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La Tunisie à nouveau plongée dans l’instabilité politique

 

La Tunisie à nouveau plongée dans l'instabilité politique

 

De Bouazza Ben Bouazza--, The Associated Press

TUNISIA, Tunisia — Un peu plus d'un mois après l'accalmie qui a accompagné l'arrivée de Béji Caïd Essebsi à la tête du gouvernement tunisien, la situation sécuritaire s'est précipitamment et sensiblement dégradée dans le pays. Alors qu'un couvre-feu nocturne est en vigueur depuis samedi, le Premier ministre devrait s'adresser ce dimanche soir à la population.

Depuis plusieurs jours, des scènes de violence et de pillage sont quotidiennement enregistrées à Tunis et dans plusieurs régions de l'intérieur, donnant lieu aux interprétations les plus folles quant aux mobiles de ce dérapage inquiétant. L'insécurité a atteint un degré tel que le gouvernement a fini par réinstaurer le couvre-feu levé le 15 février dernier, un mois après la chute du régime Ben Ali.

Ce couvre-feu, avec interdiction de circuler dans Tunis et sa grande banlieue, est valable de 21h à 5h, ont indiqué les autorités dans un communiqué diffusé samedi soir par l'agence officielle TAP, sans que sa durée ne soit précisée. Face au malaise général, M. Essebsi doit s'adresser à ses compatriotes ce dimanche en début de soirée lors d'un "débat" télévisé diffusé simultanément par la chaîne publique et deux chaînes privées.

Au Kram, dans les faubourgs nord de Tunis, les habitants disent avoir vécu ces derniers jours des "nuits terrifiantes" faites de saccages de commerces et d'incendies de postes de police. Les magasins et même des pharmacies mis à sac au Kram, à La Goulette et d'autres quartiers populaires de Tunis présentaient un spectacle des plus désolants, alimentant les craintes de la population sur l'évolution de la situation.

Des troubles ont aussi été signalés dans plusieurs régions du centre et du sud du pays, dont Gabès, Sfax et Metlaoui, l'une des villes du bassin minier de Gafsa où le couvre-feu a été décrété depuis vendredi dernier. D'après la TAP, cette mesure a été prise à la suite d'affrontements à coup de jets de pierres et d'engins incendiaires entre des groupes d'habitants également munis de bâtons et de fusils de chasse.

La détérioration de la situation s'est particulièrement accélérée après les déclarations controversées de l'ancien ministre de l'Intérieur Farhat Rajhi, évoquant notamment la menace de la prise du pouvoir par l'armée en cas de victoire des islamistes lors des élections prévues le 24 juillet prochain. Des propos qui ont suscité des manifestations anti-gouvernementales violemment réprimées à Tunis par les forces de l'ordre qui n'ont pas hésité à passer à tabac journalistes et photographes.

Dimanche encore, ces manifestations se poursuivaient à Tunis. Selon un photographe de l'Associated Press, des armes blanches auraient été saisies sur nombre de manifestants.

Plus que les propos de M. Rajhi, sur lesquels leur auteur est d'ailleurs revenu, nombre d'analystes pointent du doigt des "forces occultes" qui ont saisi l'occasion pour tenter de mettre le feu aux poudres et entraver en premier lieu le scrutin du 24 juillet. Selon certains, ces forces supposées être tantôt des proches de l'ancien régime, tantôt des partis d'extrême gauche, n'ont pas intérêt à ce que le pays se remette sur les rails. AP

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