Géographiquement, la Tunisie reste la même... mais son âme a changé....
C'est ce que j'ai ressenti lors de mes voyages en Tunisie...
Cette vieille dame en décrépitude ne ressemble pas à ma mère, elle est acariâtre, insolente, et ne me reconnait plus...
J'ai eu beau la rechercher et essayer de la retrouver de mille façons.
La réalité m'a renvoyé une image amère et repoussante, j'étais devenu "l'étranger"...
Et pourtant...
Elle a été le berceau de mes ancêtres, celui de mon père et de ma mère et de mes frères et sœur, celui de mes cousins et amis...
Nous avons tous chéri et aimé la fraternité, la tolérance réciproque dans le respect mutuel, une convivialité dans la générosité...
Cependant, très jeune, j'avais pris conscience de l'injustice des classes sociales établies par le "Protectorat" Français.
Le jour où Pierre Mendes France par son discours du Bardo le 31 juillet 1954 avait établi l'autonomie puis l'indépendance de la Tunisie vis à vis de la France qui allait survenir deux ans plus tard, j'étais d'une certaine façon, heureux car j'espérais que cette frange de population qui vivait en dessous du seuil de pauvreté allait réussir un jour à survivre dans de meilleures conditions et avec un statut social plus évolué.
Mais à présent...
Que reste t- il ...ou plutôt qu'en est-il de cette dite civilisation peu ordinaire disparue ?
Une sorte de guillotine est tombée.
Le passé et le présent semblent ne plus avoir de liens.
Tout est nouveau. !
Il est normal et naturel que de nouvelles générations d'hommes et de femmes se soient établies dans un état d'esprit nouveau...
Une volonté de progrès.
Une abondance de jeunes sortis des Universités.
Une élite professionnelle dans tous les domaines.
Une démographie très généreuse.
Malheureusement,
Le tout vit actuellement dans une situation de détresse économique et un régime politique corrompu.
Cette population qui se cherche, soumise à l'incohérence des gouvernants, est désespérée.
Cette population qui a renié et effacé son passé historique par le coup d'éponge des islamistes...
Les jeunes à mon grand désespoir ignorent, pour la grande majorité, les racines de la civilisation tunisienne.
Et pourtant, je voudrais leur dire que cette Tunisie, creuset de tant de populations de diverses origines, a su garder son âme...
Elle a une résilience séculaire...
Donc, qu'ils ne désespèrent pas...Un jour où l'autre ils retrouveront cette âme.
Cela me rappelle l'histoire de ce vieil homme qui tient par la main sa vieille épouse atteinte de la maladie d'Alzheimer à qui l'on demandait : "Si elle ne vous reconnait plus, pourquoi lui restez-vous attaché ?
Et le vieil homme de répondre : " Si elle ne sait plus qui je suis, moi je sais qui elle est"
Cette Tunisie, je l'aime car lui suis resté attaché par mes racines...
Et elles sont profondes...
Mon père est mort de chagrin à la suite de son déracinement...L'histoire a fait son choix.
Mais je ne pourrai jamais renier ma Tunisie même si aujourd'hui, elle ne me reconnait plus.
Envoi anonyme