L’agence Moody’s dégrade la note souveraine de la Tunisie en catégorie « Très spéculatif »

L’agence Moody’s dégrade la note souveraine de la Tunisie en catégorie « Très spéculatif »

Par Frida Dahmani

En cause : l'affaiblissement du cadre institutionnel et le retard pris dans la réalisation des réformes. Le pays est maintenu sous observation négative.

L’agence Moody’s a asséné un coup sévère à la Tunisie. Vendredi 18 août, elle a baissé la notre souveraine du pays de Ba3 à B1 avec perspective négative. L’agence s’inquiète de la dégradation des comptes publics, du déficit croissant du budget de l’État, du déséquilibre des comptes extérieurs et du retard pris dans la réalisation des réformes dont celles convenues avec le FMI.

Depuis 2012, la Tunisie connaît une dégradation régulière de sa note souveraine par les agences de notation internationale. La nouvelle baisse décrétée par l’agence Moody’s fait planer le risque de nouvelles dégradations dans les mois qui viennent. « Il faudrait un miracle pour les éviter ! » , s’alarme Radhi Meddeb, patron de le cabinet d’études Comète Engineering.

Crise gouvernementale

Non seulement la note de la Tunisie baisse deux crans, mais elle est placée sous perspective négative. Dans son rapport, l’agence de notation affirme que la perspective négative est due à plusieurs facteurs dont la baisse accélérée des réserves de change et la dépréciation continue du dinar. Sont également épinglés : les besoins croissants de financements extérieurs avec des échéances de remboursement de la dette importantes à compter de 2019, les engagements du secteur financier public, la situation des caisses sociales et le déficit des entreprises publiques.

La dégradation de la note souveraine de la Tunisie intervient au moment où le gouvernement d’Union nationale conduit par Youssef Chahed traverse une crise importante aggravée par la démission le 18 août, de Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale, également ministre des Finances par intérim. Ce départ, sans lien avec le rapport de Moody’s, intervient au moment où le gouvernement prépare le budget 2018.

La nécessité d’une reprise en main 

Conséquence : la Tunisie aura encore plus de difficultés à lever des fonds à l’international d’autant que Moody’s rappelle que « le gouvernement tunisien est juridiquement responsable des paiements de l’ensemble des obligations émises par la Banque centrale, les titres de créances étant émis en son nom ».

L’ancien ministre des Finances et de l’Économie, Hakim Ben Hammouda, estime pour sa part que « la décision de l’agence Moody’s est un rappel à l’ordre ». Pour lui, il est prévisible qu’elle entraîne une hausse de la prime de risque et des taux d’intérêt pour les emprunts qu’effectuera la Tunisie. Mais au-delà, elle impose une reprise en main de la situation avec « des décisions audacieuses, fortes et courageuses ».

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