La Tunisie accusée d'avoir freiné l'expulsion d'Anis Amri, suspect de l'attentat de Berlin

Réticente à reconnaître la nationalité du jeune homme expulsé d'Allemagne, Tunis a finalement livré les papiers nécessaires à son retour dans son pays... ce mercredi.

 

FABRIZIO BENSCH / REUTERS

La Tunisie accusée d'avoir freiné l'expulsion d'Anis Amri, suspect de l'attentat de Berlin (Image d'illustration).

ATTENTAT DE BERLIN - Un responsable allemand a accusé mercredi 21 décembre la Tunisie d'avoir retardé l'expulsion du suspect de l'attentat de Berlin, dont une demande d'asile avait été rejetée en juin, Tunis ayant longtemps prétendu que l'homme n'était pas Tunisien.

"En juin 2016 sa demande d'asile a été refusée par l'Office fédéral pour la migration et les réfugiés (...) l'homme n'a pas pu être expulsé car il n'avait pas de document d'identité en règle", a expliqué Ralf Jäger, ministre de l'Intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, dont les services étaient responsables d'organiser l'expulsion.

"La procédure d'établissement d'un document tenant lieu de passeport" tunisien, pour permettre son retour dans son pays, a été engagée en août, "mais la Tunisie a disputé le fait que cette personne soit l'un de ses ressortissants et les documents nécessaires n'ont pendant longtemps pas été établis", a-t-il poursuivi.

Finalement, et "par coïncidence", ce document de voyage émis par la Tunisie est "arrivé aujourd'hui" mercredi en Allemagne, selon le ministre.

Un sujet facteur de tensions depuis longtemps

Berlin a à maintes reprises accusé la Tunisie, comme d'autres États du Maghreb, de freiner les procédures d'expulsion d'Allemagne de ses ressortissants.

Lorsque les demandeurs d'asile de pays d'Afrique du Nord doivent être expulsés, leurs pays refusent de les reprendre s'ils n'ont pas leurs papiers d'identité nationaux en règle. Il suffit alors au réfugié débouté de détruire ses papiers pour bloquer la procédure malgré des accords de réadmission, accusent les autorités allemandes.

Ce sujet a déjà suscité des tensions entre Berlin et ces pays il y a un an, après la vague d'agressions sexuelles la nuit du Nouvel An à Cologne. Cette dernière a été imputée par la police à des migrants clandestins pour l'essentiel originaires d'Afrique du Nord.

La chancelière Angela Merkel cherche depuis des mois à classer la Tunisie, le Maroc et l'Algérie sur la liste des pays dits "sûrs" pour faciliter le rejet des demandes d'asile de leur ressortissants. Un projet de loi en ce sens a cependant été bloqué au Parlement par l'opposition d'une partie des élus en raison des atteintes aux droits de l'Homme dans cette région.

Français