Tunisie: le tresor cache de l'agrotourisme

Tunisie: le trésor caché de l'agrotourisme

La Tunisie est l'un des plus gros producteurs d'huile d'olive au monde (entre la 2e et 5e place selon les années). Un tiers des terres tunisiennes sont recouvertes d'oliviers et cette agriculture s'oriente de plus en plus vers une production haut de gamme. A partir de cette richesse, les Tunisiens voudraient faire naître une nouvelle forme de tourisme, comme il existe un tourisme viticole.

«Inspirés par la popularité de l'agrotourisme en Europe et des "routes de l'huile d'olive" en Italie, en Espagne et en Croatie, les producteurs explorent maintenant la manière d'appliquer ce modèle en Tunisie », écrit le magazine spécialisé  Olive Oil Times. En développant ce tourisme vert, la Tunisie, dont le littoral est déjà pourvu d'une très importante industrie touristique estivale, pourrait lancer une seconde saison, plus hivernale, notamment pendant la récolte des olives qui commence en automne. Des régions délaissées par les visiteurs internationaux pourraient ainsi profiter des retombées économiques de ce nouveau tourisme «vert» . 

La Tunisie abrite en effet une vaste campagne dominée par la culture de l'olivier. Certains affirment même que le plus vieil olivier au monde serait tunisien et serait âgé de 2.500 ans. L'olive est présente en Tunisie depuis la nuit des temps. On peut en voir des preuves au musée du Bardo.

Diversifier l'offre touristique de la Tunisie
Pour le consultant en développement Léo Sie0bert, lancer ce tourisme rural «signifierait un gros investissement et potentiellement un risque (financier) important, car le tourisme dans le secteur de l’huile d’olive serait une nouvelle entreprise pour le pays. Mais cela crée aussi une deuxième saison touristique en hiver, pendant la récolte des olives, une fois que les touristes de plage traditionnels de la Tunisie sont tous rentrés chez eux»

En effet, pour attirer les touristes, les zones de production d'huile d'olive doivent se doter d'infrastructures. Cela va des routes aux capacités d'hégergement, aux organisations de visites... «Le tourisme oléicole représente donc une opportunité importante pour diversifier l'offre touristique de la Tunisie tout en apportant un développement durable aux communautés rurales.», ajoute le consultat interrogé par Olive Oil Times.

Le gouvernement tunisien est conscient de ce potentiel. Samir Taieb et Salma Elloumi, respectivement ministres de l’Agriculture et du Tourisme, ont signé, le 23 juillet, un accord de partenariat entre les deux départements visant à développer l’agritourisme biologique. «Dans ce cadre, 25 projets de développement du tourisme biologique devraient voir le jour dans cinq gouvernorats (Nabeul, Kasserine, Bizerte, Béja et Tozeur)», précise le site en ligne Webmanagercenter.
La Tunisie entend bien valoriser ses quelque 82 millions d'oliviers. Alors qu'il y a encore quelques années, l'essentiel de la production était exportée en vrac, aujourd'hui la production monte en gamme et des huiles d'olive tunisiennes sont distinguées dans les concours internationaux. 

Ramassage des olives
Certains de ces producteurs de qualité, souvent bio, ont déjà décidé d'accueillir des visiteurs. Ils ont mis en place des salles de dégustation et des visites guidées ainsi que des cours animés par des experts. Beaucoup d’autres envisagent de développer le tourisme de l'huile d’olive dans un avenir proche.

Olive Oil Times cite l'exemple du domaine de Ségermès, situé au nord- est de la Tunisie entre le massif de Zaghouan et la plaine de Bouficha. «Il tient son nom de l'antique ville romaine Segermès» et abrite une église et un baptistère byzantin. «Nous avons ici du terroir, des paysages spectaculaires, et même de l’histoire grâce aux ruines situées sur notre propriété. Et bien sûr, une huile d'olive de haute qualité produite en Tunisie depuis 3 000 ans. Nous pouvons également montrer aux visiteurs toute la chaîne de production, de l'arbre à la bouteille. C'est pourquoi j'ai décidé d'explorer le développement du tourisme de l'huile d'olive ici. En ce moment, je teste cela et je verrai dans quelle direction aller», explique le propriétaire, Mounir Boussetta.

Des tours opérateurs se sont déjà mis sur ce secteur... peut être prometteur. Le voyagiste Engaging Cultures Travel, par exemple, propose un circuit «Taste Tunisia» qui inclut dégustation d'huiles et leçons de cuisine locale dans une famille ainsi que le ramassage des olives. . 

 Ce tourisme différent pourrait être une manne financière pour la Tunisie dont le tourisme (essentiellement estivale et côtier aujourd'hui) représente environ 7% du PIB.

Par Pierre Magnan

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