LES SICILIENS DE TUNISIE : UN PARFAIT MODÈLE DE COEXISTENCE ENTRE RÉFUGIÉS, CONFESSIONS ET ETHNIES DURANT TOUTE CETTE TRÈS LOINTAINE ÉPOQUE D'ANTAN. -
La plupart des italiens ont quitté la Tunisie après l'indépendance du pays en 1956 lorsque les tunisiens ont eu la priorité pour les emplois publics.
Mais aujourd'hui, il n'en reste pas moins que leur présence et leur souvenir d'autrefois demeurent encore parmi nous, baignés d'une certaine nostalgie, imprégnant de la sorte la langue, l'architecture et les spécialités culinaires de notre délicieuse cuisine tunisienne locale. Il y a si longtemps, la Tunisie était indubitablement un modèle de coexistence entre migrants d'horizons divers tel que l'exemple de la ville de La Goulette située dans la banlieue nord de Tunis.
En effet à ce propos et il y a si longtemps, lorsque tout jeune encore je me rendais des fois à La Goulette, je m'attachais à l'observation de cette belle localité et de ses habitants, les Goulettois. Dès l'abord, j'étais toujours fasciné par le contraste entre, d'une part le nombre et la diversité des activités, des langages et des pensées de chacun des groupements ethniques qui peuplaient la ville, et d'autre part, par l'entente ainsi que les relations paisibles et conviviales sans la moindre faille ni aucune polémique, qui régnaient dans leurs rapports quotidiens. Et un tel contraste dénué de toute duplicité et doté d'une parfaite honorabilité, était loin d'être fictif ou illusoire et suscitait souvent ma curiosité d'adolescent, de même qu'il éveillait mon indéniable et profond respect à l'égard de toutes ces communautés.
À vrai dire et incontestablement, c'était une belle époque que j'avais vécue tout au long de ce mémorable bon vieux temps. Parmi à peu près les 130.000 italiens qui se sont installés en Tunisie, 90% d'entre eux étaient des siciliens qui ont émigré chez nous par vagues au cours des XIXe et XXe siècles, la plupart ayant fui la péninsule pour échapper à la misère et à la mafia qui sévissaient à l'époque dans leur pays d'origine. Les premiers italiens venus s'installer en Tunisie sont les Génois qui occupèrent l'île de Tabarka, près de la côte septentrionale de la Tunisie, dans le but de pêcher le corail local et aussi afin d'établir une base pour leurs activités commerciales.
À l'heure où le phénomène migratoire revêt des enjeux politiques, socioculturels, économiques et émotionnels des plus variés, il est essentiel de se pencher sur un aspect des migrations qui a touché par le passé la Tunisie et l'Italie mais dont le sens des destinations s'est de nos jours inversé : hier c'était de l'Italie vers la Tunisie, aujourd'hui c'est devenu de la Tunisie vers l'Italie. Il y a maintenant presque 150 ans d'écart entre ces parcours qui ont vu des hommes, des femmes et des enfants se déplacer d'un pays à l'autre, en empruntant souvent les mêmes chemins, avec les mêmes attentes et les mêmes espoirs d'une vie meilleure et respectable. Ce fut un temps.
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