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DIAPOSITIVES, par Albert Simeoni

DIAPOSITIVES, par Albert Simeoni

 

 

Du temps vécu et passé, j’ai gardé des images, des souvenirs ineffaçables qui donnent à ma nostalgie un parfum ‘naphtaliné’.

Aurais-je vécu dans un désert, que je rapporterai la vie des insectes, des rampants et autres petits mulots souverains dans cette immensité où l’écho du vent se fait seigneur. Et même la voix de D ieu.

Je rapporterai l’écho du vent et dessinerais les pas des chameaux imprimés sur le sable chaud des ergs et des regs. Aurais-je vécu sur la mer, sur un radeau, un rafiot comme Alain Bombard, que je raconterai la couleur des profondeurs marins, des courants, des levers de soleil, des aurores, des couchants, des poissons de passage, des navires croisés au large et des bouteilles à la mer à la merci des remous et les chants traitres des sirènes sans oublier tous les Dieux des océans.

Oui, je témoignerai de tout cela modestement, sobrement avec mes fautes mais sans faute.

Dans mon ancienne ville, citée, celle des milles merveilles où les fous et les normaux aimaient à se côtoyer, les cafés ont joué un grand rôle dans la convivialité.

Chaque quartier avait son café ou sa brasserie, son décor et sa clientèle.

Les cafés étaient les lieux de divertissements aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Des familles entières s’y attablaient et bien souvent les voisins s’associaient à la table ronde en fer et aux chaises faites du même métal.

Les épouses, souvent mères de famille nombreuse, trouvaient là une sorte de récréation après une journée de dure labeur. Les époux étaient de la fête et toutes les conversations tournaient souvent autour, non pas de la politique du jour, mais des rumeurs qui circulaient. As-tu entendu pour celui là, pour celle là. On compatissait pour un défunt, on faisait l’éloge d’un mariage, la critique étaient de bon temps alors que pendant ce temps, les enfants s’amusaient autour des chaises et tables à collecter toutes sortes de bouchons de soda pour le plaisir de les collectionner ou alors gratter le liège, l’envers du bouchon, dans l’espoir de remporter un lot . Le marketing et la concurrence entre grandes marques allaient bon train.

Lorsque la famille tardait trop à rempiler, les petits, faute de lits, s’accommodaient du sommeil tordu sur deux chaises en bois rapprochées et lorsque arrive le moment de partir, le papa prenait son fils dans les bras, en lui disant ‘…Smala ââlic ye ouldi… !’ Que D ieu soit avec toi et au cas, où l’enfant se réveillait incidemment en pleurs, le papa ajoutait ‘….Chut mon fils, il pleut, voilà on rentre à la maison… !’

Cette ondée imaginaire faisait taire l’enfant.

Le café était un lieu où le masticage des pépites ( gloubs, blanches ou noires) étaient reconnue comme faisant partie comme denrée importante dans la détente.

Les anciens mandarins chinois, propriétaires des vastes champs de pastèques, melons ou courges ( krââ) offraient à leurs arracheurs une partie de leur récolte sous condition, celle de rapporter les pépites. Dans le but précis, de se détendre. Les tunes ont suivi cette tradition venue de Chine.

Je ne connais pas de café uniquement pour les jeunes ou de bars à alcool où ces derniers s’enivraient à outrance.

J'ai connu des matins où les cafés étaient prit d’assaut pour des parties de belote, de chkob, de rebbi, de jacquet, de rami etc…Mais pas de tripot. J’ai connu des brasseries où le midi l’épouse aimante apportait sa metfouna d’ harissa ragout de blé cuit dans sa sauce, sa tfina nikitouch, parfois un tajin de akoud (ragout fait d’anneaux de tcar (pénis de bœuf) le summum de l’apéro. Plat souvent mal vu par le proprios du café qui y voyait là une concurrence déloyale à sa cuisine mais bon joueur, il fermait les yeux pour cause de vente de huitième de boukha qui s’entassaient les uns sur les autres.

Parfois les époux pour ne pas être pris par leur femme, ordonnaient au serveur de ‘balayer’ le monticule de bouteilles avant que n’arrive le scandale.

Du coté de la PICCOLA SICILIA, les italiens et les maltais adorateurs de la bière et du vin, de la bonne chaire fraiche du poisson en tout genre sentaient la bonne marée de notre pays de cocagne. Ils avaient le monopole du poisson sur les quais de la Goulette. Les cafés mais plus les brasseries étaient fréquentés que par les hommes. Rares étaient les épouses autour de leur table à kif. Les adorateurs du poulpe, des ‘trillias’, des coquillages etc… Sans oublier le bon vin de la bonne treille ont marqué de leurs indélébiles affections, respect et gentillesse ce petit coin de paradis terrestre que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. A la veille du 15 AOUT, jour de l’Ascension et de la sortie de la MADONNE DE TRAPANNI, je leur présente mon profond respect. Sans eux la Goulette se serait trouvée, handicapée d’un énorme apport culturel.

Beaucoup d’entre eux étaient mes compagnons de classe et de jeux.

A Norito, à Buffa Rita, aux deux sœurs MARIE Croce, à Baldaquino, Camilléri etc…Un salut de ma part.

Il y a des vents qui passent et ne laissent pas d’empreintes mais celui dont je vous parle s’inscrit sur tous les murs de nos souvenirs. Et il risque encore de trouver de nouvelles pierres pour mieux soutenir sa fondation.

Albert Simeoni. 

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Bonjour Albert, j'adore tes descriptions et petites histoires sur la Goulette . Elles sont le reflet de mon enfance et de ma jeunesse, la douceur de vivre les bruits et parfums de ce coin de paradis l'été...Tu es un artiste un poète tu sais traduire tous ces sentiments et souvenirs .Tu ne te souviens peut-être pas de moi. Nous étions dans la même classe en 2nde et en 1ère à Carthage puis la Marsa. Je suis Yolande Lévy (épouse ,séparée Zeppenfeld). Après maintes péripéties (Centrafrique,Allemagne) je vis en région parisienne.(Courbevoie). J'ai 3 enfants et 6 petits-enfants et, bien qu'à la retraite, peu de temps libre.
Cela dit je serais heureuse d'avoir des nouvelles des élèves de notre classe.que sont-ils, et elles, devenus? ...et toi comment vas-tu? as-tu gardé contact avec Charles Hadock ton copain inséparable? Personnellemnt j'échange de temps en temps des mails ou appels téléphoniques avec Mirèio Jolivet qui vit en Hollande. Voilà! si tu as envie tu peux me joindre à l'adresse email:yoleveld@gmail.com ça me ferait bien plaisir.
à bientôt peut être
yolande

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