La haine "antisioniste" est une haine antisémite

La haine "antisioniste" est une haine antisémite (info # 011003/19) [Analyse]

Par Guy Millière © Metula News Agency

 

Il existe des Juifs antisémites. Il en existe en Europe. J’en ai rencontré, et le moins que je puisse dire est qu’ils se sont mal conduits avec moi et, bien au-delà de moi, avec la communauté juive française. Il en existe aux Etats-Unis. L’un d’eux, Bernie Sanders, est à nouveau candidat à la présidence des Etats-Unis. Il se définit comme socialiste et “propalestinien”. Il vient d’apporter son soutien aux deux islamistes antisémites qui siègent à la Chambre des Représentants sur les bancs Démocrates.

 

Il y a en Europe des Juifs antisémites qui écrivent. Certains d’entre eux ont publié voici peu une pétition dans le journal de gauche Libération. La pétition ne se définit pas comme antisémite, cela va de soi (plus personne ne se dit antisémite en France, car cela tombe sous le coup de la loi). Elle se définit comme “antisioniste”, et ses auteurs sont donc “antisionistes”, comme Dieudonné M’bala M’bala ou Alain Soral.

 

Leur texte s’appelle “L’antisionisme est une opinion, pas un crime”, et ils tentent donc de faire passer une incitation criminelle à la haine pour une opinion. Avec des arguments comme les leurs, Les Protocoles des sages de Sion et ce qui paraissait dans le Sturmer de Julius Streicher relevait de l’opinion. Les rédacteurs des Protocoles des sages de Sion et ceux des articles publiés dans le Sturmer, après tout, n’ont pas commis directement de crime. Ils n’ont directement tué personne. Les “antisionistes” d’aujourd’hui non plus ne tuent personne.

 

Le problème est que les incitations à la haine conduisent les criminels à tuer. La trajectoire qui a conduit des Protocoles des Sages de Sion et des articles du Sturmer à Auschwitz est effroyablement claire.

 

La trajectoire qui mène de l’”antisionisme” aux volontés de destruction d’Israël, d’extermination de sa population juive et à la haine parfois meurtrière des Juifs ailleurs dans le monde est, hélas, tout aussi claire.

 

Les auteurs de la pétition se réfugient sournoisement derrière le fait, qu’au début du vingtième siècle, une partie des Juifs étaient opposés au sionisme, ce qui est exact. Ils passent de là à la justification de l’ “antisionisme” contemporain, en oubliant un détail : le sionisme n’est plus un projet. L’Etat d’Israël existe, a été créé dans les suites du démantèlement de l’empire ottoman et il compte neuf millions d’habitants. Se dire “antisioniste” aujourd’hui est d’une autre nature qu’en 1900, c’est affirmer que l’Etat d’Israël n’a pas d’existence légitime et doit disparaître. Ce qui est la position des ayatollahs iraniens, du Hezbollah, du Hamas, des dirigeants de l’Autorité Palestinienne lorsqu’ils parlent arabe, et des dirigeants de tous les groupes djihadistes sur la Terre. Se dire “antisioniste” aujourd’hui, c’est dire, ce que fait le texte de la pétition, que l’existence d’Israël est un crime, que les Juifs israéliens sont criminels en tant Juifs israéliens, et que les Juifs qui ailleurs dans le monde soutiennent Israël (ou les non-juifs comme moi qui soutiennent eux aussi Israël) sont complices du crime.

 

Le vocabulaire employé par les auteurs de la pétition est celui que l’on trouve dans les brochures du Hamas, qui ne sont pas des pétitions. Il y est question de “colonisation”, de la “Palestine” et de ses habitants condamnés à l’exode et à la spoliation. C’est, pour quiconque connait l’histoire, un vocabulaire de falsification de l’histoire. Y sont niés les liens millénaires du peuple juif à la terre d’Israël. C’est donc un vocabulaire négationniste.

 

Il y est question d’une “extrême droite” israélienne, des exactions que les sionistes d’ ”extrême droite” sont censés “faire subir aux Palestiniens”. Il n’y est jamais question de terrorisme, d’assassinats barbares et abjects commis contre des Juifs par des Arabes fanatisés et eux aussi “antisionistes”. Dans la tradition des textes totalitaires et antisémites, les bourreaux sont décrits comme des victimes, et les victimes comme des bourreaux.

 

Dois-je l’ajouter ? Accoler les mots “extrême droite” à Israël a toujours été l’un des éléments du discours antisémite anti-israélien. Cela permet de dire en général un peu plus loin que l’Armée israélienne se conduit comme les nazis, et que les nazis après tout n’étaient pas si coupables. Cela permet d’écrire que lorsqu’une famille juive est massacrée en Judée-Samarie, c’était une famille de colons fascistes qui a bien mérité son sort et de décrire les massacreurs comme des libérateurs.

 

Les auteurs de la pétition prétendent soutenir les “Palestiniens”, c’est visible. Ils ne soutiennent pas des êtres humains arabes que l’on appelle “Palestiniens”, non : ils soutiennent ceux qui ont fait et continuent à faire de ces êtres humains des assassins antisémites. Ils soutiennent donc la transformation d’êtres humains en assassins antisémites.

 

Ils sont abjects. Ils se disent prêts à aller en prison pour leurs “idées” et pour le cas où l’ “antisionisme” deviendrait un délit. Je suis certain que l’“antisionisme” ne sera jamais un délit en France, car il y a en France bien trop de gens qui pensent comme les auteurs de la pétition. Ceux-ci n’iront pas en prison. Je dis néanmoins ici que si j’en croise un seul quelque part, il peut être assuré que j’aurai très envie, même si je m’en abstiendrai sans doute, de lui cracher au visage.

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