Arthur Essebag : "Mon humanité n’a pas de drapeau"
L’animateur y raconte son lien viscéral avec Israël, la blessure du 7 octobre, et son refus des silences et des amalgames.Arthur Essebag, plus connu sous le nom d’Arthur, s’est livré ce mardi soir à Michaël Darmon dans un Grand Oral aussi intime que bouleversant. Animateur, producteur et désormais auteur du livre « J’ai perdu un bédouin dans Paris » (Grasset), Arthur s’y dévoile sans fard : un homme ébranlé par le 7 octobre, habité par la mémoire, la fidélité et un profond attachement à Israël et à la France.
Dès les premières minutes, Arthur raconte l’origine de ce titre singulier : ce « bédouin » qu’il avait fait venir à Paris — membre arabe israélien d’une famille d’otages — et qu’il a « perdu » dans la capitale. Une anecdote qui, au-delà du sourire, symbolise pour lui l’universalisme juif : « En Israël, un otage reste un otage, qu’il soit juif, musulman ou chrétien.
L’artiste, qui s’est longtemps tenu à distance de la politique, raconte comment le 7 octobre l’a transformé. Ce jour-là, dit-il, « on a frappé au cœur d’Israël, donc au cœur de tous les Juifs du monde ». Ce choc, il l’a vécu comme une onde sismique, suivie d’un profond silence : celui de certains amis, de certaines consciences, d’un monde médiatique parfois frileux. « On ne peut pas aimer Israël seulement quand il fait des bonnes séries », lance-t-il, évoquant ce jour où, à Cannes, il refusa d’aller chercher son prix de producteur de l’année après l’attaque du Hamas. Avec émotion et lucidité, Arthur confie aussi sa déception vis-à-vis du président Macron, absent de la marche contre l’antisémitisme : « Dire qu’y aller aurait abîmé la cohésion nationale, c’est incompréhensible. » Pourtant, il continue d’affirmer : « La France n’est pas antisémite. Elle m’a tout donné. » Son sionisme, explique-t-il, « n’est pas politique » mais charnel : celui des couchers de soleil sur la mer, des pierres de Jérusalem et du mysticisme d’Ein Gedi. Et surtout, celui d’une empathie sans frontière : « On peut aimer Israël et ne pas être d’accord avec son gouvernement ; on peut aimer les Palestiniens et haïr le Hamas. » Optimiste malgré tout, Arthur voit dans les accords d’Abraham et les gestes d’ouverture de pays arabes comme l’Indonésie « l’avenir du Moyen-Orient ». Et il conclut avec cette phrase qui résume sa philosophie : « L’empathie n’a pas de drapeau. Un enfant qui meurt, c’est toujours un mort de trop. »
Un témoignage fort, humaniste et vibrant, signé d’un homme qui, après avoir fait rire la France, nous rappelle aujourd’hui que l’engagement et la compassion sont aussi une forme de lumière.
