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Time Magazine : Yaïr Lapid dans les 100 personnes les plus influentes du monde

 

Time Magazine : Yaïr Lapid dans les 100 personnes les plus influentes du monde

 

Le ministre des Finances Yaïr Lapid, qui n´a encore rien fait figure cette année parmi les 100 personnes les plus influentes du monde citées par le magazine américain Time. Contrairement aux autres années, le Premier ministre Binyamin Netanyahou ne figure pas sur cette liste. 

Il briguait les Affaires étrangères, le voici ministre des Finances. Contrairement à son prédécesseur à ce poste, docteur en philosophie, ancien président de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, donc pur produit de l’establishment israélien, Yaïr Lapid est un personnage atypique de la société israélienne.

Né à Tel-Aviv le 5 nombre 1963, d’un père journaliste, essayiste, publiciste et d’une mère écrivain, il manifesta tôt des velléités d’indépendance, de casser les convenances, de refuser le cocon familial. Un jour, il s’enfuira et de l’école et de la maison. C’était un révolté permanent, dira sa mère. Son père ajoutera : il s’est marginalisé, optant pour la difficulté de vivre. Et en effet, tout ne fut pas rose pour le jeune Lapid, rattrapé cependant par le sort réservé à tout jeune israélien : le service militaire obligatoire. Après ses classes, il sera versé au magazine de l’armée : »Bé Mahané ». Sa chance. Rendu à la vie civile (enfin assagi, commentera sa mère) l’écriture ne le quittera plus, enchaînant articles, livres (des polars pour la plupart), scénarios. Il tâtera du cinéma (c’est un beau gosse), de la radio et, avec plus de bonheur, s’ancrera dans la télévision où il excellera dans la conduite hebdomadaire du journal télévisé du vendredi soir sur la 2ème chaîne de télévision. Un succès d’audience, qu’il complète par une tribune libre hebdomadaire, en fin de semaine, dans le plus grand quotidien du pays, Yediot Aharonot. Autre succès. Le voici journaliste star. Mais une star à l’écoute des frémissements de la société israélienne. Partant, il ne ratera pas la grande contestation sociale de l’été 2011. Ce qui le conduira à lancer son propre mouvement politique « Yesh Atid «, qui verra le fils dépasser le père : aux législatives de février, son parti décrochera 19 mandats alors que Joseph Lapid, à la tête de « Shinoui » avait raflé 15 sièges en 2003, devenant ministre de la Justice dans le gouvernement d’Ariel Sharon.

Voici donc Yaïr, l’un des trois non-universitaires de la Knesset, grand argentier du pays. Un bleu en politique et un analphabète en économie. Mais une intelligence redoutable, associée à une absence totale de complexes. Et du culot à en revendre. Il en fallait d’ailleurs pour accepter de prendre en charge les finances du pays, lesquelles nonobstant les cocoricos de son prédécesseur, Yuval Steinitz, présente un déficit budgétaire abyssal ( le mot est de lui). Tout comme son père, Yaïr Lapid est un libéral. En ce sens, il est proche de l’idéologie professée par Benyamin Netanyahou. Ce que lui reproche d’ailleurs la présidente du parti travailliste, Sheli Yahimovitz.

Alors ? S’alignera-t-il sur les hauts-fonctionnaires de son ministère, dont les recettes sont connues ? Ou choisira-t-il de bousculer les règles établies, d’oser. Comme par exemple augmenter d’un point la TVA certes, comme le professe le directeur du budget, mais en instaurant une TVA différenciée, par l’introduction d’une TVA à 8% pour les produits de première nécessité, ce que Netanyahou et Steinitz se sont refusés à faire ? Ou encore, réduire la fiscalité qui pèse sur les logements (environ deux-tiers du prix à l’achat) afin de casser la hausse constante dans le secteur de l’habitat ?

Le problème majeur du jeune ministre des Finances est qu’il est pris par le temps, ou mieux dit le manque de temps. Il lui faut, en effet, présenter un budget cohérent dans les deux-trois mois à venir et, dans le même temps faire plancher son monde sur la préparation du budget 2014. La solution préconisée par nombre d’économistes : un budget de type additionnel pour l’année en cours et s’atteler sérieusement à la loi de Finances 2014, qui permettra à Yaïr Lapid d’imposer sa vision des choses. Et, dans un premier temps corriger le tir en ce qui concerne l’égalité de tous devant l’impôt, une vaste tâche, tant il est vrai que la fiscalité israélienne est techniquement complexe, économiquement malsaine et socialement injuste.

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