Marseille : le rav Avraham Meimoun est décédé

 Marseille : le rav Avraham Meimoun est décédé

Par Michaël Lévy

La nouvelle s’est répandue à la vitesse grand V dans la communauté juive. Le rav Avraham Meimoun connu dans tout Marseille et bien au-delà est décédé à son domicile hier soir vers 22h d’une crise cardiaque. Dès l’annonce de son décès, des centaines de fidèles de la communauté de la Rose, où il officiait, et de nombreux juifs de tout Marseille, ont tenu à lui rendre hommage en se rassemblant devant son domicile.

Âgé de 82 ans, Rav Meimoun, né à Tunis, était arrivé à Marseille au début des années 60 avant de devenir le rabbin de La Rose en 1975. "Un homme humble, fédérateur, qui ne jugeait aucun juif quel que soit son degré de religion", aiment à répéter tous ceux qui l’ont connu.

"Marseille et la communauté juive perdent une immense autorité spirituelle, une personne hors du commun, reconnue pour son humanité, son savoir, sa sagesse", a réagi ce matin dans un tweet la présidente DVD de la Métropole et du Département Martine Vassal. "C’était un guide, un père aimant pour beaucoup d’entre vous avec son sourire si doux, sa générosité de cœur, sa gentillesse, son don de lui…! Un pilier s’en est allé", a pour sa part commenté sur le même réseau social le président DVD de la Région Renaud Muselier.

Marié, père de deux enfants, grand-père et arrière grand-père le rav Meimoun sera enterré très prochainement en Israël. Il laisse derrière lui toute une communauté orpheline.

Commentaires

Member for

13 années 1 mois
Permalien

Abba, Papa,‎
Ça me fait très bizarre de te parler en français mais surtout ‎de te parler alors que tu n'es pas en face de moi.‎ Je n'ai pas encore réalisé ton départ.
Tout le monde te connait comme une personnalité ‎publique. On t'appelait "le Rav Meimoun", ou "Rabbi" ou ‎‎"Rav". Tout le monde te connait pour tes activités depuis ‎‎45 ou 50 ans pour la communauté de Marseille. Tu étais le ‎rabbin de tout le monde: hommes et femmes, jeunes et ‎vieux, riches et pauvres, religieux et anti-religieux, juifs et ‎pas juifs… ‎
Peu de personnes dans le monde ont aimé les gens ‎comme toi tu les as aimés. Tu aimais tout le monde, sans ‎la moindre exception, tu ne les jugeais jamais. Tu étais ‎tout aussi strict avec toi-même que souple avec les autres. ‎Tu montrais l'exemple sans jamais rien demander ou ‎imposer aux autres.
Si tu avais seulement aimé les gens, dayénou, ça aurait ‎suffi. Mais aussi tu écoutais toute personne qui venait te ‎voir et tu faisais ton possible pour l'aider, quel que soit le ‎jour, quelle que soit l'heure. Tu les aidais à toutes les ‎étapes de la vie, aussi bien joyeuses que tristes: la brit, les ‎mariages, les problèmes de couple, les maladies, les ‎problèmes de famille, tu allais dans les hôpitaux et dans ‎les prisons pour soulager ceux qui étaient en détresse, tu ‎as accompagné des milliers de personnes dans leur ‎dernier souffle et tu t'occupais même de la toilette des ‎morts.‎
Tout ceci sans jamais demander ou attendre la moindre ‎contrepartie de qui que ce soit, seulement par amour et ‎compassion pour ton prochain. ‎
Si tu avais seulement passé ta vie à aimer et à aider les ‎gens, dayénou, ça aurait suffi. Mais tu as aussi élevé ‎plusieurs générations d'étudiants qui poursuivent et ‎poursuivront tes actions en France, en Israël et dans le ‎monde.‎
Si tu avais seulement élevé des générations d'étudiants ‎dayénou, ça aurait suffi. Mais tu as aussi fait créer des ‎institutions là où il n'y en avait pas: synagogue, écoles, ‎mikvé, maison de retraite, lieux de rencontres pour jeunes ‎ou pour retraités, hevra kadisha, aide aux nécessiteux...‎
Si tu avais seulement créé ces institutions dayénou, ça ‎aurait suffi. Mais tu étais aussi un érudit comme il y en a ‎peu dans le monde, dans plusieurs domaines, y compris la ‎thora et la médecine grâce à ta mémoire absolue, ton ‎intelligence, ta force de volonté et ton expérience de vie. ‎Tu avais la capacité de trouver la moindre faille pour aider ‎des gens que tu ne connaissais même pas.‎
Des dizaines de milliers de personne de tous horizons et ‎de toutes religions peuvent témoigner de ta bonté, de ta ‎générosité, de ta sagesse, de ta simplicité, de ton humilité, de ta recherche constante de paix...
Mais pour moi tu n'as jamais été le Rav Meimoun. Tu as ‎toujours été Abba, mon Papa, mon père. Depuis mon premier jour tu as ‎changé mes couches alors qu'à cette époque il n'était pas ‎habituel que les hommes le fassent. Un père qui ne parle ‎pas beaucoup, toujours discret mais toujours présent ‎quand on a besoin de lui, même à des milliers de ‎kilomètres de distance. Un père qui savait quand soutenir ‎ses enfants sans même qu'on ait besoin de lui demander. ‎Un père qui s'intéressait et qui était fier de ses enfants, de ‎ses petits-enfants et même de son arrière-petit-fils qu'il a ‎eu la joie de connaitre. Jamais tu ne m'as rien imposé. Tu ‎expliquais logiquement et tu donnais un exemple ‎personnel. Si je ne suivais pas tes conseils, tu ne te mettais ‎jamais en colère et tu soutenais mes choix. Il s'est avéré à ‎postériori que tous tes conseils étaient justes, y compris ‎ceux que tu me donnais à l'âge où les enfants ont ‎tendance à ne pas écouter leurs parents. Lors d'une ‎discussion que j'avais eue avec toi sur le fait que je ne suis ‎pas religieux et que je ne suis pas ta voie, tu m'as répondu ‎gentiment "si tu es heureux comme ça, je le suis pour toi".‎
C'est vrai, moi et ma famille aurions voulu être beaucoup ‎plus souvent avec toi. Mais la distance physique, toi en ‎France et nous en Israël, tes activités publiques et ma vie ‎quotidienne ont fait que cela ne s'est pas fait. Je n'ai pas ‎assez de mots pour te dire comme je le regrette, d'autant ‎plus que je devais venir à Marseille dans deux semaines et ‎que nous nous réjouissions de nous revoir.‎
Après une vie tellement remplie où tu as vu des joies et ‎des peines, tu as le droit de te reposer. Tu es parti comme ‎un tsadik, un saint, en une seconde, sans souffrir et sans ‎passer par une étape difficile où tu aurais eu besoin de ‎soutien. C'est toujours toi qui a soutenu les autres, jamais ‎le contraire. Tu as décidé de partir le même jour que ta ‎mère dont tu as hérité l'amour des gens et de la Terre ‎d'Israël. Tu es maintenant enterré dans cette Terre que tu ‎aimais tant mais dont tu t'étais physiquement éloigné ‎pour y ramener des milliers de juifs et des dizaines de ‎milliers de leurs descendants.‎
Parmi les deux plus grands enseignements que je ‎retiendrai de toi, c'est tout d'abord l'action: "quand il y a ‎quelque chose à faire, même si elle est dure ou ‎déplaisante, fais-le toi-même. N'attends pas que ‎quelqu'un le fasse, fais-le et montre l'exemple."‎
Le deuxième enseignement que je retiens est que Toi, ‎rabbin, grand homme de Thora, tu nous as ‎quotidiennement montré que le plus important dans la ‎Thora n'est pas la Thora. Le plus important dans la Thora ‎c'est l'être humain.‎
Je voudrais remercier toute la communauté qui m'a ‎soutenu dans cette épreuve très difficile. Je voudrais aussi ‎remercier Monique pour t'avoir accompagné depuis 40 ‎ans, il n'est pas facile d'être la femme d'un homme public ‎tel que toi.‎
Papa, je t'aime et tu vas énormément me manquer. Je n'ai ‎qu'une seule et unique demande à te faire: agis de là où tu ‎es pour le bonheur et la santé de tes petits-enfants.‎
 
Elie Meimoun

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour verifier que vous etes une personne et non une machine et ce, pour empecher tout envoi de spam
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.
Français