,  il fallait se mettre d’accord avec Cheftaine Dédée pour qu’elle passe me prendre le dimanche matin vers 8h30 ! Et j’étais pas le seul gosse que cette petite et brave femme de 45 ans environ ramassait au passage…Elle aussi prenait la chose très au sérieux ! Elle était aussi habillée en Scout Juif Tunisien de la tête aux pieds !(Si je me trompe pas, Cheftaine Dédée était la secrétaire de M. Cohen-Solal  à son  cabinet d’architecture.)

   Il fallait pas oublier le sac à dos !Bien sûr ! Un louveteau (moins de 13 ans) qui se respecte a un bon sac à dos !A l’intérieur, il y avait la gourde en plastique. Il fallait, la première fois y verser de l’eau bouillante pour enlever le goût du plastique. Mais il y avait toujours un peu le goût. A la fin de la journée, l’eau pure de Zaghouan, prise au robinet, attiédie, avait toujours le bon goût de ces escapades. Il fallait penser au sandwich !Du bon pain italien bourré de ’’kabar-bèsbès’’, ces boulettes de viande hachée à la sauce rouge qui imprégnait la mie.

   Et on partait au local (toujours à la Rue Courbet).Devant, et bien rangés au bord du trottoir, il y avait au moins 2, si ce n’est 3 cars qui attendaient de nous avaler pour nous emmener !Devant, sur le trottoir, et dans le local, il y avait comme un essaim d’abeilles qui vrombissait ! Ca criait, ça courait, ça chantait, ça vivait, et ça sentait une jeunesse saine, gaie.

   Chaque semaine, les cars prenaient des directions différentes. Une fois Korbous où des sources d’eau chaudes se jettent à la mer, une autre fois le Rmel, une forêt de pins plantés dans le sable, près de Bizerte, ou alors, la sortie que je préférais, celle du Bou-Kornine (Peut-être à Tou Bichvat ), où on organisait une cueillette de cyclamens.   Et j’ai souvenir aussi d’un groupe important d’adultes qui formaient un grand cercle au milieu d’une clairière ou d’une pelouse. Une bonne bande d’amis et de parents qui prenaient aussi  plaisir à ces sorties.

   Au milieu d’eux, il y avait un petit bonhomme, toujours souriant, à la voix forte bienveillante et un peu éraillée. C’était lui, Loup-Gris, M. Jules Cohen-Solal, architecte dans la vie.

A la fin, on se réunissait en un grand cercle et celui qui avait le plus gros bouquet avait gagné. L’arbitre était naturellement Loup-Gris, qui trouvait tous les bouquets merveilleux ,car ils annonçaient le réveil de la nature, et il faisait l’éloge du cyclamen, qui tout beau qu’il soit, penchait la tête comme en signe d’humilité devant le Tout Puissant.

   C’est vrai, qu’ensuite, j’ai perdu contact avec l’UUJJ. Je ne pourrais pas dire si le mouvement s’était dissous, mais c’est vrai que le local a ensuite fermé….Puis, vers les années 69, j’ai repris contact avec la synagogue Zerbib, Av. Albert 1er, face à l’entrée du jardin du Belvédère. On y allait le samedi après-midi. M. Cohen-Solal nous commentait la bible au gré du calendrier hébraïque. Il vivait un judaïsme tranquille et savait nous transmettre sa foix.

   Pour Pourim de l’année 1971,je me souviens avoir contribué à la préparation de la fête, et d’y avoir monté avec des copains une scène de la pièce retraçant l’aventure d ‘Esther !

   L’incontournable prestidigitateur Ribibi, un peu vieillissant et essoufflé, avait été convié pour amuser les enfants, encore nombreux qui suivaient la trace de Loup-Gris…

   Et puis, 4 ans plus tard, je suis retourné en Tunisie, en tant que coopérant, et j’ai eu le plaisir de revoir M. Jules Cohen-Solal (d’ailleurs accompagné de M. Cohen, qui enseignait les mathématiques au lycée de Mutuelleville où j’ai poursuivi mes études, et que j’ai eu moi-même comme prof.)

  C’est sûrement la marque de ces souvenirs qui m’ont poussé à  envoyer mes enfants dans un mouvement de jeunesse à Marseille où j’habite. Sollicité par les responsables de ce mouvement, à une époque où ils avaient besoin d’un coup de main, je m’y suis impliqué avec mon épouse. C’est avec plaisir que je donne de mon temps pour y réparer un luminaire, un appareil de chauffage, organiser le Loto annuel  ou y tenir la trésorerie… Aujourd’hui, car les besoins changent, on organise le lundi soir un Oulpan où 4 Prof. enseignent  simultanément à quelque 60 personnes de tous âges. Une centaine de jeunes fréquentent notre local.

   M. Jules Cohen-Solal, dit Loup-Gris a sûrement bien passé le relais….

 

        Rémy BOCCARA

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j'ai connu ces personnes car en juillet, août 55 j'étais moniteur de la colonie qui était logée à l'école Franco-Arabe du Kef. elle était dirigée par M. Zarka (bison)et son épouse (une soeur de loup-gris.)
il y avait 2 séjours de 25 jours .
j'étais le moniteur le pus âgé. j'ai gardé un souvenir extraordinaire de cette colonie et notamment des veillées
en chansons. le jour du départ tous pleuraient grands et petits.nous formions une grande famille.

jo Behar 78 ans

Tout cela éveille en moi des souvenirs .......de bons souvenirs........Pingouin.....Hibou et Loup Gris...Zebre ,etc....les sorties du dimanche et les camps .....Bejaoua , Bordj Cedria... La cueillette des cyclamen sur le Bou Kornine....

Bonjour,
Je suis flatte que vous répondiez a mon petit article que j'avais envoyé au fils de loup-gris, et qui l'a publie sur harissa.
En effet, j ai habite à Tunis face à la grande synagogue, et j ai fréquente l UUJJ
Ce que je peux vous dire des galeries Simon, c est que la personne qui a pris mes mesures pour réaliser mon costume de scout, était un éclaireur à l époque, et doit avoir 75 ou 80 ans aujourd'hui hui, mais je ne me rappelle pas de son prénom.
Je me rappelle de cheftaine Dedee
D après ce que j ai compris, vous habitez Israël, et je vous souhaite la paix et le bonheur!

cher mr remi bocara nous sommes du meme age; j aieu du plaisir avous lire ma famille et moi meme avons passe les memes etapes et cesont ses souvenires dont la ressemblance est frappante qui raproche des faits mon grand pere gaston temim travaillait aux galeries simon peut etre l avait vous connu? je vous souhaite kol touv peut etre feriez vous aussi une aliya en israel shalom patricia amram

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