Deux sœurs originaires de Tunisie racontent leurs souvenirs tragiques

Deux sœurs originaires de Tunisie racontent leurs souvenirs tragiques

"Les images que j'ai en tête sont gravées, je ne peux pas les oublier..."
 

Publié sur i24news

Israël commémore aujourd'hui Yom HaShoah. En souvenir des 6 millions de Juifs assassinés pendant la Shoah, cette journée de commémoration nationale est ponctuée de cérémonies, d'une sirène qui retentit pour marquer deux minutes de silence et de la fermeture des lieux de divertissement.

Cette sombre période de l'histoire est présente dans la mémoire de chacun, mais seuls les survivants peuvent encore témoigner et relater leurs souvenirs. Ainsi, i24NEWS a rencontré deux sœurs nées en Tunisie pendant la Seconde Guerre mondiale, qui vivent désormais en Israël.

Arlette Hayet, 79 ans, et Rebecca Bokobza, 82 ans, n'oublieront jamais les événements tragiques qui se sont déroulés alors qu'elles étaient enfants, "les images que j'ai en tête sont gravées, je ne peux pas oublier comment la ville où je suis née a soudainement changé."

De novembre 1942 à mai 1943, les Allemands ont occupé la Tunisie. En plus de payer de lourdes amendes, les Juifs devaient leur remettre bijoux, mobiliers et dans certains cas leurs appartements.

Arlette avait alors trois ans et Rebecca six ans, toutes deux se remémorent l'arrivée des soldats allemands aux portes de la ville: "je me souviens que les Allemands sont entrés dans nos maisons et nous en ont fait sortir".

A cette époque, les deux petites filles ont souffert de la faim sévère qui régnait dans la ville "notre mère devait vendre des bijoux pour acheter de la nourriture, car nous n'avions pas d'argent".

Une chance que n'ont pas eue leurs cousins, "ma tante a donné naissance à deux enfants, et comme elle n'avait rien à leur donner à manger, ils sont décédés peu après leur venue au monde", relatent-elles.

"Les Allemands ont emmené les hommes vers des camps de travail, mon mari (qui était un ami d'enfance à l'époque), a réussi à leur échapper, mais mon oncle a été pris et mis dans un train pour l'Allemagne" raconte Rebecca.

"Il a réussi à s'échapper du train en montant sur le toit puis il est rentré à Tunis. A son retour, il avait tellement peur qu'il ne voulait pas parler de ce qu'il avait vu. Il a traversé des jours difficiles, et a beaucoup souffert psychologiquement", poursuit-elle.

Arlette et Rebecca participent aujourd'hui au programme UNIPER développé par le ministère du Travail et des Affaires sociales qui permet à environ 5.000 survivants de la Shoah de rester connectés à leur famille et à leurs amis "virtuellement" grâce à une application installée sur leur écran de télévision.

"Une priorité particulière est accordée aux survivants de la Shoah, nous mettons en place différents programmes afin de préserver leur bien-être et d'améliorer leur qualité de vie", a déclaré à i24NEWS Renana Levi, responsable des projets dédiés aux survivants de la Shoah, au ministère du Travail et des Affaires sociales.

Le 6 décembre 1942, une liste de 2.000 Juifs est établie, les Allemands entament alors des rafles d’une grande violence.

Plus de 4.000 Juifs tunisiens sont envoyés dans des camps de travail forcé, 350 Juifs sont tués et environ 700 autres meurent de sous-alimentation ou de maladie.

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