Habit traditionnel : "Maryoul Fadhila", le tricot typiquement tunisien, du vintage à l'intemporel

Habit traditionnel : "Maryoul Fadhila", le tricot typiquement tunisien, du vintage à l'intemporel

- A l'occasion de la journée nationale de l'habit traditionnel tunisien, célébrée le 16 mars, l'Agence Anadolu revient sur l'histoire du fameux "Maryoul" qui continue à faire craquer les plus branchées.

Hend Abdessamad

"Je t'aimais tellement, on avait pas beaucoup d'argent mais c'était bien quand même", lâche une jeune femme avec une chevelure blonde volumineuse, ourlée d'un tricot rose poudré finement strié, avec ouverture boutonnée sur le décolleté, un "Maryoul Fadhila". Elle, c'est Brigitte Bardot. Interprétant le rôle de Camille Javal dans le film franco-italien "le Mépris", elle avait choisi de mettre une pièce de l'habit traditionnel tunisien par excellence.

Icône de la mode des années soixante, "BB", comme on l'a toujours surnommée, n'était pas la seule star ayant flashé sur le tricot tunisien, l'actrice italienne Claudia Cardinale, l'actrice américaine Jane Fonda et l'actrice française Catherine Deneuve ont, elles aussi, porté le pull typiquement tunisien. La gent masculine était également tombée sous le charme de ce fameux "Maryoul", comme le chanteur britannique Mick Jagger ou encore le tennisman français Yannick Noah.

Ce "Maryoul" tunisien en cotonnade avec un col rond et des boutons se distinguant par ses rayures fines sur fond uni blanc ou coloré et qui a ébloui les grandes célébrités, est beaucoup plus qu'une simple histoire de mode.

- Fadhila, l'originelle

L'histoire raconte qu'avant la Seconde Guerre mondiale, un artisan juif tunisien avait amoureusement confectionné un tricot en coton pour sa bien-aimée. Cette femme, oudiste passionnée de théâtre, de danse et de chant, est Fadhila Khetmi, la fille de la chanteuse et danseuse d'origine turque, vedette des "Kafichantas" (cafés-chantants) de Tunis, Nesriye Frawlou.

D'une crinière brune crêpée avec de grands yeux noirs, l'artiste ayant interprété les rôles de Cléopâtre de William Shakespeare et celui de Dolorès dans "Patrie" de Victorien Sardou, était la première femme tunisienne à créer en 1928, une troupe théâtrale.

Animatrice radio également, Fadhila, un personnage public à l'époque, connue pour son élégance et sa féminité, a rendu célèbre le "Maryoul" qui a fini par porter son nom. Depuis, il est devenu l'habit typique des femmes tunisiennes par excellence.

- Du vintage à l'intemporel

Porté toujours au-dessous de la tenue traditionnelle comme la "Fouta et Blouza" ou au-dessous de la ”Mélia“, par des femmes de toutes les tranches d'âge, la génération 2000 l'a découvert dans les feuilletons ramadanesques tunisiens tournés dans les maisons arabes de la Médina, ou encore sur les photos des arrières grand-mères dans les albums de famille.

En 2016, ce patrimoine vestimentaire fait son come-back quand plusieurs créateurs et stylistes tunisiens l'ont invité sur le podium des grands défilés comme la Fashion-Week où il a refait surface en version classique et revisitée.

"Maison Fadhila", "Magasin Fadhila", "Fadhila Concept Store" et plusieurs autres brands ont été lancés proposant des pièces uniques, où le tissu type du fameux "Maryoul" est ressuscité en "Jebba", en robe, en jupe et même en maillot de bain.

"Maryoul Fadhila" est également la grande tendance dans le "Hammam" (bain maure) des mariées, où les demoiselles d'honneur portent le tricot au-dessous du Safseri (voile traditionnel féminin tunisien).

Cet habit est confortablement porté de nos jours seul, sans la "Fouta et Blouza", qui est un ensemble composé d'une longue jupe et un haut en maille fine recouvrant toute la poitrine, mais avec un pantalon, une jupe ou un short.

"Maryoul Fadhila" avec sa coupe près du corps et son col rond a inspiré plusieurs stylistes au-delà de la Méditerranée. D'ailleurs, tout col rond fermé par une patte de boutonnage verticale jusqu’au milieu de la poitrine est appelé col tunisien. En 2017, le col tunisien inspiré du vêtement traditionnel a fait partie des collections homme des grandes marques comme Emporio Armani, Paul & Joe ou encore Esprit.

Le fameux tricot à rayures, pièce phare d’une mode révolue, a su, ainsi, faire son come-back pour rester dans l'air du temps. L'artisan juif que la légende dit amoureux de Fadhila Khetmi n'aurait jamais soupçonné un aussi fabuleux destin pour son petit cadeau d'amour.

 

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour verifier que vous etes une personne et non une machine et ce, pour empecher tout envoi de spam
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.
Français