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Il est plus que temps de définir les objectifs stratégiques d’Israël

Nouvelle tactique de Tsahal : Des roquettes avaient été tirées de cet immeuble de 7 étages sur Israël

Il est plus que temps de définir les objectifs stratégiques d’Israël (info # 012508/14) [Breaking]

©Metula News Agency

 

Métula, lundi 21h09, 20h09 à Paris

 

Situation

 

Depuis minuit, le Hamas a tiré 120 projectiles sur les agglomérations du pourtour de Gaza et du sud d’Israël.Le Dôme de Fer en a interceptés 13, dont un au-dessus d’Ashdod. Les débris de la roquette sont cependant tombés sur le toit en verre d’un centre commercial, occasionnant une grande peur parmi les clients mais sans faire de blessés.

 

La rampe de lancement qui avait servi à tirer une fusée, hier, sur Jérusalem, a été détruite par le Khe’l Avir.

 

Tsahal, en début d’après-midi, a oblitéré un pas de tirs dissimulé dans une école dans le quartier de Shuja’iyya, d’où de multiples lancements visant Israël avaient été effectués.

 

De plus, deux terroristes qui ciblaient l’Etat hébreu ont été éliminés.

 

A 19h45, une roquette M-75 (75 = 75km) a été envoyée par le Hamas en direction de Tel-Aviv mais elle a été interceptée par le Dôme au-dessus de Kiryat Ono, dans la banlieue orientale de la grande métropole.

 

Un seul israélien a été blessé ces dernières 24h, ayant été légèrement atteint par des éclats de mortier dans le Conseil régional d’Eshkol (pourtour de Gaza).

 

Ce lundi, l’Armée de Défense d’Israël a effectué 70 frappes sur la bande de Gaza.

 

D’autre part, l’Armée, avec le soutien actif du Shinbet (le contre-espionnage), a anéanti un véhicule en mouvement dans lequel avaient pris place trois miliciens de l’Armée de l’Islam qui prévoyaient des attaques prochaines sur Israël.

 

Cette organisation terroriste fonctionne sous le commandement du Hamas et est connue pour avoir participé à l’enlèvement du Sergent-major Gilad Shalit et de notre confrère Alan Johnston en 2007 (journaliste de la BBC, correspondant actuel à Rome, capturé par les miliciens islamistes le 12 mars 2007 et libéré le 4 juillet suivant, après avoir été convié à un petit-déjeuner avec Ismaïl Hanya).

 

Selon l’agence palestinienne Ma’an, reprenant des sources médicales à Gaza, les combats de ce lundi auraient causé la mort de 12 personnes et en auraient blessées 7 autres dans la Bande.

 

Tsahal n’est pas seul à faire face aux miliciens djihadistes de la bande côtière, puisqu’on a appris aujourd’hui que les Forces Armées Egyptiennes ont effectué plusieurs arrestations d’islamistes armés au cours du weekend.

 

Le Brigadier Général Mohammed Samir Abdel Aziz Ghonim, porte-parole de l’Armée égyptienne, a déclaré que 4 Palestiniens recherchés, originaires de Sheikh Zouweid et de Rafah, dans la bande de Gaza, ont été arrêtés samedi, ainsi qu’une 5ème personne, hier, dimanche.

 

Parmi les individus arrêtés se trouve Mohammed Salem Suwaylim, considéré comme un terroriste très dangereux par le Caire.

 

Le Brigadier Général Samir a également rendu public que 14 miliciens djihadistes avaient été neutralisés lors de multiples raids ayant été menés dans le courant du weekend.

 

De plus, 5 extrémités de tunnels de contrebande, connectant la bande côtière à l’Egypte, ont été dynamitées par l’Armée du Président Abdel Fatah al Sissi. Ces galeries servaient au transport d’armes, de munitions, de devises, de carburant et de mercenaires islamistes entre l’Egypte et Gaza.

 

Avant la prise de pouvoir d’al Sissi dans le pays du delta du Nil, on comptait ces tunnels par centaines, mais, suite à des actions coordonnées entre le Caire et Jérusalem, il n’en demeure plus que quelques unités en état opérationnel. Qui plus est, l’Armée égyptienne a amélioré son efficacité dans le contrôle du trafic des marchandises sur son territoire, et notamment sur les ponts et tunnels traversant le canal de Suez, réduisant la possibilité de réapprovisionnement du Hamas à la portion congrue.

 

 

Le point de vue de Stéphane Juffa, (avec Jean Tsadik et Sami el Soudi)

 

Sur le plan diplomatique, le Caire a réitéré aujourd’hui sa proposition de cessez-le-feu illimité, rendant publique une version à peine modifiée de la précédente.

 

Selon celle-ci, les contrôles aux points de passage seraient quelque peu [à peine] allégés, l’Autorité Palestinienne les contrôleraient côté Gaza, et la zone de pêche serait étendue.

 

Durant les semaines suivant l’instauration et le respect de la trêve, les discussions auraient lieu au Caire sur tous les sujets intéressant l’Etat hébreu ainsi que les factions palestiniennes.

 

Le chef de la Ména palestinienne, Sami el Soudi, affirme en outre que l’AP et toutes les factions armées présentes dans la bande de Gaza sont prêtes à accepter l’offre égyptienne. Selon notre camarade, même le Hamas-Gaza est disposé à mettre un terme aux hostilités. El-Soudi a vu un appel écrit, envoyé par le Djihad Islamique dans ce sens.

 

Mais Khaled Mashal, le numéro 1 du Hamas-étranger, s’oppose au texte égyptien, et persiste à "exiger" l’ouverture totale et sans contrôle des points de passage avec Gaza ainsi que la libération des prisonniers du Hamas, l’ouverture d’un port, d’un aéroport, le libre trafic des devises, etc.

 

Il est de plus en plus évident que l’influence de l’émir du Qatar, Tamim bin Hamad bin Khalifa Al Thani, agit de manière décisive sur les positions de Mashal, jouant sur le soutien financier indispensable qu’il prodigue à l’organisation terroriste.

 

Il semble que l’émir al Thani et Mashal fassent tout ce qui est en leur pouvoir afin d’obliger l’exécutif israélien à déclencher une offensive généralisée contre l’enclave palestinienne.

 

Ils suivent en cela un projet marqué par l’exaltation islamiste de la victimisation suprême de la population gazaouie, destiné, par son sacrifice et celui des miliciens djihadistes, à faire avancer la cause de de la domination de la Terre par l’islam ; un projet visant à montrer que les croyants sont prêts à mourir pour Allah l’arme à la main et à pousser à l’extrême l’antagonisme déjà existant entre les musulmans djihadistes, d’une part, l’Occident, ses valeurs, et les Etats sunnites traditionnels comme l’Egypte, l’Arabie-Saoudite et la Jordanie, de l’autre.

 

Face au nombre d’obus de mortier et de roquettes à courte portée, qui rendent pratiquement impossible la vie normale des habitants du sud-ouest d’Israël, le gouvernement israélien est amené, même si ce n’était pas son intention première, à envisager l’invasion de Gaza.

 

Combien de jours supplémentaires, un Etat souverain et puissant comme celui d’Israël pourrait-il supporter qu’une portion importante de ses citoyens soit quotidiennement la proie de milices djihadistes, inférieures en nombre, en qualité et en équipement ?

 

Au fur et à mesure que se prolonge Rocher Inébranlable, les avis se multiplient, au sein du cabinet restreint politico-sécuritaire et jusqu’aux partis de centre gauche, pour mettre un terme définitif au régime du Hamas à Gaza.

 

Pour sa part, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité Palestinienne, tente d’exploiter la situation afin de faire progresser le processus de paix avec Israël en direction de la création de l’Etat palestinien, avec la ligne de démarcation israélo-jordanienne de 1967 pour frontière.

 

Abbas multiplie les appels dans ce sens vers l’ONU, demandant à l’Organisation des Nations Unies de fixer un calendrier strict définissant le cadre d’hypothétiques négociations entre Ramallah et Jérusalem.

 

En résumé, la position d’Abou Mazen consiste à accepter la proposition égyptienne en lui ajoutant cette perspective politique.

 

Dans les couloirs de l’ONU, cependant, les Européens et les Américains, membres permanents du Conseil de Sécurité, même s’ils sont globalement favorables à des négociations entre l’Etat hébreu et l’AP sur les bases de la ligne de démarcation de 67, rechignent à répondre favorablement à Abbas, ne voulant pas récompenser l’agression du Hamas en octroyant aux Palestiniens ce qu’ils leur ont refusé jusqu’à maintenant.

 

A Jérusalem, on parle beaucoup de cette perspective de négociations encadrées, qui a toujours été rejetée par les divers cabinets Netanyahu, notamment au cours de la mission Kerry, à l’hiver dernier.

 

Dans les rangs des observateurs professionnels, on remarque l’inaction dangereuse du premier ministre israélien, qui se montre incapable de faire des propositions, pas plus dans le domaine stratégique que politique.

 

Depuis son accession au pouvoir, en 2009, Monsieur Netanyahu n’a pas formulé la moindre proposition politique concernant sa vision d’avenir concernant les relations d’Israël avec les Palestiniens ou avec le monde Arabe.

 

Quant à l’aspect stratégique de Rocher inébranlable, le premier ministre définit l’objectif stratégique d’Israël comme : "la garantie de calme pour les habitants du sud du pays".

 

Or cet objectif ne saurait constituer un objectif stratégique ; un objectif stratégique s’entendant, par exemple, comme "l’écrasement du Hamas et la reconquête ou non de la bande de Gaza par les armes". Ou alors, "la volonté de parvenir à un accord de trêve avec le Hamas. Ou avec l’Autorité Palestinienne".

 

Même si les spécialistes de la Ména partagent le point de vue tactique apparemment suivi par le gouvernement de Jérusalem, à savoir la poursuite énergique d’une guerre d’usure, ne comprenant pas d’offensive généralisée sur Gaza, ce point de vue est insuffisant. Il doit obligatoirement servir un objectif stratégique clairement établi et répondre à la question : désirons-nous parvenir à un accord avec le Hamas ou l’éliminer ?

 

Et avec ou sans le Hamas, que désirons nous faire de Gaza ? Quelle relation désirons nous instaurer avec Gaza ? Devons-nous viser un accord exclusivement technique avec les Palestiniens, prenant la forme d’une trêve d’un an, de cinq ou dix ans, ou avons-nous l’intention de négocier un accord politique avec eux (Mahmoud Abbas) ?

 

Après avoir répondu précisément à ces questions, il serait possible de s’atteler à la réalisation tactique des buts ainsi définis, et de se préparer à leur accomplissement.

 

Mais faute d’établir des priorités stratégiques, on se place inévitablement à la traine du Hamas, en lui abandonnant l’initiative : si le Hamas tire, Israël réplique ; si le Hamas cesse de tirer, Israël "répondra au calme par le calme" (Binyamin Netanyahu).

 

Lors, cela ne correspond pas du tout aux intérêts d’Israël, qui, si elle le décidait ainsi, devrait s’atteler à la réalisation d’un plan se terminant par l’anéantissement du Hamas, indépendamment du fait que celui-ci s’abstienne ou persiste à tirer des roquettes sur le territoire israélien.

 

Faute d’objectifs stratégiques clairement établis, les décisions concernant l’avenir d’Israël se prennent à Gaza, au Caire, à Washington, à Manhattan (ONU) et au Qatar ; partout sauf à Jérusalem.

 

Et cela dévoile une mauvaise gestion de la crise et de la guerre.

 

Ce, en dépit du fait qu’il existe véritablement, et pour la première fois, une concordance d’intérêts avec les pays arabes avoisinants. Concordance qui ne sera exploitable qu’au moment où nous aurons nous même décidé ce que nous voulons faire.

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