LA PARTITION DE L’EXIL, de Remi Huppert

LA PARTITION DE L’EXIL, de Remi Huppert (*)

 

 

Depuis plusieurs années, grâce à Remi Huppert, on a pu redécouvrir avec plaisir un judaïsme du bout du monde, celui de la lointaine et mystérieuse Chine (1). C’est d’un tout autre sujet qu’il nous parle dans son nouveau roman en brossant le portrait et en racontant la vie extraordinaire d’un compositeur de talent, aujourd’hui un peu oublié : Alexandre Tansman.

Né en 1897 à Łòdz, en Pologne, une ville qui attirait alors comme un aimant les Juifs de Pologne, d’Ukraine et de Russie, véritable « terre promise » pour les gueux de tous le ghettos, Alexandre Tansman,  avouait avoir peu connu son père, Mosze Tancman, qui  « mourut avant d’être un vieillard ».

Par delà la vie tumultueuse et trépidante du compositeur, qui, dès l’âge de huit ans, délaissant les commentaires talmudiques en vigueur dans les familles juives, composait déjà de petites pièces, Remi Huppert nous offre, à travers les nombreuses amitiés de son héros, de découvrir des facettes peu connues de la carrière de nombreuses célébrités : Maurice Ravel qui ouvrira bien des portes à son jeune protégé, Ariadna Scriabine, George Gershwin, Charlie Chaplin, Igor Stravinski, Arnold Schönberg, Fritz Lang, Darius Milhaud, André Breton, Vladimir Jankélévitch et tant d’autres.

Bien qu’élève doué du conservatoire de sa ville natale et après avoir tenté de percer en cachant son patronyme juif, Tansman réalise qu’il ne peut pas réussir en Pologne. Dès lors, il choisira de rejoindre la France et, plus tard, l’Amérique.

C’est à la mairie du 16ème arrondissement de Paris que Tansman épousera la pianiste Colette Cras, fille du compositeur et contre-amiral Jean Cras. Avec elle, il retrouvera sa ville natale, quinze ans après l’avoir quittée.

Avec la montée du nazisme, Tansman, naturalisé français en 1938, choisira, avec l’aide de Chaplin,  de quitter la France avec femme et enfants. Longtemps malade, Colette Tansman décèdera en 1953.

Au cours de sa carrière et à l’occasion de tournées, Alexandre Tansman aura parcouru le monde et visitera avec enthousiasme le pays d’Israël. Il est mort en 1986 à Paris. Il repose au cimetière Sud de Saint-Mandé.

Ses œuvres se comptent par centaines : symphonies, opéras, oratorios, musique de chambre…

Un très beau, très riche  et très émouvant parcours. Un livre réussi.

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Michel De Maule. Août 2017. 236 pages. 20 euros.

(1) Destin d’un Juif de Chine. Éditions Michel de Maule, 2014. Voir notre recension dans la Newsletter du 31décembre 2014 et Au palais du ciel. Éditions Michel de Maule, 2016. Voir notre recension dans la Newsletter du 28 février 2017.

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