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« Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? La nouvelle christianophobie » par Alexandre del Valle

« Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? La nouvelle christianophobie » par Alexandre del Valle

 

 

Selon l’association catholique Aide à l’Eglise en détresse (AED), 75% des cas de persécution religieuse dans le monde concernent les chrétiens.

 

« Toutes les cinq minutes dans le monde, un chrétien est tué à cause de sa foi », a déclaré le professeur Massimo Introvigne,représentant de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) pour la lutte contre l’intolérance et la discrimination contre les chrétiens, à la conférence, organisée par la Hongrie et le Conseil de l’Union européenne, sur le dialogue interreligieux entre juifs, chrétiens et musulmans, à Budapest, (2-3 juin 2011). Soit un total de plus de 105 000 chrétiens tués chaque année dans le monde au seul motif de leur foi.

 

Des assassinats qui s’ajoutent aux restrictions dans l’exercice du culte, menaces, enlèvements, agressions physiques, conversions forcées, mariages imposés, viols, incendies d’églises, profanations de cimetières, mises en esclavage, génocides d’Arméniens et d’assyro-chaldéens dans l’empire ottoman en 1915 et de deux millions de chrétiens au Sud-Soudan dans les années 1990-2000, et autres crimes.

 

Sans protection de la police et sans sanction judicaire en cas de plainte, l’exil forcé s’impose à nombre de chrétiens qui souhaitent éviter une survie éprouvante comme martyrs de leur foi et préserver l’avenir de leurs enfants.

 

Une christianophobie occultée

Cette haine du christianisme et des chrétiens a longtemps laissé indifférents et silencieux les droitsdel’hommistes, le système onusien, les intellectuels, les médias et une partie de la hiérarchie des églises.

 

La médiatisation des attentats à Bagdad - celui revendiqué par Al-Qaïda, le 31 octobre 2010, contre la cathédrale syriaque catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Bagdad (Irak) et qui a causé au moins 46 morts, dont deux prêtres, et 60 blessés - et à Alexandrie - contre une église copte d'Alexandrie (Egypte), lors de la nuit du nouvel an 2011, qui a fait au moins 21 morts et 79 blessés - a été éclipsée par le « printemps arabe », alors que les violences contre les chrétiens se sont poursuivis, au Moyen-Orient - exil forcé des chrétiens d'Orient - et ailleurs.

 

Géopolitologue, essayiste, universitaire et éditorialiste àFrance SoirAlexandre del Valle analyse cette tragédie ignorée, méconnue ou souvent occultée par le « politiquement correct » : la christianophobie, et ces terres devenues ou risquant de devenir christianrein, un vocable forgé par « le juriste Juif des Etats-Unis Joseph Weiler, à propos de l’Occident », à l’instar des pays Judenrein (sans Juif).

 

Cet essai synthétique, argumenté et clair présente un panorama mondial des persécutions actuelles frappant le christianisme et ses fidèles dans toutes leurs sensibilités : catholiques, protestants,coptes, arméniens, assyro-chaldéens, etc.

 

L’auteur distingue quatre sources ou vecteurs de christianophobie : islamisme radical, fondamentalismes hindouiste et bouddhiste, communisme (Chine, Corée du Nord, Vietnam, Cuba) et haine de soi occidentale.

 

Point commun : les chrétiens y sont souvent assimilés aux anciens colonisateurs, à l’impérialisme et à l’Etat d’Israël, tous honnis, ou à une « cinquième colonne » aux ordres de l’Occident.

 

En « terre d’islam », les chrétiens sont considérés comme des dhimmis, « infidèles conquis ». La dhimmitude, c’est la « soumission des indigènes non-musulmans – juifs, chrétiens, sabéens, zoroastriens, hindous, etc. - régis dans leur pays par la loi islamique. Ce statut est inhérent au fiqh (jurisprudence) et à lacharîa (loi islamique) et contraint le dhimmi à l’infériorité dans tous les domaines par rapport aux musulmans, [à] un statut d’humiliation et d’insécurité obligatoires et leur exploitation économique » (Bat Ye’or). De plus, selon l’islam, la Bible, hébraïque ou chrétienne, est une « falsification de la vérité coranique ».

 

En Inde, les chrétiens sont victimes des nationalistes hindous dans « les Etats gouvernés par les partis religieux intégristes adeptes de l’idéologie radicale de l’hindutva » (expression signifiant hindouïté ou indianité et inventée par Vinayak Damodar Savarkar) au « double motif que les adeptes du Christ sont des « apostats » issus des castes inférieures (« intouchables ») qui remettent en question l’ordre inégalitaire des castes et qu’ils adhèrent à une religion prosélyte « étrangère à la nation indienne ». Au Pakistan,la situation des chrétiens est pitoyable : loi anti-blasphème, promesse de récompenses par des imams à ceux qui tueraient des "mécréants", etc. Au Sri Lanka et au Vietnam, les persécutions émanent de bouddhistes majoritaires.

 

La christianophobie marxiste est peu médiatisée, mais « la plus meurtrière en intensité » et « la plus ignorée du grand public ». En effet, des « médias occidentaux sont encore influencés par un tiers-mondisme de gauche incitant à minimiser les crimes communistes et à dénoncer en priorité le sionisme, l’impérialisme américain et les dictatures dites de « droite » liées à l’Occident ». Les Etats communistes reprochent aux chrétiens « de ne pas être athées et d’être un vivier naturel pour l’opposition démocratique soutenue par l’Occident. Les églises y sont « interdites » ou « non-enregistrées » et leurs fidèles poursuivis, réduits à exercer leur culte en secret, dans la peur.

 

Quant à la christianophobie dans les « démocraties occidentales sécularisées et surtout dans la vieille Europe qui a coupé le cordon ombilical avec ses racines judéo-chrétiennes pour mieux être acceptées par les peuples non-chrétiens anciennement colonisés », elle est « alimentée par une culpabilisation collective » et se traduit par des profanations d’églises et de cimetières – 430 sur les 495 profanations de lieux de culte ou de cimetières en France ont concerné en 2010 des lieux et symboles chrétiens -, des actes d’intolérance à l’égard de chrétiens – le 5 mars 2008, le père d’une église de Londres est tabassé par deux jeunes Asiatiques qui exigeaient que ce lieu soit transformé en mosquée, un couple britannique se voit retirer son agrément comme famille d’accueil au motif que sa « foi chrétienne l’empêchait de considérer l’homosexualité comme normale » -, une haine de soi « oublieuse » – en décembre 2010, la Commission européenne a édité un agenda où figurent toutes les fêtes religieuses à l’exception des célébrations chrétiennes » et distribué à 3,2 millions de collégiens et de lycéens -, attaques contre la personne du Pape, mythe du complot visant une Eglise diabolisée (best-sellers de Dan Brown), etc.

Utiles pour le lecteur : les annexes – dont le « Pacte d'Omar » sur la dhimma - l’index et le glossaire de ce livre remarquable de concision et d'érudition.

Lors d'une conférence à l'Amitié judéo-chrétienne de Boulogne-Billancourt le 17 janvier 2012, Alexandre del Valle a déploré l'attitude pour le moins frileuse de l'église catholique et des chrétiens français, et souligné la dynamique à initier pour vaincre cette christianophobie.

 

Un avenir sombre

Ajoutons à ce sombre tableau, la persécution en Europe de musulmans convertis au christianisme : l'apostat est considéré comme un crime punissable de mort par l'islam.

 

La persistance des crises - notamment économique et financière - dans l'Union européenne engagée dans Eurabia, le spectre d'un nouveau califat, la puissance politique de la Russie, le pouvoir économique de la Chine, la crainte de la puissance nucléaire de la Corée du Nord, les pétrodollars ou gazodollars stratégiquement investis (Qatar, etc.), les  conséquence du  « printemps arabe » et notamment la victoire des islamistes en Tunisie et en Egypte - et bientôt en Libye ? -, le sentiment de culpabilité d’Etats européens à l'égard du Tiers-Monde, le refus de l'OTAN de reconnaitre l'échec de ses interventions en 1999 au Kosovo qui pratique l'épuration ethnique ou plutôt religieuse en persécutant les chrétiens(Albanais catholiques, Serbes, etc.)… Tous ces faits se conjuguent pour celer ces drames et les laisser perdurer.

 

Pour combattre cette christianophobie, les chrétiens demeurent divisés, parfois réticents à s’allier avec les Juifs, et malhabiles dans leur communication en direction d'Occidentaux déculturés.

 

L’Occident se doit de demeurer fidèle à la liberté de critiquer les religions, donc de refuser de rétablir le délit de blasphème - un blasphème dont est accusée à tort la jeune Asia Bibi au Pakistan. Si l’Europe continue à se taire, elle risque un "naufrage moral et spirituel, plus nocif encore que la crise économique », estime le professeur Massimo Introvigne qui insiste sur la nécessité de « communiquer les données des crimes contre les chrétiens » sans euphémisme.

 

Parmi les voies pour lutter contre cette christianophobie :  l’affirmation par l’Occident de son identité, de ses valeurs et de son passé, la lutte contre les idéologies politiques ou/et religieuses fanatisant les tueurs, ces régimes autoritaires ou dictatoriaux, ces mouvements extrémistes, une réforme de l’islam afin d’établir des relations d’égalité entre musulmans et non-musulmans, et l’écriture d’histoires nationales sans tabou ni « vérité officielle », donc le refus du « mythe al-Andalus » de la tolérance islamique idéalisée sous domination musulmane.

En juillet 2012, Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès du Conseil onusien des droits de l'homme à Genève, a déploré les violences contre les chrétiens dans le monde.

 

Alexandre del Valle, Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? : La nouvelle christianophobie. Préface de Denis Tillinac. Maxima Laurent du Mesnil éditeur, 2011. 360 pages. ISBN : 978-2840016946

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