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La défaite de Palmyre marque le début de la fin de la mainmise alaouite en Syrie

Palmyre et le réseau routier : le carrefour incontournable vers le Nord et vers l’Est

La défaite de Palmyre marque le début de la fin de la mainmise alaouite en Syrie (info # 012205/15)[Analyse]

Par Jean Tsadik© MetulaNewsAgency

 

Cette semaine, deux villes importantes sont tombées aux mains du Califat islamique : Ramadi, en Irak, à 70km à l’ouest de Bagdad, et Palmyre, en plein centre de la Syrie, à 200km de Damas par l’autoroute, et 150 d’Homs.

 

Dans les deux cas, les blindés et les avions des armées régulières n’ont pas suffi à contenir les djihadistes, pas plus que la participation dans les affrontements des Gardiens de la Révolution iraniens et de leurs supplétifs, les miliciens chiites libanais du Hezbollah. Sans oublier les bombardements massifs des chasseurs-bombardiers de la coalition occidentale, et les frappes ciblées des commandos américains au sol. Rien n’y fait, les islamistes sunnites continuent d’avancer.

 

Contrairement à ce que les distances pourraient laisser croire, les 70km entre Ramadi et Bagdad seront plus difficiles à franchir pour les hommes d’ISIS que les 200km de Palmyre à Damas. Ce, parce que le soutien international apporté au gouvernement irakien est plus étoffé que celui dont jouit Bachar al Assad, qui se limite, en fait, à l’aide de Téhéran et celle de Moscou, ainsi qu’à la bienveillance de Pékin.

 

Mais c’est surtout la loi du nombre qui pénalise le régime de l’oculiste-dictateur, qui ne contrôle plus qu’un petit quart de son territoire, contre cinquante pour cent à ISIS : alors qu’en Irak, sunnites (35%) et chiites (65%) se trouvent en quantités significatives, en Syrie, il y a entre un million et demi et deux millions d’alaouites sur 18 millions de Syriens, dont 13 millions de sunnites.

 

Après la perte de Palmyre, une cité de 200 000 habitants, dont 70 000 avaient fui devant l’avancée de l’Etat Islamique, le dernier axe de communication qui reliait la capitale à l’est de la Syrie est tombé, de même que la ville principale de la frontière avec l’Irak, Deir ez-Zor.

 

A Damas, dans l’entourage même de Bachar, on admet qu’il ne s’agit pas d’une perte temporaire de territoire, mais de provinces que l’Etat central ne récupèrera sans doute jamais. Globalement, le moral des alaouites est au plus bas, leurs forces étant partout en recul.

 

Même si ce n’est pas encore la déroute, on sait pertinemment que Damas ne résisterait pas longtemps à une attaque coordonnée de DAESH au Nord, Nord-Est, et d’al Nosra et de l’Armée Syrienne Libre à partir du Golan et de Jordanie.

 

De plus, tous les accès aux pays limitrophes par voie terrestre, Jordanie, Irak, Turquie, Liban et Israël (à part un corridor de 5 kilomètres entre Hader-Syrie, et Majd el Chams-Israël), sont désormais aux mains des diverses factions de l’opposition.

 

Dans la capitale syrienne, on reparle d’une retraite en bon ordre vers le réduit alaouite traditionnel de Lattaquié et Tartous, à l’Ouest du pays et au nord du Liban. Parmi les membres de la société très officieuse des analystes stratégiques de l’Etat hébreu, il se murmure que plus tôt ce redéploiement aura lieu, mieux ça sera, non seulement pour les combattants de la communauté alaouite, mais aussi pour ses civils.

 

Ce que l’on craint, à Métula, c’est un véritable massacre d’alaouites aussitôt que le verrou de Damas aura sauté ; entre la haine religieuse qui sépare alaouites et sunnites, pour lesquels les premiers ne représentent qu’une déviance criminelle de l’islam, et le fossé infranchissable qu’ont creusé quatre ans et demi de guerre civile impitoyable, parsemée d’innombrables exactions, on doit s’attendre à des centaines de milliers de victimes innocentes du côté des perdants au moment de la déroute.

 

Et la rivière de sang ne s’arrêterait probablement pas à la frontière libanaise, c’est en tout cas la conviction d’Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, et la nôtre. Nasrallah s’en était ouvert, au début de ce mois, à l’occasion d’une rencontre avec Michel Aoun, son allié chez les chrétiens maronites ; il avait déclaré : "Si Assad tombe, le Hezbollah tombe !".

 

On assisterait, en effet, à un déferlement des hordes djihadistes en direction de la Bekaa et de Beyrouth, appuyées par les sunnites libanais, l’Armée, les Druzes, ainsi que par tous les groupes de personnes – et ils sont légions – qui ont dû subir les excès, les attentats et les attaques des Fous d’Allah ces dernières années. Les combats ininterrompus font déjà rage dans la région d’Ersal, où les miliciens chiites, pourtant appuyés par une partie de l’Armée, ont de plus en plus de mal à contenir la pénétration des islamistes sunnites venus de Syrie.

 

En prenant la décision de se retirer de Damas et des grandes villes avant le début de l’assaut contre la capitale, pour se réinstaller dans le réduit traditionnel alaouite, Bachar al Assad parviendrait à restreindre significativement le périmètre à défendre, augmentant de cette manière sensiblement l’efficacité de ses soldats. Il dispose de suffisamment de chars, d’artillerie et d’avions pour combattre, mais ce sont les hommes qui lui font défaut pour ternir un front aussi large que celui qu’il leur a assigné.  

 

De toutes façons, face à l’offensive menée par ses ennemis, le front se restreint de lui-même, mais cela se fait en perdant des personnels et des armes précieux, tandis qu’en les redéployant autour de Lattaquié, Assad préserverait sa puissance de feu et serait sans doute capable de stabiliser durablement le front à l’extérieur du réduit alaouite. Ce, d’autant plus que, sur ce territoire, il dispose d’un vaste accès à la mer, d’une énorme base de la marine russe à Tartous, et de réserves d’argent suffisantes pour s’approvisionner en armes et en munitions.

 

Le hic, c’est précisément l’amour propre de cette communauté alaouite, habituée depuis les années soixante à diriger le pays et non à subir la loi des autres ; à vivre en chasseurs et non en gibiers. Se retirer à Lattaquié sans avoir combattu pour Damas, c’est admettre que la défaite est inéluctable – même si elle l’est -, et beaucoup d’assadologues partagent l’opinion que Bachar ne s’y résoudra jamais, ou alors, uniquement lorsqu’il ne disposera d’aucun autre choix. 

 

Il faut dire, qu’en plus d’être fanatisés par les discours religieux, les combattants d’ISIS sont remarquablement adaptés aux conditions de cette guerre. Sur leurs pickups, ils ont pour eux la mobilité des essaims d’insectes, la simplicité de l’armement, qui permet l’interchangeabilité des personnels, instantanément remplacés lorsqu’ils tombent par une nouvelle vague de combattants.

 

Ils utilisent la barbarie comme une tactique militaire pour terrifier leurs ennemis, comme à Palmyre, où, sur cinq cents morts, 71 ont été sauvagement exécutés pour "coopération avec un régime infidèle". 

 

Forts de ses récentes conquêtes, DAESH contrôle désormais toutes les exploitations de gaz et de pétrole de Syrie à deux exceptions près. De plus, des rapports très frais le démontrent à nouveau : la Turquie d’Erdogan – pilier de la politique d’Obama dans la région – n’a jamais cessé de fournir les djihadistes en hommes – des Turcs, mais aussi des volontaires venus du monde entier -, en nourriture et en armes.

 

C’est une situation étrange à laquelle on assiste, avec les Américains et les Européens, membres de l’OTAN, qui font la guerre à l’Etat Islamique, pendant que la Turquie, seconde puissance de l’OTAN, l’arme et lui envoie des renforts.

 

En Israël, on se contente pour le moment de suivre très attentivement l’évolution de la situation militaire volatile. Ainsi, les Forces armées libanaises font état de survols incessants des champs de batailles d’Ersal (Liban) et Qalamoun (Syrie) par les appareils frappés de l’Etoile de David.

 

En principe, Jérusalem n’intervient pas dans la bagarre, si ce n’est pour apporter un soutien logistique et médical à ses voisins sunnites non djihadistes de l’ASL du plateau du Golan.

 

A court terme, l’évolution de la Guerre Civile est favorable aux Israéliens, avec l’affaiblissement majeur de l’Armée gouvernementale et la dispersion des miliciens hezbollani aux quatre vents. Plus tard, nous aurons probablement à faire frontière commune avec un califat avide d’engloutir de nouvelles conquêtes afin de terminer l’œuvre incomplète du Prophète.

 

C’est désagréable mais c’est gérable, Tsahal n’étant ni l’Armée irakienne ni l’Armée syrienne, et les fronts du Golan et de la frontière libanaise lui convenant au niveau de leurs étendues relativement faibles. Une situation dans laquelle la supériorité technologique s’exprime efficacement.

 

Mais ISIS se trouve aussi aux portes de la Jordanie et commence à titiller l’Arabie saoudite. Longtemps, la prétention d’établir un califat sur la Syrie et l’Irak n’avait pas été prise avec le sérieux nécessaire ; désormais, DAESH grossit à vue d’œil, et personne n’est encore parvenu à le freiner. Si la tendance n’est pas inversée, à cinq ans, Israël pourrait n’avoir plus qu’un seul voisin ; un voisin qui a entrepris la conquête de la Terre par la force. On a certes connu des projets plus paisibles.

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