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L'Internationale Jihadiste

L'Internationale Jihadiste

 

 

 

 

Après l'intervention américaine en Irak contre Saddam Hussein en 2003, ce dernier, bien que laïc, a favorisé la création d'une milice jihadiste contre l'occupant, "Jamaa't Jaysh al Sunna wal Jaméa'h", armée de l'Islam sunnite et de la mosquée, dirigée par le jeune Abou Baqr al Baghdadi, de la tribu al BouBadri de Samarra, issue du prophète Mahomet.

Fait prisonnier pendant une dizaine de mois, puis libéré, parce que "ne constituant pas une menace sérieuse", al Baghdadi s'associe à al Qaeda en 2006 pour former "Majlis shourat al Moujahidine" ou "Assemblée Conseil des jihadistes".

En Syrie/Irak opère depuis la rébellion contre les al Assad une autre milice qui a des ambitions plus larges, l'Isis ou "l'Etat islamique d'Irak et de Syrie" et son chef Abou Omar al Baghdadi meurt en 2010. Abou Baqr al Baghdadi lui succède. Depuis cette date jusqu'à l'annonce du Califat fin juin 2014, ce dernier agit dans le silence et réussit par la force brutale à rassembler un grand nombre de tribus sur un territoire correspondant au tiers de l'Irak/Syrie, en s'assurant du contrôle de puits pétroliers et en dévalisant nombre de banques. Les officiers sunnites de l'armée irakienne mis à l'écart par les Américains et par le gouvernement Maliki lui font allégeance avec leur matériel militaire.

Le Pentagone, aujourd'hui, annonce qu'Abou Baqr al Baghdadi "constitue une menace très sérieuse pour l'Occident".

 

Mais cet épisode n'est qu'une suite des différentes tentatives de reconstitution du Califat après sa chute lors de la 1ère Guerre Mondiale et sa dissolution par Kemal Ataturk en 1924 à Istamboul. La création de la Confrérie des Frères Musulmans en 1928 à Alexandrie n'était que le début d'un long processus de prise du pouvoir dans tout le Moyen Orient qui a failli se réaliser à partir de l'Egypte, après ledit "Printemps arabe".

Dans le même esprit Nasser dans les années 50/60 a voulu reconstituer sans succès une nation arabe en voguant sur la vague nationaliste de l'époque. Le parti national-socialiste Baath a essayé de former sans succès un croissant fertile arabe entre l'Irak et la Grande Syrie. La nébuleuse terroriste al Qaeda qui essaime un peu partout n'est mue que par le désir de reconstituer une unité islamique au Moyen Orient d'abord, puis dans le monde.

 

En fait le "jihad" est de nouveau en marche depuis sa défaite d'il y a un siècle. Mais cette défaite n'était que l'aboutissement d'un long processus d'affaiblissement du califat depuis une dizaine de siècles, et qui a vécu des heures de gloire lors des premiers siècles de l'Islam qui l'ont vu conquérir aisément une grande partie du monde connu (1).

 

Aujourd'hui, Abou Baqr al Baghdadi ou Calife Ibrahim demande l'allégeance des Musulmans du monde entier au Califat qu'il vient d'annoncer, en s'autoproclamant Calife des Croyants et en appliquant les lois ancestrales de la sharia'h qui, entre le 7ème et le 11èmes, ont montré leur efficacité.

 

En Islam sunnite, un Calife est choisi parmi les hommes les plus capables et les plus pieux de la Communauté. C'est un chef à la fois politique, militaire et religieux qui gouverne selon les lois du Coran et du Hadith, la "voie tracée" par les Anciens.

Or ni l'Arabie Saoudite, antre de l'Islam sunnite, ni les émirats de la péninsule, ni l'Iran shiite, ni al Qaeda -- qui rejettent les méthodes expéditives du nouveau calife -- ne reconnaissent ce califat.

Les seuls états qui le soutiennent sont la Turquie sur le plan militaire et le Qatar sur le plan financier (2).

Parmi les organisations terroristes favorables, nous trouvons:

- le Hamas à Gaza qui a envoyé un contingent se battre au nord de la Syrie, la brigade de Sheikh al Nour al Maqdissi

- en Indonésie des milliers de jihadistes lui ont fait allégeance, un effort de recrutement particulier ayant été consenti dans les 16 provinces

- aux Philippines, les jihadistes d'Abou Sayaf et d'autres groupes terroristes ont fait allégeance

- en Jordanie, un groupe salafiste de 6000 membres à Maa'n et Zarqa intitulé "Fils de l'Appel pour l'Unité et le Jihad", a lui aussi fait allégeance

- en Egypte, au Sinaï, appuyé par des tribus locales, le groupe "Ansar al Dawla al Islamiya fi Bayt al Maqdis" est affilié au Califat.

- au Nigéria, le Chef de Boko Haram, Abou Baqr Shekaw soutient le nouveau califat et a mis une nouvelle ville conquise, Gwoza, sous son obédience.

 

Le Califat d'Abou Baqr al Baghdadi trouve de la sympathie auprès de certains groupes d'al Qaeda, comme l'Aqap au Yémen et auprès de la Confrérie des Frères Musulmans, considérée comme un groupe terroriste par l'Egypte, l'Arabie et les Emirats Arabes Unis.

 

Abou Baqr al Baghdadi a réussi à conquérir un territoire conséquent avec une vingtaine de milliers d'hommes venant de dizaines de pays, et des moyens financiers et militaires non négligeables. Il consolide ses acquis pour le moment, ne cherche pas s'agrandir et compte les allégeances. Mais il ne s'arrêtera pas là où il se trouve, s'il ne rencontre pas de résistance. Aujourd'hui, on ne voit qu'Israël contre le Hamas et les peshmergas kurdes en Irak, à condition qu'on leur donne des armes modernes, au moins équivalentes à celles récupérées par le Califat. Les timides frappes américaines ne sont que de la poudre aux yeux et on se demande à quoi joue Obama.

Par Albert Soued, écrivain, http://soued.chez.compour www.nuitdorient.com

(voir aussi www.nuitdorient.com/n28101.htm&PPPPP N° 112 & PPPPP N° 113  )

 

Notes

(1) Al Jazeera, télévision du Qatar, a diffusé le 21/6/14, le discours du Pr Mohamed Malkawi, fondateur de l'organisation "Hizb al Tah'rir" (parti de la libération), basée à Chicago et dédiée à l'installation non violente de la Sharia'h aux Etats-Unis et dans le monde. "… Après que l'Islam eut atteint le sommet de sa gloire et que les Musulmans étaient les maîtres du monde, vint un temps où les Infidèles conspirèrent contre les Musulmans, qui avaient sombré dans un profond sommeil. La Grande Bretagne a conspiré, avec des collaborateurs et des traitres arabes et turcs, ce qui mit fin au Califat islamique et à sa Gloire…"

 

(2) - Le président Obama a choisi la Turquie et le Qatar comme intermédiaires aux négociations entre Israël et le Hamas !

Mahmoud Abbas est reçu par l’émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad al Thani, lors d’une audience privée. Au sein de la délégation de l’AP, on fait plus que murmurer que c’est le cheikh al Thani qui donne ses ordres à Mashaal et que c’est lui qui aurait fait capoter la négociation, alors que les délégations s’apprêtaient à signer un document d’entente. Il aurait menacé Mashaal de couper les fonds à son organisation, et même de l’expulser de son émirat, au cas où un accord aurait été signé dans la capitale égyptienne,  sous les hospices du président égyptien Abdel Fatah al Sissi, le pire ennemi de Thani dans le monde Arabe.  
 - "Le Qatar est en passe de devenir le plus grand bailleur de fonds du terrorisme dans le monde, juste derrière l’Iran", a dénoncé Ron Prosor, délégué israélien à l'Onu, lors d’une conférence de presse au siège du Conseil de sécurité des Nations-Unies. "Avec sa puissance financière, il peut tout acheter, tout menacer et tout corrompre comme on le voit pour la Coupe du monde 2022 ", a-t-il accusé. Ron Prosor a accusé Doha de financer massivement l’appareil terroriste du Hamas, y compris le creusement de tunnels et l’achat de missiles et de lance-roquettes.

 

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