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Boualem Sansal, incarcéré en Algérie, a entamé lundi 17 février une grève de la faim
L’écrivain franco-algérien, emprisonné depuis novembre en Algérie, dénonce les tentatives d’influence sur son choix d’avocat.
Un geste de désespéré. L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué dimanche son avocat, précisant tenir cette information d’une source judiciaire algérienne. «Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d’un procès équitable», a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l’écrivain.
Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir eu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision «en raison des pressions exercées contre lui pour changer d’avocat». Selon le journal Marianne, le gouvernement algérien aurait envoyé des émissaires auprès de Boualem Sansal pour l’inciter à prendre «un autre avocat français non juif», des informations qu’a pu se faire confirmer Libération. «Ni la pondération dans l’expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j’ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime, qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix», a martelé l’avocat.
Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu en raison de sa grève de la faim, alors que l’écrivain souffrirait d’un cancer, selon des informations de presse.
Reportage
Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne en Algérie «comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions». Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris ses déclarations au média français Frontières, réputé d’extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.
Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement. Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd’hui 75 ans. Son éditeur Antoine Gallimard avait de son côté indiqué en décembre qu’il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.