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Et te voici permise à tout homme : Eliette Abécassis continue de dépeindre le combat d’une femme juive pour obtenir le divorce

 

Eliette Abécassis continue de dépeindre le combat d’une femme juive pour obtenir le divorce

Après « Une affaire conjugale » (Albin Michel, 2010), Eliette Abecassis continue son enquête minutieuse dans le cœur d’une femme juive qui tente de divorcer du père de son enfant. « Et te voici permise à tout homme » est en quelque sorte la suite du précédent opus et raconte la difficulté du divorce pour une femme juive et croyante à qui son mari refuse le divorce religieux. Parution le 18 août chez Albin Michel.

Ils ne s’appellent plus Agathe et Jérôme mais Anna et Simon. Il ont la garde alternée de leur fille, Naomi, depuis leur divorce civile, il y a trois ans. le divorce religieux traîne, ce qui ne dérange pas Anna outre-mesure, alors qu’elle panse ses plaies en travaillant d’arraché-pied dans sa petite libraire du marais. Jusqu’à ce que le beau Sascha, juif plus libéral et reporter pousse la porte de la libraire et donne envie à Anna de redevenir un femme entière. Anna apprend alors qu’elle ne peut même pas voir Sascha avant que le divorce religieux d’avec Simon soit prononcé : si par mégarde des ragots circulaient sur elle et Sascha, elle n’aurait jamais le droit de devenir sa femme. Et si un enfant naissait de leur liaison, il serait bâtard pour 10 générations aux yeux de la loi juive. Anna mène donc un nouveau combat auprès de son ex-mari, pour qu’il lui accorde le divorce juif, le Guet. Elle est même prête à acheter très cher sa liberté auprès d’un ex-mari qui se montre aussi lâche, veule et destructeur que dans le volume précédent.

Dans un style toujours très simple, magré les nombreuses références à la loi juive, Eliette Abécassis dépeint une réalité trop peu connue : si dans le judaïsme,le divorce existe bien, il est accordé de manière unilatérale par le mari qui doit le permettre en toute libre-conscience. Alors que lui même, héritage de la polygamie de l’Ancien Testament, peut refaire sa vie, sa femme lui appartient à vie et ne peut refaire la sienne tant que le divorce religieux n’est pas prononcé. Or, sauf quelques exceptions extraordinaires, les rabbins français semblent assez imperméables à la douleur des femmes enchaînées à vie à un homme qu’elles n’aiment plus. Alors même que le risque est simplement que ces femmes cessent de croire et d’appartenir à la communauté juive, puisque paradoxalement un enfant d’une femme non divorcée devant le consistoire avec un juif est un « bâtard » tandis que l’enfant qu’elle aurait avec un non-juif ne porterait pas ce sceau de l’infamie. Sur un mode plus « communautaire » que dans « Une affaire conjugale » Eliette Abécassis dépeint avec une vérité touchante le combat d’une femme pour recouvrer sa liberté. Il lui faut rivaliser d’astuces légales pour parvenir à ses fins. Et le roman s’ouvre à l’universel, avec le joli personnage de Sascha, qui, venu d’une famille juive ashkénaze non pratiquante, a du mal a comprendre els doutes de sa dulcinée.

Eliette Abécassis, « Et te voici permise à tout homme », Albin Michel, 200 p., 17 euros. Sortie le 18 août 2011.

« L’avocate m’avait dit que l’appartement me revenait dans le partage du patrimoine. Alors je lui avais répondu que je désirais tout laisser à Simon. Elle m’avait regardée, l’air interloqué. Cette femme d’uen soixantaine d’années, élégante, déterminée, active dans la défense du droit des femmes, ne comprenait pas vraiment quel était le problème avec le guet.

- C’est important pour vous? dit-elle, incrédule.

- Oui. C’est pour cette raison que mon ex-mari fait traîner la procédure. Il a dit aux rabbins que nous n’arrivons pas à nous entendre au sujet du partage patrimonial, c’est pourquoi il ne peut pas me donner le guet. Il faut donc en terminer le plus vite possible. » p. 95

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