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Trois universités françaises dans le top 100 du classement de Shanghaï

 

Trois universités françaises dans le top 100 du classement de Shanghaï
 
 

 

Par Benoît Floc'h

 

C'est l'autre olympiade du mois. La France a fini 7e à Londres ; elle est 8e à Shanghaï. L'université chinoise Jiao Tong a publié, mardi 14 août, son classement annuel des 500 "meilleures" universités du monde.

Certes, la France est 8e sur les quarante-trois pays présents dans ce palmarès devenu, après dix éditions, une référence. Et quelques universités françaises font de belles progressions (Paris-Sud ou Joseph-Fourier à Grenoble, par exemple). Mais, à y regarder de plus près, sa position demeure décevante. Alors que les Etats-Unis placent cinquante-trois de leurs universités dans le top 100 (et dix-sept dans le top 20) et le Royaume-Uni neuf, la France n'en compte que trois : Paris-Sud (37e), Pierre-et-Marie-Curie (42e) et l'Ecole normale supérieure de Paris (73e). Sur les 500 établissements classés, seuls vingt sont français. Pas brillant. En 2009, elles étaient vingt-trois et la France était 5e.

 

 

Infographie "Le Monde".

 

Qu'en conclure ? Que le classement de Shanghaï montre, année après année, que les universités françaises sont défaillantes, inadaptées, voire mauvaises ?

Ce que cherche à mesurer ce palmarès, c'est la réputation scientifique internationale des universités. Pour ce faire, les chercheurs de Jiao Tong ont retenu discrétionnairement six indicateurs : nombre de prix Nobel et de médailles Fields (l'équivalent pour les mathématiques) parmi les professeurs et les anciens élèves ; nombre de chercheurs les plus cités dans leurs disciplines, de publications dans les revues Nature et Science, et d'articles retenus dans deux grands index ; nombre de professeurs.

La méthodologie retenue révèle ce que Ghislaine Filliatreau, directrice de l'Observatoire des sciences et techniques, appelle "un modèle implicite". Celui de l'université américaine Harvard, première du classement depuis le début, c'est-à-dire "un établissement réputé, riche, historiquement très bien installé, multidisciplinaire et qui forme l'élite nationale", explique Mme Filliatreau.

"PAS UNE FIN EN SOI"

Ce que met en évidence Shanghaï, c'est que les universités françaises évoluent dans un environnement de recherche inadapté à une compétition taillée sur mesure pour les élitistes établissements américains de recherche intensive."Dans les pays anglo-saxons, relève Yvon Berland, président de l'université Aix-Marseille et vice-président de la Conférence des présidents d'université, la recherche relève des universités. En France, elle est morcelée entre organismes de recherche, écoles et universités." Un obstacle "insurmontable", estime Ghislain Bourdilleau, directeur de la communication de l'université de Poitiers : "Le premier établissement de recherche en France n'est pas un établissement d'enseignement supérieur, mais le CNRS." Et un article scientifique rédigé au nom de cet organisme de recherche sera "perdu" pour le classement de Shanghaï.

"Ce n'est pas que les Français font de la mauvaise recherche, explique en outre François Garçon, enseignant-chercheur à Paris-I et auteur du Dernier Verrou. En finir avec le Conseil national des universités (The Media Faculty).C'est qu'ils la situent à un niveau insuffisant en publiant leurs articles dans une langue morte, lefrançais. C'est blessant, mais c'est la réalité."

Par ailleurs, si Shanghaï s'intéresse à la réputation scientifique des universités, cela revient-il à parler de la qualité de la recherche ? "Les différents classements internationaux donnent des résultats semblables, où l'on retrouve Harvard, Berkeley ou Stanford, note Catherine Paradeise, professeure à l'université Paris-Est. Cela ne veut pas dire que les autres pays ne produisent pas de bons scientifiques, mais ceux-ci sont moins visibles parce qu'ils produisent dans des systèmes différents avec, souvent, de moindres ressources."

Il y a, enfin, des choses que Shanghaï ne dit pas. Les sciences humaines et sociales sont peu prises en compte. "Les universités, ajoute Mme Paradeise, ont une mission écrasante de formation des étudiants. Le classement de Jiao Tong ne dit rien là-dessus." Rien non plus sur la manière dont la recherche est "transférée" (dépôts de brevet, créations d'entreprise, innovations, etc.).

Finalement, le message le plus important de ce classement est sans doute ailleurs. Il pointe de manière éclatante, malgré ses défauts et sa brutalité, que l'enseignement supérieur et la recherche sont devenus des enjeux majeurs de compétition internationale. "On peut critiquer ces classements, reconnaît Yvon Berland. Il n'en reste pas moins qu'ils ont fait prendre conscience de l'importance de ce secteur pour un pays. Il ne faut donc pas négliger le classement de Shanghaï. C'est pour nous un stimulus. Mais ce n'est pas une fin en soi."

Benoît Floc'h

La Chine, une puissance universitaire grandissante

 

Le nombre d'étudiants asiatiques - et, singulièrement, chinois - explose. Selon l'agence CampusFrance, plus de 500 000 étudiants chinois sont partis étudier à l'étranger en 2009, aux Etats-Unis tout particulièrement. Mais la Chine cherche aussi à offrir à ses jeunes une offre éducative de qualité sur place. Le classement de Shanghaï traduit cet effort. En 2012, la Chine y compte 42 universités (sur 500), décrochant la 2e place derrière les Etats-Unis (150), mais devant le Royaume-Uni (38).

Au-delà, le Japon revient dans le top 20 et l'Australie place 5 universités dans le top 100.

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