Décès de Mohamed Masmoudi : Le compagnon terrible de Bourguiba
L’ancien ministre des Affaires étrangères de Bourguiba, Mohamed Masmoudi est décédé lundi à Mahdia à l’âge de 91 ans. Proche compagnon du Combattant suprême qu’il accompagnera dès la fin des années 1940 dans son périple arabe jusqu’à l’Arabie Saoudite, il participera activement aux négociations pour l’autonomie interne de la Tunisie et fera partie du gouvernement de Taher Ben Ammar en qualité de ministre de l’Economie. Au lendemain de l’indépendance, il sera secrétaire d’Etat à l’Information (1958 – 1961), avant d’être nommé ambassadeur à Paris (1965 - 1970).
De retour à Tunis, il sera nommé ministre des Affaires étrangères. Dans ces fonctions, il se distinguera particulièrement par sa forte implication avec le colonel Kadhafi dans la préparation de l’Accord de Djerba, annoncé le 14 janvier 1974, et proclamant une union entre la Tunisie et la Libye. Le projet avorté, Masmoudi sera limogé. Commencera alors pour lui un long exil le conduisant notamment en France et aux Emirats arabes unis.
Très proche de la classe politique française, sous la IVème puis la Vème République, Mohamed Masmoudi sera l’interlocuteur privilégié de Pierre Mendès-France, Edgar Faure, Michel Debré et le Général De Gaulle. Lié d’une grande amitié avec Bouteflika, Kadhafi, Cheikh Zaied Al Nahyane et le Roi Fayçal, il jouera un rôle actif sur l’échiquier diplomatique international.
Sa proximité de Bourguiba n’a pas empêché Mohamed Masmoudi d’afficher son attachement à la démocratie et son aversion pour le pouvoir personnel. Pour l’avoir affiché clairement à plus d’une reprise, avec Béchir Ben Yahmed, fondateur d’Afrique Action qui deviendra Jeune Afrique et Mohamed Ben Smail alors rédacteur en chef, il perdra son portefeuille de secrétaire d’Etat à l’Information. En 1970, après le coup d’arrêt au mouvement collectiviste, il sera parmi les destouriens qui prônent l’ouverture du parti unique et l’instauration de la démocratie. Puis, après son limogeage à la suite de l’Accord de Djerba avorté, il se rapprochera du leader syndicaliste Habib Achour.
Homme de communication au verbe facile et la phrase percutante, Mohamed Masmoudi a également était un fin lettré, doté d’une plume élégante. Son livre d’analyse et de témoignage, intitulé « Les Arabes dans la tempête» en offre une belle illustration.