L’OSE EN TUNISIE (1947-1960)

L’OSE EN TUNISIE (1947-1960)

Une assistante sociale de l’OSE, Enéa Averbouh, débarque à Tunis en avril 1947. Son rapport sur l’état sanitaire de la population juive en particulier dans le Sud tunisien, dans l’île de Djerba, peuplée de Juifs qui s’y sont installés après la destruction du second temple et à Gabes est alarmant. Elle parle de la promiscuité, des maladies qui ravage les populations (tuberculose, teigne et trachome), du manque d’eau potable, du grand nombre de chômeurs, de sans travail et de mendiants, et de l’état d’arriération mentale de certaines populations.

À la suite de ce rapport, l’Union-OSE décide la création d’une nouvelle filiale, l’OSE Tunisie, avec pour objectif « de venir au secours du judaïsme tunisien, grenier du futur judaïsme, mais qui est en danger moral et physique.» Elle s’appuie sur des comités locaux du judaïsme tunisien et des médecins qui s’étaient déjà investis dans des œuvres anciennes dans le cadre de l’AIU, ainsi en est-il des médecins Léon Moatti et Roger Nataf. Le Dr Léon Moatti en devient président en 1947.

À cette époque, l’Union-OSE intervient seule, sans le soutien du Joint qui s’occupe prioritairement de l’Europe ravagée, de la reconstruction des communautés et des orphelins de la Shoah, mais qui avait déjà été alerté pendant la guerre de l’état des communautés.

L’OSE ouvre des centres dans deux villes seulement (Tunis et Djerba). Il s’agissait de dispensaires polyvalents avec des consultations multiples, mais aussi des services sociaux, des biberonneries et des gouttes de lait.

Une petite équipe, constituée de trois jeunes rapidement formées et d’Enéa Averbouh elle-même, fait des enquêtes à domicile à Tunis et à l’Ariana (banlieue pauvre, située à 6 kms de Tunis, dans laquelle 80% de la population était contaminée par la tuberculose), en vue d’assurer les consultations.

Ce n’est qu’en 1948, qu’en raison du travail déjà accompli au Maroc et en Tunisie, l’Union-OSE et le Joint décident de conclure un accord de coopération en faveur de l’Afrique du Nord. Les dispensaires se multiplient rapidement dans tout le pays, Sfax, l’Ariana, Gabès, Sousse, Nabeul, enfin Tataouine, Bizerte et La Goulette. La campagne des 3 T permet de lutter contre les fléaux de la teigne, du trachome et de la tuberculose. Les centres de soin traitent le patient dans sa globalité et tentent de résoudre les problèmes sociaux autant que médicaux, un travail immense et de longue haleine qui a déterminé l’avenir par un changement des mentalités et la pénétration d’idées nouvelles.

Les budgets seront contrôlés par une commission mixte comprenant des représentants du département médical du Joint et de l’Union-OSE de Paris. L’accord entre en vigueur le 1er janvier 1949 pour six mois et sera renouvelé pendant des années. Il est signé du Dr Szyfman pour l’Union-OSE et Schmidt pour le Joint.
Les archives du Dr Léon Moatti montrent l’immensité du travail accompli en termes de résultats (campagne des 3 T), mais surtout en termes de changement des mentalités et de protection de la jeunesse juive en Tunisie.

Le Docteur Léon Moatti, né en 1900 à Sousse, est choisi pour présider l’OSE Tunisie. Médecin oto-rhino-laryngologiste, il a fait ses études à la Faculté de Paris. Interne des Hôpitaux de Paris, puis chef de clinique à la Faculté de médecine, il revient s’installer à Tunis en 1930, après son service militaire à l’Hôpital du Val de Grâce à Paris. En 1937, il est nommé sur concours oto-rhino-laryngologiste des Hôpitaux de Tunis, chef de service à l’hôpital Sadiki. Membre du Conseil de la communauté en 1941, il doit abandonner ses fonctions en application du statut des Juifs de 1940, refusant une mesure d’exception qui lui est proposée. Pendant l’occupation allemande, il fait preuve d’un grand courage. En 1945, il apprend la mort à Auschwitz de son frère Maurice.
Fondateur de l’association « Nos petits », il fut vice-président de l’Union mondiale OSE. Il aime les plantes et écrit des textes mémorables sur l’oranger. Médecin capitaine de réserve de l’armée française, il est nommé officier de la légion d’honneur et commandeur de l’ordre du mérite de la république Tunisienne.

Lors de l’inauguration du siège de l’OSE, il dit : « Nous n’avons pas à l’OSE la folle prétention d’empêcher tous nos assistés de mourir, mais nous leur donnons contre la maladie les mêmes armes que celles que possèdent les enfants de riches. Il n’est pas juste qu’un enfant meure parce qu’il est pauvre. »

Cette philosophie reste le fil conducteur de l’institution.

Commentaires

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53 années 8 mois
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mon oncle, Elio (Charles , Elie  ) HABIB, pédiatre et né à Tunis en 1927 a été très impliqué dans l'OSE à Paris 

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