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Tennis : l’histoire de Malek Jaziri, « otage » de l’attitude de la Tunisie vis-à-vis d’Israël

Tennis : l’histoire de Malek Jaziri, « otage » de l’attitude de la Tunisie vis-à-vis d’Israël

 

 

« C’est le match qui aura fait couler le plus d’encre cette année, et pourtant, il n’a pas eu lieu. Il devait opposer, vendredi 11 octobre, le Tunisien Malek Jaziri à l’Israélien Amir Weintraub, en quarts de finale du tournoi de Tachkent, en Ouzbékistan, un tournoi de seconde zone, dit Challenger.

Retour sur une affaire qui embarrasse tant la Fédération internationale de tennis (ITF) que l’Association des joueurs professionnels (ATP).«  Relève le journal Le Monde

 

QUI SONT LES DEUX JOUEURS CONCERNÉS ?

Malek Jaziri, 29 ans, est le meilleur tennisman tunisien. Actuellement classé 165e mondial, il était parvenu à se hisser au 69e rang en juillet 2012, et n’a jamais fait mieux qu’un deuxième tour dans les tournois du Grand Chelem. Amir Weintraub, 27 ans, 188e mondial et numéro 2 israélien, s’était aussi arrêté au deuxième tour lors du dernier Open d’Australie, le seul tournoi du Grand Chelem qu’il ait disputé de sa carrière.

Les deux joueurs se connaissent très bien, et s’apprécient beaucoup : ils sont tous deux licenciés à l’AAS Sarcelles (Val-d’Oise), club avec lequel ils jouent ensemble en double et disputent le championnat de France par équipes chaque année lorsque le circuit ATP fait relâche, au mois de novembre (Sarcelles affrontera Strasbourg le 16 novembre). Malek Jaziri y joue depuis sept ans, et c’est lui qui, en 2010, a fait venir Amir Weintraub dans ce club présidé par Jonathan Chaouat, un homme né en Israël et d’origine tunisienne. Weintraub a même invité Jaziri à son mariage, prévu pour février prochain, en Israël.

POURQUOI LE MATCH N’A-T-IL PAS EU LIEU ?

Le 9 octobre, Malek Jaziri se qualifie pour les quarts de finale du tournoi de Tachkent, où il doit affronter, deux jours plus tard, Amir Weintraub. Le soir même, il reçoit un courrier électronique d’Adel Lahdhiri, le directeur technique national de la Fédération tunisienne de tennis (FTT), publié par L’Equipe :

« Cher Malek, suite à la réunion cet après-midi au ministère de la jeunesse et de sport (sic) avec M. Riadh AZAEZ [directeur du sport d'élite au ministère], j’ai l’immense regret de t’informer que tu es tenu de ne pas jouer contre le joueur israélien. Cordialement, Adel. »

« Profondément embarrassé », « dégoûté », aux dires de Jonathan Chaouat, qui a pu lui parler, Malek Jaziri pèse le pour et le contre et, finalement, légèrement blessé à un genou, déclare forfait. « La seule certitude, c’est que ce n’est pas Malek qui a décidé de ne pas jouer », affirme le président de l’AAS Sarcelles, qui ajoute : « Malek est pris en otage. » Le gouvernement tunisien a nié toute implication, par la voix d’Ahmed Gaaloul, conseiller chargé de la jeunesse et des sports du premier ministre tunisien : « Il n’y a aucune position officielle du gouvernement concernant cette affaire. Les autorités n’imposent rien à la fédération ni au joueur. Le ministère de la jeunesse et des sports et son ministre Tarek Dhiab n’ont pas interdit à Malek de jouer. »

La présidente de la FTT, Selma Mouelhi, avait pourtant, auparavant, avancé une autre version des faits : « Cette situation est très délicate et, en tant que Fédération, je me suis alignée sur la position du ministère. » Il aurait été difficile pour le joueur de braver l’interdiction d’une fédération dont il dépend financièrement, comme l’a expliqué au Parisien Emir Jaziri, frère et agent du joueur : « [La FFT] paye ses hôtels, ses voyages et, en contrepartie, il est disponible pour l’équipe nationale. Pour 2013, il n’a pas encore récupéré tout l’argent qui lui est dû. On lui doit même encore une partie des sous de 2012. »

QUELLES PEUVENT ÊTRE LES CONSÉQUENCES ?

L’ITF et l’ATP sont sur le coup. La première institution pourrait prendre des sanctions contre la Fédération tunisienne de tennis, puisque « notre Constitution, à laquelle tous les membres, y compris la Fédération tunisienne, doivent adhérer, stipule clairement que la Fédération internationale de tennis accomplit ses objectifs sans discrimination liée à la couleur, la nationalité, l’origine ethnique, l’âge, le sexe, ou la religion », explique Ed Pearson, chargé de la communication de l’ITF.

« L’ATP a achevé son enquête au sujet du retrait de Malek Jaziri du tournoi de Tachkent la semaine dernière. Nous estimons que le joueur ne s’est pas mal comporté, et nous avons transmis toutes les informations dont nous disposons à la Fédération internationale de tennis », indique le syndicat des joueurs.

De quoi rassurer le frère de Malek Jaziri qui craignait une sanction : « Le retrait peut lui coûter des points importants au classement mondial ATP et même des sanctions allant jusqu’à son écartement du circuit professionnel. » L’affaire Jaziri n’a pas provoqué de levée de boucliers en Tunisie, où une partie des médias s’est même montrée enthousiaste, à l’image du quotidien La Presse : « Il a perdu des points ATP, mais il a gagné l’estime et préservé l’honneur. L’histoire ne retient que les décisions courageuses. Jaziri a fait le bon choix. »

Shlomo Glickstein, directeur de la Fédération israélienne de tennis, a simplement déclaré : « C’est dommage de voir des athlètes pris dans ce genre de situations qui finissent par faire du tort à leur carrière personnelle. » Quant à Amir Weintraub, il ne s’est pas non plus étendu sur le sujet : « Malek est un bon ami. Je pense qu’il aurait voulu personnellement disputer ce match. » Rapporte Henri Seckel 

Malek Jaziri blanchi par l’ATP

Malek Jaziri ne sera pas suspendu par l’ATP, gérant du tennis professionnel mondial. Le Tunisien, 169e mondial, risquait gros depuis vendredi dernier. Sur ordre de sa Fédération, le joueur avait déclaré forfait avant les quarts de finale du tournoi de Tachkent (Ouzbékistant) alors qu’il aurait dû affronter Amir Weintraub, un adversaire israélien.

La raison officielle du forfait sera donc une « blessure au genou », prouvée par la présence d’un certificat médial fourni par Jaziri à l’ATP. « Nous n’avons trouvé aucun méfait commis par le joueur et toutes les informations que nous avons pu recueillir ont été transmises à l’ITF (Fédération internationale de tennis, ndlr) », a déclaré l’ATP mardi soir.

Personnellement, l’affaire devrait donc s’arrêter là pour Malek Jaziri, qui ne perdra aucun point au classement officiel. Toutefois, l’ATP laisse la décision à l’ITF concernant d’éventuelles sanctions à prendre par rapport aux actions de la Fédération tunisienne. RTL

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