Les Palestiniens veulent-ils vraiment leur Etat?

Pourquoi les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ne demandent-ils pas aux Palestiniens d'expliquer sept décennies d'évitement du règlement du conflit dans des conditions satisfaisantes pour les deux parties?

Le 23 décembre, les États-Unis rompaient avec une politique de longue date en s'abstenant plutôt que de s'opposer à l'adoption par 14 pays d'une résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies très critique à l'égard Israël. L'attention portée sur ce revirement diplomatique a malheureusement mis de côté la question des motivations sous-jacentes des Palestiniens.

Or, cette question aurait due être abordée. Car c'est la clé de voute de tout l'exercice.

Forts d'avoir rejeté les propositions de paix qui leur étaient faites, les unes après les autres, et ce depuis ces soixante-dix dernières années, les Palestiniens continuent d'orienter leurs actions dans un sens qui rend la possibilité d'un accord de moins en moins probable.

La résolution du Conseil de l'ONU de sécurité de vendredi dernier en est l'illustration parfaite.

Si l'objectif était d'augmenter les chances de création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël (et non pas à sa place !), c'est un échec abyssal en dépit de ce vote déséquilibré. Les diplomates qui se sont précipités pour applaudir ce résultat - et je mets de côté des états criminels, comme le Venezuela, qui ne montrent aucune bonne foi dans l'enceinte des Nations Unies - devraient réfléchir à deux fois à ce qu'ils ont réellement accompli.

S'ils voulaient excorier Israël - vocation de longue date de trop nombreux d'Etats membres de l'ONU - ils peuvent s'en féliciter, même si, hélas, ils réservent habituellement un tel traitement à la seule nation démocratique au Moyen-Orient. Mais pour ceux qui sont vraiment engagés à faire avancer les perspectives de paix, ils ont fait un grand pas en arrière, tombant de nouveau dans le piège palestinien.

Trois choses semblent évidentes désormais.

Tout d'abord, bien que la construction des colonies israéliennes soit incontestablement une question très litigieuse, la problématique centrale du conflit a toujours été le refus des Palestiniens et de leurs partisans de reconnaître la légitimité d'Israël et de négocier de bonne foi un accord de paix durable.

Cela était vrai en 1947-48, quand une solution à deux États était proposée par l'ONU, en 1967, en 2000-1 ; en 2008, pendant le gel des colonies de dix mois (2009-2010) qu'Israël a adopté alors que Netanyahou était Premier ministre en réponse à une demande américaine ; et enfin en 2013-14, lors de la plus récente tentative de discussions directes et bilatérales facilitées par les États-Unis. Les preuves abondent dans le sens d'un constant rejet.

En témoigne un commentaire particulièrement frappant, aussi vrai maintenant qu'à l'époque. En 2003, l'ambassadeur d'Arabie saoudite aux Etats-Unis a été cité dans The New Yorker:

"Cela m'a brisé le cœur que [le président de l'OLP] Arafat n'ait pas accepté l'offre (d'un accord de deux États présenté par Israël, 2001). Depuis 1948, chaque fois que nous avons quelque chose sur la table, nous disons non. Puis nous disons oui. Mais quand nous disons oui, ce n'est plus sur la table. Ensuite, nous devons nous en sortir avec encore moins. N'est-il pas temps de dire oui?"

Au lieu de se concentrer obsessionnellement et sans relâche sur les actions israéliennes, pourquoi les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ne demandent-ils pas aux Palestiniens d'expliquer sept décennies d'évitement du règlement du conflit dans des conditions satisfaisantes pour les deux parties?

Deuxièmement, il est clair que les Palestiniens préférèrent mettre un terme à la diplomatie directe, évitant ainsi la table des négociations et afin d'internationaliser le conflit.

Cela peut produire des victoires à court terme, étant donné la pluralité des joueurs avec en tête de file la Ligue arabe, l'Organisation de coopération islamique et le Mouvement des non-alignés, sans parler de nombreux états membres qui pratiquent l'art de l'opportunisme politique. Mais où tout cela a-t-il mené les Palestiniens ?

Exactement nulle part – si le but réel est un Etat palestinien aux côtés d'Israël.

Au contraire, cette approche n'a fait que convaincre de nombreux Israéliens que les dirigeants palestiniens n'ont aucun intérêt réel à trouver une solution, mais seulement à poursuivre la lutte. Cependant, il devrait être clairement établi qu'Israël est fort, et qu'il devient plus fort, et que toute idée qu'Israël tombe à genoux et succombe à la pression n'est qu'une illusion fantaisiste.

Troisièmement, les membres responsables de la communauté internationale ne devraient-ils pas appuyer sur le bouton pause et regarder de plus près comment la paix pourrait être atteinte?

Israël a signé des traités pérennes avec l'Egypte et la Jordanie. Dans les deux cas, ils ont été atteints non par l'intermédiaire des Nations Unies, mais plutôt par le biais de pourparlers en face-à-face. Israël a fait des concessions territoriales sans précédent, cédant des terres obtenues lors de la guerre d'autodéfense de 1967, car Israël a fait pleinement confiance au Président égyptien Sadat et au Roi de Jordanie Hussein qui avaient sincèrement décidé d'abandonner la guerre contre l'Etat juif.

Chaque sondage en Israël révèle que la majorité des Israéliens soutiennent un accord entre deux États avec les Palestiniens, mais restent en même temps profondément sceptiques envers la sincérité des Palestiniens. Et pourquoi les Israéliens n'auraient-ils pas des doutes?

Le président de l'Autorité palestinienne, M. Abbas, durant les onze ans de son mandat de quatre ans, a manié le double discours. Il déclare vouloir un accord, mais a recours à l'incitation à la haine, refuse de s'asseoir avec des dirigeants israéliens, tente de "corneriser" diplomatiquement Israël, tout en présidant, si c'est le terme, avec une profonde division politique (Cisjordanie-Hamas).

Au lieu d'infantiliser et de chouchouter les Palestiniens, de succomber à tous leurs caprices erronés et de justifier leur comportement contre-productif, n'est-il pas temps de voir la situation telle qu'elle est pour les deux parties (et pas seulement pour les Palestiniens), apprendre du passé et contribuer à créer les conditions d'un progrès tangible ?

Lorsque des dirigeants palestiniens émergeront, saisissant les héritages du Président Sadate et du Roi Hussein, ne tendront pas le revers de la main à Israël, reconnaitront que les préoccupations légitimes des Israéliens doivent également être abordées dans le processus, alors ils trouveront un partenaire volontaire que ce soit le Premier ministre Netanyahou ou un autre leader israélien élu qui lui succédera. A titre d'exemple, on peut citer Menachem Begin qui, avec son enracinement politique de faucon, n'était pas vu comme le dirigeant le plus à même de conduire l'évacuation israélienne de la zone tampon, des gisements de pétrole et des bases aériennes du Sinaï. C'est ce qu'il a pourtant fait, jusqu'au dernier grain de sable, parce que la paix avec l'Egypte le réclamait.

En d'autres termes, les leçons de l'histoire abondent, même si, à l'ONU de nos jours, les historiens ne semblent pas être en sureffectif (si c'était le cas, ils sauraient, par exemple, qu'aucun gouvernement israélien ne reconnaîtra jamais l'absurdité de la vieille ville de Jérusalem et du mur occidental, contenant les sites les plus saints du judaïsme, comme "territoires palestiniens occupés").

Le vote de vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU sera étudié comme une victoire à la Pyrrhus pour les Palestiniens - et un pas en arrière dans la quête pour la paix entre Israéliens et Palestiniens.

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