Le pays où les criminels vont en prison (011602/18) [Analyse]
Par Ilan Tsadik © Metula News Agency
En constatant toutes les horreurs qui ont été dites au sujet de notre Premier ministre Binyamin Netanyahu, il me semble qu’il est grand temps de régler son compte à la cabale de gauchistes de la Police, de la presse et de l’opposition qui persécute le chef de l’exécutif israélien. Plus encore, ces mécréants - leur jeu est transparent et M. Netanyahu les dénonce chaque fois qu’il prend la parole -, sont en train de tenter un véritable coup d’Etat destiné à prendre le pouvoir par des manipulations juridiques de bas étages, n’ayant pas réussi à remplacer le président du conseil au suffrage universel.
Le moment est venu de révéler au public les visages des deux protagonistes – ne devrait-on pas les appeler les chefs du complot ? – qui sont à l’origine de la recommandation de la Police, mardi dernier, d’inculper Binyamin Netanyahu dans deux affaires pour corruption, fraude et abus de confiance.
Le gauchiste de gauche (hé hé !) se nomme Roni Alsheikh, l’autre conjuré, Avichaï Mandelblit. Le second est le procureur général de l’Etat d’Israël, il a été nommé à ce poste (le félon !) par M. Netanyahu, il est Juif pratiquant et général à la retraite de Tsahal [deux qualités que l’on trouve fort rarement chez le même individu], où il a occupé, sept ans durant, de 2004 à 2011, le poste d’Avocat général militaire en chef. Cela aurait dû éveiller les soupçons depuis longtemps !
Le cas de l’autre traître est pire encore, il s’est acharné pendant des mois avec son complice Alsheikh sur les enquêtes à charge visant M. Netanyahu, que ses proches surnomment affectueusement Inmaculada Concepción, ce qui devrait suffire à établir la preuve de sa parfaite rigueur morale et de son innocence.
Roni Alsheikh n’est autre que le chef de la Police israélienne, corrompue jusqu’à l’os, parsemée de gauchistes et d’incapables, c’est Inmaculada Concepción lui-même qui l’affirme. Alors qu’importe s’il a aussi été nommé à son poste par M. Netanyahu, s’il a grandi dans le nid de vipères lubriques gauchistes bien connu qu’est l’implantation de Kiryat Araba et qu’il a étudié dans la yéshiva de l’ultragauche qu’est le Mekaz ha-Rav Kook de Jérusalem.
Qu’importe si ce sépharade internationaliste au plus profond de son ADN (son père est yéménite sa mère marocaine !), a fait son service dans la brigade des parachutistes, puis est passé commandant de la brigade du génie, avant que d’être promu commandant en second d’un bataillon. Qu’importe s’il a fait deux guerres et qu’il a quitté Tsahal avec le rang de major !
Qu’il ait obtenu une licence à l’Université de Haïfa et une maîtrise à celle de Tel-Aviv, toutes deux summa cum laude, ce qui signifie pour ceux qui ne comprennent pas le latin "à coups de pots de vin" ! Tout comme il a encore reçu une maîtrise de criminologie à l’Université hébraïque de Jérusalem, probablement au bakchich également, et des palmes académiques (pour mieux nager dans la fange) à l’Université de Pennsylvanie aux Etats-Unis.
Pas de quoi nous ébahir, toutefois, nous les vigilants ! Non plus que sa position de no.2 du Shin Bet, le contre-espionnage de l’Etat hébreu, rattaché à la Police. De là à se faire nommer à la tête de la Police, ce n’était évidemment pas très compliqué.
Quoique… privé du Shin Bet, Israël pourrait peut-être survivre pendant un mois, ce qui peut gêner la réflexion bien sentie. Et à force de parler de la corruption de la Police à tout va, Inmaculada Concepción oublie sans doute que les Gardes-frontières sont également des policiers, comme les agents de la circulation, ceux qui arrêtent les voleurs et les terroristes, de même que l’unité Lahav [lame] 433, le FBI israélien, spécialisée dans la lutte contre la corruption et le crime organisé. Les gauchistes d’élite qui sont chargés de mettre les criminels comme Netanyahu et ses acolytes derrière les barreaux. C’est au sein de Lahav qu’agit entre autres l’unité des Mistaravim [(héb.) ceux qui vivent parmi les Arabes], les traîtres, gauchistes incapables et lâches qui, habillés en Arabes, plongent au cœur des villes hostiles afin d’en extraire un chef terroristes ayant assassiné des Israéliens ou s’appétant à le faire, recueillant des renseignements, secourant des otages et montant des opérations de contre-terrorisme.
Netanyahu a tant raillé Lahav 433, qui conduit les enquêtes contre lui, que le gauchiste de la yéshiva du Rabbin Cook a dû réitérer sa confiance à ses membres.
Est-il besoin de préciser que l’élite des défenseurs d’Israël, qui, chaque jour, risque sa peau pour la défense de son pays, supporte assez difficilement les critiques infondées de celui qui est censé être leur chef suprême. Je connais mal Messieurs Netanyahu, Deri, Bitan et Amsalem, de la coalition gouvernementale, mais je peux vous dire, en revanche, que les tentatives de diversion à leurs dépens passent très mal parmi les as du Shin Bet, de Lahav et du reste de la Police. Rien de tel que des propos comme ceux d’Inmaculada Concepción pour faire poindre le doute et la démotivation chez les premiers gardiens d’Israël.
Il paraît que pour sauver sa peau, Bibi, c’est Roni Alsheikh qui l’a suggéré à la télévision, paie des détectives privés afin d’enquêter sur les officiers de police chargés de ses affaires et sur leurs chefs pour chercher des taches dans leurs dossiers professionnels, destinées à les décrédibiliser aux yeux du public où à exercer des pressions sur eux.
L’entourage du Premier ministre fait ainsi courir le bruit – tu me tues ô ma rumeur ! – que la Police s’acharnerait sur Inmaculada pour détourner l’attention des media d’une affaire d’harcèlement sexuel dans laquelle seraient impliqués des huiles de la Police.
Ca vole très haut. Mais y a-t-il vraiment de quoi s’étonner lorsque l’on sait que le ministre de l’Intérieur, choisi par Inmaculada évidemment, est le repris de justice Arieh Deri, du parti antisioniste Shas, dont le père spirituel Ovadia Abdallah Yossef, très marqué par les métaphores animalières de Jean La Fontaine, comparait les sionistes à des singes et les maîtres d’école laïcs – vous savez, ceux qui enseignent les mathématiques, l’histoire et la géographie – à des ânes.
Arieh Deri a passé deux ans derrière les barreaux de la prison Ma'asiyahu, après avoir été reconnu coupable par la justice de corruption, fraude et abus de confiance pendant qu’il exerçait la fonction de ministre de l’Intérieur. Le renommer à l’Intérieur, procède-t-il du simple masochisme, d’un pied de nez aux électeurs ou de l’association de malfaiteurs formée en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes ou délits ?
A noter que la somme d’argent - 123 600 euros - détournée par Déri qui l’a envoyé au gnouf était moindre que celle que l’on reproche à Netanyahu d’avoir touchée dans le l’Affaire 1000 de la part du mogul du cinéma hollywoodien Arnon Milchan et du businessman australien James Packer, qui se monte à 226 000 euros.
En tout cas, Deri récidive : le ministre de l’Intérieur est actuellement sujet à une nouvelle enquête pénale dans laquelle la Police (encore elle !) le soupçonne d’avoir bidouillé le choix d’un nouveau grand-rabbin pour la ville de Lod contre un pot de vin reçu du milliardaire géorgien Mikhael Mirilashvili, retrouvé accidentellement sur le compte d’une association dirigée par l’épouse d’Arieh Deri.
Déri est en bonne compagnie à la pointe de la coalition de gens pour le moins douteux qui dirigent le destin du pays, puisqu’un certain David Bitan, chef de la coalition gouvernementale en question à la Knesset, obligé de démissionner, fait lui aussi l’objet d’une enquête pénale approfondie depuis cet automne. La Police (toujours elle !) soupçonne Bitan d’avoir accepté des pots de vin en échange de l’avancement d’un amendement à la Knesset à la loi sur la planification et la construction qui aurait bénéficié à un promoteur immobilier de Rishon Lezion [250 000 hab.]. Il faut reconnaître qu’il était idéalement placé.
C’est du lourd, puisque l’enquête a déjà conduit à l’arrestation d’un certain nombre de suspects, y compris le maire de Rishon Lezion et d’autres responsables municipaux, des hommes d’affaires locaux et des parrains du crime organisé.
Cela nous ramène à ce que feignent de ne pas comprendre des afficionados d’Inmaculada Concepción, qui répètent à la cantonade qu’il est stupide de poursuivre en justice un homme de la trempe de Netanyahu pour le seul fait qu’il a reçu quelques cigares en cadeau de la part d’amis fortunés.
D’abord, parce que lorsque ces cadeaux atteignent une valeur d’un quart de million d’euros, il y a au moins de quoi froncer un sourcil. Ensuite, parce que lorsque l’on passe régulièrement commande de cadeaux spécifiques – pas uniquement des cigares, des alcools et des bijoux aussi – pour une somme pareille, il devient difficile de continuer d’appeler cela des cadeaux.
Mais cela ne suffit pas encore pour impliquer la caractérisation de corruption ; pour qu’il y ait corruption, il faut que le payeur reçoive quelque chose en retour. Or la Police gauchiste est persuadée d’avoir réuni assez de preuves pour démontrer que le président du Conseil israélien a notamment, en contrepartie, poussé une législation avantageant Milchan réduisant les impôts des Israéliens ayant séjourné longtemps à l’étranger. Netanyahu aurait également aidé Arnon Milchan à obtenir la prolongation de son visa aux Etats-Unis et à promouvoir ses intérêts sur le marché de la télévision en Israël.
Là, si cela est démontré devant un tribunal, on serait effectivement et indubitablement en présence d’actes de corruption, et encore, de la part de la personnalité la plus haut placée au sein de l’exécutif, et surtout, à la tête de la coalition de députés la plus à même de faire adopter les lois qu’elle a choisies au parlement.
Dans la seconde affaire, le dossier 2000, la Police a enregistré des conversations entre le patron du grand quotidien Yediot Aharonoth [les dernières nouvelles], Arnon Mozes, et Bibi, lors desquelles on entend M. Nétanyahou proposer à son interlocuteur de soutenir un projet de loi à la Knesset afin de réduire la circulation d’Israel Hayom [Israël aujourd’hui], un quotidien gratuit, possédant la plus importante distribution parmi les journaux israéliens, grand concurrent de Yediot.
En échange, Arnon Mozes devait mettre en place une couverture journalistique plus favorable à Binyamin Netanyhu dans son journal : Bip-bip corruption !
A propos de moralité, ces enregistrements montrent comment Inmaculada s’apprêtait à sacrifier Sheldon Adelson sur l’autel de ses intérêts, un milliardaire américain, propriétaire d’Israel Hayom qui est, par l’intermédiaire de son journal, le principal soutien médiatique (donc pas un gauchiste !) du Premier ministre. Adelson aurait investi 60 millions de dollars dans cette feuille de chou dont l’objectif essentiel consiste à faire l’apologie de M. Netanyahu.
D’un point de vue juridique, cela devient même extrêmement grave, bien davantage que dans les cas de Déri et de Bitan, sans oublier l’ancien Premier ministre Ehud Olmert, qui a tout de même passé seize mois en prison entre 2016 et 2017 pour des faits de corruption alors qu'il était seulement maire de Jérusalem.
Baste, sans même attendre le moment de l’inculpation, les faits me semblent assez graves afin de m’obliger à publier ici les commentaires suivants :
"Un Premier ministre enterré dans les enquêtes jusqu’au cou ne dispose pas d’un mandat moral ou public pour décider des questions déterminantes pour l’Etat d’Israël.
Il existe un risque – un vrai risque, pas un risque infondé – qu’un Premier ministre dans cette situation pourrait prendre des décisions basées sur l’intérêt personnel de sa survie politique et non sur la base de l’intérêt national. La chose juste à faire pour ce gouvernement est d’aller à la maison et de rendre son mandat aux électeurs".
Exagéré-je ? Comment un journaliste peut-il condamner un Premier ministre non encore inculpé, en se substituant au procureur général et aux juges ?
Hum… J’admets que vous auriez raison de critiquer ce commentaire, que, par ailleurs, je n’aurais jamais formulé, trop respectueux que je suis de l’Etat de droit. En fait, j’ai effectivement publié ce commentaire, mais je n’ai pas prétendu qu’il était de moi. Il est de… Binyamin Netanyahu, mot pour mot, adressé à Ehud Olmert bien avant que ce dernier ne soit inculpé, le 26 novembre 2008. Ce fut le 6 septembre qui précéda que la Police israélienne publia sa recommandation au parquet d’inculper Olmert.
Netanyahu n’avait cependant pas attendu ces échéances légales pour faire cette déclaration [vidéo] en direct sur la Deuxième chaîne de Télévision israélienne, assénant ad nauseam, dans la même situation qu’Olmert, qu’il est victime d’un coup d’Etat juridico-médiatique.
Je dois aussi évoquer un autre personnage, quoique secondaire, de la fresque, un certain David Amsalem, le député du Likud qui a remplacé David Bitan à la tête de la coalition gouvernementale. Il s’est exprimé cette semaine depuis le perchoir de la Knesset et je dois dire que je n’ai jamais vu une intervention aussi effrayante dans cet édifice et pensais bien ne jamais en voir. Avec un langage corporel digne d’un proxénète, un vocabulaire de lupanar idoine et un contenu pire que ce qui précède, Amsalem a accusé le chef du parti Yesh Atid [Il y a un avenir] de centre droit (donc gauchisteu !) d’être un "Schtinker" [Yiddish], c’est-à-dire un cafard ou un mouchard. Il reprochait ainsi à Yaïr Lapid d’avoir témoigné à la demande de la Police dans le dossier 1000. Amsalem administrant à l’intéressé une leçon de morale centrée sur le piètre exemple qu’il donnait ainsi aux générations à venir.
Ce à quoi, Mickey Levy, un ex-officier supérieur bien connu de la Police israélienne, a répondu à ma place qu’un citoyen était légalement tenu de témoigner s’il était prié de le faire par la Police. Ajoutant que s’il ne l’avait pas fait il aurait contrevenu à la loi. A la loi qui est promulguée à… la Knesset par les députés. Cet exemple d’incivisme est représentatif, à mon sens, de la dégénérescence qui a gagné notre parlement et de l’arbitraire hargneux qui sert à la défense du Premier ministre.
Bien. Bibi a exprimé mercredi dernier que les recommandations de la Police à son endroit étaient biaisées, extrêmes et perforées de trous tel un fromage suisse. C’est noté. Tout comme vous aurez s’il vous plaît noté que la Police et la justice - en Israël, elles œuvrent de concert -, continuent d’enquêter sur plusieurs affaires concernant le Premier ministre ou son entourage immédiat.
La Ména aussi enquête sur une affaire du même type depuis plusieurs mois, qui pourrait avoir conduit au détournement de plusieurs dizaines de millions de dollars de deniers publics. Et si quelqu’un s’imagine, comme on peut le lire sur les réseaux sociaux, que les recommandations de la Police remplissent de plaisir les "conjurés" de la presse israélienne, je propose à leurs auteurs d’aller se faire soigner. C’est la tristesse qui prédomine évidemment, en constatant le niveau de déliquescence qu’a atteint notre monde politique. Comment pourrait-il en être autrement ?
Certains affirment que B. Netanyahu est un grand homme d’Etat et que ce qu’on lui reproche appartient à la sphère des pacotilles. Ils ajoutent que le Premier ministre serait le garant de la sécurité d’Israël et qu’il n’existe personne pour le remplacer.
Ma conviction est quelque peu différente : d’abord, nul n’est irremplaçable et tout le monde est remplacé à son heure. De plus, il existe dans la société israélienne moult personnes talentueuses capables de remplir n’importe quelle fonction. Ensuite, Bibi est un personnage à deux facettes : celui qui est capable de prononcer des discours d’exception – que l’on soit d’accord ou non avec leur contenu, ils restent des discours d’exception – devant l’assemblée générale de l’ONU ou les deux chambres réunies du Congrès américain.
Mais il y a aussi le Bibi noir. Un homme mesquin, tout petit même, dont la femme rapporte à l’épicerie les bouteilles vides achetées pleines avec l’argent du contribuable afin de récupérer quelques dizaines d’euros. Celui qui met en vente nos lois en échange de quelques boîtes de cigares… J’aurais préféré quant à moi qu’il vole des centaines de millions, car cela aurait été logique. En rapport avec sa position.
Reste une chose de clair, un phare dans la tourmente. Israël est l’un des rares pays dont la justice fonctionne et où elle est inarrêtable. L’un des seuls pays où l’on envoie en prison les présidents et les ministres qui ont été reconnus coupables de crimes graves, tels la fraude, la corruption et l’abus de confiance.
La justice fera son travail, et si M. Netanyahu est coupable, il passera plusieurs années à Ma'asiyahu et non à la tête d’un gouvernement, soyez-en assurés, quels que soient vos états d’âme. C’est d’abord une question de justice : il n’est pas envisageable que Déri, Olmert et tant d’autres criminels anonymes aient connu le déshonneur public et que, pour les mêmes délits, Bibi passe outre. Ou alors, il faudrait au moins décréter une amnistie générale.
De plus, la banalisation de la corruption à l’échelle d’un chef de gouvernement est suicidaire de par l’exemple qu’elle propose à la société. Et croyez-moi bien que je n’évoque pas une situation abstraite. Si l’efficacité prime sur l’honnêteté, il faut commencer par vider les prisons et s’acheter une carabine.
Mais plus que tout autre considérant, il existe un risque – un vrai risque, pas un risque infondé – qu’un Premier ministre dans cette situation pourrait prendre des décisions basées sur l’intérêt personnel de sa survie politique et non sur la base de l’intérêt national. Ce n’est pas moi qui l’ai dit. Or Israël, dans sa situation, ne peut pas se permettre le luxe de vivre avec un risque de ce genre.