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Israël: l'homme qui s'était immolé par le feu est mort

 

Israël: l'homme qui s'était immolé par le feu est mort

 

 

Acculé par les dettes et ne recevant pas d'aides de l'État, Moshe Silman s'était mis le feu au cours d'une manifestation contre la vie chère.

Il s'était mis le feu samedi soir après avoir accusé l'État d'Israël de l'avoir volé. Brûlé au second et troisième degré sur 94% de son corps, Moshe Silman, 57 ans, a succombé ce vendredi à ses blessures.

L'image de cet homme en feu au cours d'une manifestation contre la vie chère avait choqué l'opinion publique. «L'État d'Israël m'a volé et m'a laissé sans rien», avait-il écrit dans une lettre qu'il avait lue avant de s'immoler. «J'accuse Israël, (le premier ministre) Benyamin Nétanyahou et (le ministre des Finances) Youval Steinitz pour l'humiliation constante que les citoyens d'Israël doivent endurer quotidiennement. Ils prennent aux pauvres pour donner aux riches.»

Des notifications de dettes envoyées à la mauvaise adresse

Les médias israéliens ont dressé au cours de la semaine le portrait de la victime. Après plusieurs années passées aux États-Unis, Moshe Silman avait créé à la fin des années 1990 une petite société de transport à Tel-Aviv. Contraint de déménager son entreprise, touchée par la seconde Intifada, l'homme n'avait jamais reçu les notifications de dettes de son assurance, qui continuaient à être envoyées à son ancienne adresse. Sa dette grimpant vertigineusement, l'homme s'était vu saisir l'un de ses quatre camions. Son entreprise ne s'en était pas remise.

Contraint de mettre la clé sous la porte, Moshe Silman s'était reconverti en chauffeur de taxi. Il avait tenté d'attaquer en justice son assurance, mais sa plainte avait été jugée «sans fondement» par le tribunal. Sa nouvelle activité ne lui rapportant que peu d'argent, Moshe Silman avait vu ses économies saisies. Sa licence de taxi lui avait ensuite été retirée à cause de ses dettes. Sans travail, l'homme est alors victime d'un accident cérébral.

Spirale de la paupérisation

Inemployable, sans le sou, forcé de déménager dans un petit appartement d'un quartier populaire d'Haifa - ses demandes d'aides au logement lui ayant été refusées au motif qu'il était célibataire sans enfant -, Moshe Silman s'était alors rapproché des activistes défilant dans les rues de Tel-Aviv pour protester contre la vie chère, et pour réclamer plus de justice sociale.

Tout au long de l'été 2011, des centaines de milliers d'Israéliens avaient en effet battu le pavé pour protester contre les inégalités. Le gouvernement avait répondu à cette grogne populaire en mettant en place un comité chargé d'examiner diverses réformes, mais ce dernier n'a été que peu suivi d'effet. Samedi soir, ils étaient 8000 à s'être retrouvés à Tel-Aviv pour marquer le premier anniversaire de la mobilisation. Moshe Silman était venu avec de l'essence. «Il a choisi de se faire du mal en signe de protestation», explique au journal Haaretz un activiste. «C'est terrible qu'un homme doive arriver à de telles extrémités pour faire comprendre sa situation à l'opinion publique.»

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