La "judéobssession", une nouvelle maladie mentale
L'Humeur du matin par Guillaume Erner
C’est une maladie qui s’installe en France et dans le monde : la "judéobsession" est là. Penser de manière obsessionnelle aux juifs, prendre tout sujet et le judaïser, remettre la synagogue au milieu du village, quel que soit le thème du moment.
Pendant longtemps, j'ai cru, pour des raisons biographiques, être le seul touché. Et puis, confidence, je me suis livré à un petit exercice et j’ai noté le nombre d’occurrences du mot juif dans l’actualité. Alors ? Alors, j'ai arrêté, parce que ça n'arrêtait pas. À chaque jour suffit son juif. Les gilets jaunes ─ vous vous souvenez, c'était il y a cinq ans, une question de prix de l’essence, de pouvoir d’achat sur les ronds-points ─ on a fini par parler des juifs, par se demander si les ronds-points étaient pro-juifs ou anti-juifs. Cela a commencé avec le diesel, ça s’est fini avec Rothschild et Attali et j’imagine que BHL était occupé.
Le Covid-19, ça vous dit quelque chose ? Il y avait, je crois, des gens pour le vaccin et d’autres contre. Même chose, ça n’a pas raté, on a fini par disserter sur la piqûre et l’antisémitisme, pourtant le virus n’était pas dénué de prépuce. Une rentrée politique, cette année ? Elle s’est faite pour savoir si un vague rappeur sur le retour était ou non antisémite.
Des juifs partout
Bref, des juifs partout ! Ce qui serait normal s’il y avait 30 millions de juifs en France, 3 milliards dans le monde, si le juif était l’alpha et l’oméga de la réalité sociale. Alors aujourd’hui, au lendemain d’une manifestation contre l’antisémitisme, la "judéobsession" ne s’est jamais aussi bien portée et les juifs sont à la une de presque tous vos journaux. Des juifs partout, de L’humanité à La Croix, comme si les juifs étaient devenus le sujet le plus politique du moment.
Dans le détail, mon camarade Jean Leymarie vous l’expliquera mieux que moi, mais pour l’essentiel, il y a les partis politiques qui étaient jadis décrits comme contre juifs et que l’on décrit désormais comme pro-juifs ─ mais est-ce sincère ? ─ d’autres partis jadis pro-juifs, désormais anti-juifs… Le Président de la République, lui, est sans opinion, il ne veut pas diviser les Français, il n’est ni pro ni anti juif. En tout cas, il n’a pas manifesté, mais il a fait une lettre, parce que lui aussi est touché par la "judéobsession". Pour toutes ces raisons-là, je rêve d’un jour où l’on ne prononcera plus le mot juif, où les juifs n’auront pas conquis le droit à la différence ─ celui-là, ils ne l’ont que trop ─ mais le droit à l’indifférence.