Tunisie : Les perles des municipales !

Les perles des municipales !

 

A peine une semaine depuis le coup d’envoi de la campagne électorale pour les municipales, que nous nous retrouvons submergés par des affiches et des slogans plus drôles les uns que les autres. Ces perles ont envahi le web et certains candidats sont devenus la risée des internautes à travers les réseaux sociaux. Focus sur les affiches et les listes qui se sont le plus distinguées.

 

Les élections municipales sont la poursuite et le parachèvement du processus démocratique entamé en Tunisie. Plusieurs parties se sont battues bec et ongles pour que l’installation du pouvoir local ait lieu. Ainsi, les observateurs de la scène nationale s’attendaient à une campagne électorale digne de nom, notamment, au milieu du désintérêt général des citoyens de la vie politique. Il faut dire que l’engouement affiché par les Tunisiens pour la chose politique s’éteint petit à petit, et que la magie post révolutionnaire n’opère plus comme au départ.

 

Cependant, et malgré ce désintérêt général, certaines listes ont réussi à percer et à captiver l’attention des citoyens et des internautes, non pas par les programmes présentés mais surtout par le ridicule et la médiocrité des affiches et des slogans.

 

L’une des premières listes massivement partagées fût celle de la liste indépendante Al Choumoukh, pour la circonscription de l’Ariana, où la candidate Dorsaf Khalfallah n’a trouvé aucune gêne pour poser avec son T-shirt de la marque de whisky, Jack Daniel’s. Plusieurs personnes ont cru à un photomontage au départ, mais l’affiche était bien authentique.

 

La deuxième bizarrerie dénichée, est la liste indépendante « Tahiya Sidi Yaîch », pour la circonscription de Sidi Yaîch, et c’est là qu’on découvre que la tête de liste n’est autre que Salah Chaouech alias, « Séchoir » ! Le slogan n’en demeure pas moins drôle, « Votez pour le jaloux Salah Séchoir, il vous vengera et approvisionnera votre maison » !

 

D’autres listes indépendantes à l’instar d’Al Iklaâ ou Al Intilaka ont attiré l’attention en floutant les visages des femmes candidates des affiches. Une infraction signalée par l’association Mourakiboun, mais les membres de la liste ont assuré que ce sont les femmes qui ont refusé de s’afficher. Pudeur ou référentiel religieux, à suivre…

 

Et c’est toujours dans la même foulée qu’on croise la liste du Front populaire pour la circonscription de Cherarda composée de 11/15 membres ayant le même nom de famille. Une liste qui ressemble plus à un conseil familial qu’à un conseil municipal.

 

Le parti Ennahdha avait, également, son lot de drôlerie. La première qui s’est démarquée est la candidate du parti pour Sidi Bou Said, Sélima Ben Soltane, bien même avant le démarrage de la campagne. C’est dire que son style et son apparence rompent avec les stéréotypes du parti islamiste. La jeune dame a encore fait parler d’elle à la suite de son passage à Midi Show chez Boubaker Ben Akacha, où elle affirme avoir été malmenée par le journaliste avant l’émission. Une manière détournée pour justifier sa prestation médiocre lors de son passage sur antenne.

Toujours dans sa démarche de briser cette image de parti religieux et conservateur, Ennahdha a poursuivi ses tentatives de modernisation à travers une affiche incitant les « frères » à participer aux élections. Dans le langage underground tunisien, « frère » peut signifier approximativement « bouha » dans le Tunis des années 80-90.

Le parti a, également, désigné Simon Salama, juif tunisien à la tête de sa liste électorale de Monastir. Une initiative audacieuse qui a fait couler beaucoup d’encre. Ce même Simon Salama a affiché le signe de Rabâa sur l’une des photos de la campagne électorale.

D’autres affiches d’Ennahdha se sont également fait remarquer comme celle du « combattant » ou encore du « chasseur habile ».

 

Les joyaux de cette campagne ne s’arrêtent pas là. Une liste indépendante pour la ville de Radès a choisi le nom d’El Barouita (la brouette symbolique de la révolution tunisienne). Chaque membre a choisi un slogan bien à lui à l’instar de « Je m’appelle Tada, et mon slogan c’est la remontada (en langage footballistique tunisien) ». La page facebook de cette liste est riche en slogans et photos dans le même registre.

 

La liste reste encore longue et nous ne nous sommes pas à la fin de nos surprises, avec les 2076 listes retenues par l’ISIE. Il faut dire, également, que les interventions de certains candidats ne sont pas meilleures que les affiches sélectionnées. Le niveau laisse vraiment à désirer, entre ceux qui ne connaissent pas leurs programmes et ceux qui bégaient aux questions des journalistes, il y a l’embarras du choix.

 

En tout état cause, et avec les taux d’abstention prévus ces aberrations ne résoudront sûrement pas ce problème. Cette absence de programmes et le niveau au-delà des attentes ne sera en aucun cas encourageant pour les citoyens qui hésitent encore. Cela dit, et comme disent certains « ça reste à l’image de notre société ». Faut-il en rire ou en pleurer ?

 

Sarra HLAOUI - Businessnews.com.tn

Commentaires

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53 années 8 mois
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Allez courage, on vous regarde, on vous suit et on attend beaucoup de vous, citoyens tunisiens. Prenez la bonne voie, celle de gauche. Ne laissez pas tomber, ravivez cette flamme du printemps tunisien, de la démocratie. Il vous reste la révolution sociale, c'est possible car vous êtes un peuple intelligent, courageux et honnête

hza saeidaan

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