« On a récupéré, il y a quinze jours, un document sur le terrain qui disait Tout Juif qui vous tombe sous la main, tuez-le ».

Prières de rue à Clichy : « On a récupéré, il y a quinze jours, un document sur le terrain qui disait Tout Juif qui vous tombe sous la main, tuez-le ».

 

Une centaine d’élus, ceints de leur écharpe tricolore, ont tenté ce vendredi à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) d’empêcher des fidèles musulmans de faire leur prière dans la rue. contacté par « France-Soir », chaque camp se renvoie la responsabilité de la bousculade qui s’en est suivie, sur fond de bras de fer à propos de la mosquée de la ville.

La tension était à son comble ce vendredi 10 à Clichy-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine. A l’appel de Rémi Muzeau, le maire (LR) de la ville, une centaine d’élus de la droite francilienne et du Front national ont manifesté vers 13h contre une prière de rue organisée par des fidèles musulmans sur la place du marché à l’appel de l’Union des associations musulmanes de Clichy (UMAC). Cette dernière veut ainsi protester contre le déplacement de la mosquée de la ville, jusqu’ici sise dans un lieu transformé en médiathèque, dans une nouvelle salle qu’ils estiment inadaptée.

A la mi-journée de ce vendredi, les élus LR et FN, menés par le maire LR Rémi Muzeau, sont donc venus sur la place, ceints de leurs écharpes tricolores, manifester leur « ras-le-bol » face à la foule de fidèles musulmans. Valérie Pécresse, président de la région Ile-de-France, a notamment pris la parole: « Nous sommes dans un pays où l’on ne prie pas dans la rue. Les règles de droit sont bafouées. A l’Etat d’agir » a-t-elle asséné, avant de s’éclipser dans la foulée.

S’en est suivi une scène surréaliste où, entonnant La Marseillaise, les élus de droite ont tenté de forcé le cordon de gendarmes mobiles qui les séparait des quelque 200 fidèles pour aller au contact, provoquant une impressionnante bousculade rapportée par Europe 1.

Après un moment de tension, la prière de rue a finalement eu lieu quelques rues plus loin, fortement encadrée par les forces de l’ordre.

Contacté par France-Soir un conseiller municipal de l’opposition fait part de son « indignation » face au comportement des élus de droite qui n’ont, selon lui « pas à agir de telle manière, à la place de la police« .

De son côté, Rémi Muzeau, également joint par France-Soir, dément « être allé au contact » avec les participants à la manifestation organisée par les élus mais simplement s’être « positionné » pour « reprendre possession de notre terrain« . « On s’est fait bousculer aussi. Les forces de l’ordre n’ont pas bougé« . Sur ordre du préfet? Plutôt du ministre de l’Intérieur « qu’il a certainement eu au téléphone » assure le maire. Puis de dénoncer la véhémence des prêches prononcés depuis mars sur la place de la mairie: « On a récupéré, il y a quinze jours, un document sur le terrain qui disait +Tout Juif qui vous tombe sous la main, tuez-le+ ». Un phrase qui figure bien dans le tract supposé, mais dont l’authenticité est toutefois largement sujette à caution: il s’agit de quatre pages, de simples feuilles A4, attribuées à un obscure « Mouvement pour le respect et l’adoration du prophète », ou MRAP (!). Le cabinet du maire qui nous a transmis le document reste d’ailleurs très prudent sur sa provenance, expliquant qu’il leur a été fourni par un anonyme.

Rémi Muzeau se défend de toute islamophobie: « Qu’ils achètent un local ou un terrain pour ouvrir leur lieu de culte, je signerais sans problème le permis de construire« . De plus, affirme-t-il, Mohamed Bechari (ex-vice président du CFCM et président d’une association musulmane clichoise) était présent à ses côtés lors des évènement de cet après-midi et dénonce lui aussi les prières de rues.

En réponse, Hamid Kazed, qui préside l’Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC), a déploré « des provocations » ce vendredi après-midi. Puis, cité par l’AFP, d’appeler le maire à revenir « au dialogue« .

Le bras de fer entre l’Union des associations musulmanes de Clichy et la municipalité dure depuis huit mois. D’un côté l’UMAC dénonce la confiscation de sa mosquée et juge la nouvelle salle proposée par la mairie trop petite pour accueillir les nombreux fidèles et située dans un lieu trop reculé, mal desservi. Celle-ci serait ainsi plus que bondée le vendredi, jour de prière, et « saturée » avant même le début des prêches, selon Le Parisien qui a visité les lieux. Le journal note aussi que: « la sécurité du bâtiment laisse songeur. Difficile d’imaginer tous les fidèles sortir en cas d’incident« .

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