Voici la véritable histoire de la fausse nouvelle la plus populaire du Québec

Voici la véritable histoire de la fausse nouvelle la plus populaire du Québec

Photo : Radio-Canada / Philippe Tardif

Jeff Yates

Le maire de Dorval n'a pas tenu tête aux parents d'élèves musulmans qui lui demandaient de retirer le porc des cantines scolaires. Pourtant, des centaines de milliers de gens y croient encore. C'est une fausse nouvelle qui est passée au rang du folklore québécois, selon des chercheurs. Autopsie d'un monstre.

« Bonne initiative d’un Québécois... »

Ainsi débute la publication de quelque 350 mots qui cause depuis quelques années des maux de tête à Dorval. Celle-ci félicite le maire, puis présente des propos que son secrétaire aurait tenus aux parents musulmans qui lui avaient supposément demandé de bannir le porc : « Les musulmans doivent comprendre qu’ils doivent s’adapter au Canada et au Québec, à leurs coutumes, à leurs traditions, leur style de vie, parce que c’est là où ils ont choisi d’immigrer », peut-on lire dans la publication.

Peu importe si cette histoire n’a jamais eu lieu et même si les maires québécois n’ont aucun contrôle sur les menus des écoles, elle circule et continue de circuler, bon an, mal an, depuis 2015. J’avais moi-même démenti cette fausse nouvelle à l’époque, tout comme plusieurs autres médias. Après enquête, nous avons appris d’où elle provenait et comment elle s’est mise à circuler.

L’histoire de cette fausse nouvelle débute le 9 janvier 2013 à Antibes Juan-les-Pins, une ville de près de 75 000 personnes près de Cannes, dans le sud de la France. Ce n’est pas le maire Jean Leonetti, mais son adjointe, Françoise Thomel, qui envoie une lettre aux parents des élèves inscrits au service de restauration scolaire en réaction aux demandes de certains parents de réduire, voire d’éliminer le porc des cantines. D’autres avaient, au contraire, demandé une augmentation des plats à base de porc.
Il s'agit d'une carte du Canada, ainsi que d'un texte attribué au maire de Dorval.

Ces demandes sont refusées. « Cette demande [...] est fondée sur des convictions religieuses ou personnelles, ce qui est contraire au principe de la laïcité », explique Mme Thomel dans sa lettre (Nouvelle fenêtre) . Elle ne dévoile pas de quelle religion ou de quelle idéologie se réclament les demandeurs.

La lettre apparaît rapidement sur les réseaux sociaux en France, puis dans les médias locaux (Nouvelle fenêtre) . Peu de temps après, des blogues d’extrême droite reprennent l’histoire. Un d’entre eux compose une lettre ouverte au maire d’Antibes (Nouvelle fenêtre) , le remerciant d’avoir tenu tête aux « musulmans ».

Si vous avez lu la fausse nouvelle à propos du maire de Dorval, vous avez déjà lu cette lettre ouverte au maire d’Antibes. Elles sont identiques. L’auteur de la fausse nouvelle a tout simplement modifié le texte pour que les références françaises concernent plutôt Dorval, le Québec ou le Canada.

Deux versions de cette fausse nouvelle, une publiée en septembre 2015, l’autre, en décembre 2017, soit bien après que l’histoire a été démentie, ont été partagées 124 000 et 178 000 fois respectivement sur Facebook. Comme beaucoup d'internautes font simplement un copier-coller du texte sur leur propre compte Facebook, il existe d’autres copies. La portée de cette fausse nouvelle est donc encore plus importante et impossible à mesurer.

À titre d’exemple, l’article le plus populaire de tous les grands médias québécois au cours des 12 derniers mois sur les réseaux sociaux, selon l’outil d’analyse BuzzSumo, a été partagé un peu plus de 61 000 fois sur Facebook.

« Cette info a été déformée, amplifiée et exploitée par des camps différents aux intérêts opposés », affirme Olivier Darcq, directeur de la communication à la Ville d’Antibes Juan-les-Pins. Il explique que la nouvelle a été récupérée autant pour dépeindre le maire comme un héros de la laïcité que pour avertir les musulmans de ne pas visiter la ville.

Ironiquement, l’histoire qui soulève les passions un peu partout dans le monde ne semble pas trop préoccuper les habitants de sa ville d’origine. Selon M. Darcq, cette nouvelle n’anime plus les discussions à Antibes depuis longtemps.

« J’ai le sentiment que ce débat n’est absolument plus d’actualité dans notre commune. Donc, s’il y a plus beaucoup de partages, il est clair que l’information, qui est devenue une fake news, a été orientée par ceux qui ont intérêt à créer des tensions sur ces thématiques, alors que des principes de bon sens ont permis dans notre ville d’apaiser toutes problématiques à ce sujet », juge-t-il.

C’est en 2015 que la fausse version de cette histoire, mettant en vedette le maire de Dorval, commence à circuler. L’équipe du maire Edgar Rouleau a rapidement réalisé que quelque chose clochait sur les réseaux sociaux quand de nombreux internautes et des journalistes lui ont signalé la fausse nouvelle.

À l’époque, la ville de 19 000 âmes voulait réagir, mais elle ne détenait aucun compte sur les réseaux sociaux. Aucune arme, donc, pour se défendre contre ce tsunami de « j’aime » et de partages qui propulsait un mensonge à l’endroit du maire. La Ville a donc publié un communiqué sur son site web pour dénoncer la fausse nouvelle. C’était « le seul moyen qu’on avait », se rappelle le chargé de communications de la Ville de Dorval Sébastien Gauthier

Rien n’y faisait.

« C’est sûr que le maire, au début, s’est demandé, “est-ce qu’on peut faire arrêter ça?” Avec nos recherches et selon des experts qu’on a consultés, on s’est dit qu’essayer de mettre fin à ça et au commérage sur les réseaux sociaux... bonne chance, c’est mission impossible. On a lâché prise », admet M. Gauthier.

Près de quatre ans plus tard, cette fausse nouvelle a fait le tour du monde, a été traduite en plusieurs langues et continue toujours de circuler au Canada, tout comme ailleurs.
La « morale » de l’histoire avant les faits
Le maire de Dorval n’a pas banni le porc des cantines scolaires, malgré ce qui circule sur Facebook depuis quatre ans.

Le maire de Dorval n’a pas banni le porc des cantines scolaires, malgré ce qui circule sur Facebook depuis quatre ans.

Il est impossible de précisément mesurer la portée de cette fausse nouvelle, mais elle a assurément rejoint des centaines de milliers, voire des millions de Québécois. La popularité de cette fausse nouvelle n’est pas anecdotique; quelque chose pousse des Québécois à la partager.

Afin de comprendre pourquoi, nous avons contacté plus d’une centaine de Québécois qui l'ont publiée sur leur compte Facebook. La plupart n’ont pas répondu, mais quelques-uns se sont prêtés au jeu.

Leurs réponses sont presque unanimes : les faits étalés dans l’histoire sont peu ou pas importants, selon eux. Ce qui leur importe, ce sont les valeurs exprimées, la « morale » de l’histoire. Même s’ils reconnaissent aujourd’hui que les événements décrits dans la publication Facebook ne se sont jamais produits, pour eux, l’histoire du maire de Dorval qui refuse de bannir le porc des cantines scolaires n’en demeure pas moins valide.

« Peut-être que l’information est fausse, mais les idéaux, eux, sont ce que la plupart des Québécois pensent, explique Sylvain. Pour être honnête, je n’ai pas beaucoup fait attention à [savoir si c’était vrai]! C’était plus les idées sur le point de vue que j’ai retenu et, pour moi, c’est là que cela prenait tout son sens. »

« Je ne savais pas que cette nouvelle était fausse… dommage. Je trouvais que celle-ci valait la peine d'être partagée, écrit, quant à elle, Marie-Claude. Je suis déçue, je croyais qu’il y avait quelqu’un qui avait des couilles! Mais c'est vrai, je suis d'accord avec les valeurs exprimées dans cette nouvelle. »

J’ai demandé à Jacques s’il se sentait mal d’avoir partagé une histoire inventée. « Non, car même si ce n’est qu’une invention, ce n’est pas tout le monde qui prend le temps de vérifier si c’est vrai ou non. Le plus important sur les réseaux sociaux, c’est le message véhiculé. »

Lynda, elle, savait très bien que l’histoire était fausse — elle a même inclus un avertissement à cet effet à la fin de sa publication, partagée plus de 400 fois. « Une histoire comme celle-là n'est qu’un prétexte pour ouvrir la discussion sur la laïcité de l'État et de faire entendre à tous nos opinions sur le sujet, explique-t-elle. Quand j'ai su que cela était faux, ça n'avait plus une grande importance pour moi, car ce texte, même faux, représentait ce que je crois qui devrait être fait dans une circonstance comme celle présentée, ou une quelconque circonstance hypothétique de ce genre. »

Presque tous en ont profité pour m’expliquer, sans que je le leur demande, leur vision de l’immigration et de la laïcité. Je sentais qu’ils cherchaient à se faire entendre, à partager leur message : l’immigration c’est bien, mais seulement quand les nouveaux arrivants s’intègrent. Partager cette publication leur permet d’exprimer leurs craintes que les musulmans, eux, ne s’intègrent pas, que ces derniers demandent que la société québécoise s’adapte à eux. Le maire de Dorval fictif dans l’histoire est, pour les personnes que j’ai interrogées, un exemple à suivre, un idéal.

Nous sommes donc devant une histoire fausse, relayée dans le but de véhiculer des craintes et de proposer une vision héroïque de ce que nous devons faire pour les combattre. Tout comme dans une épopée ou dans un mythe légendaire.

Sylvain, lui, me l’a dit sans broncher. « Aujourd’hui, je le vois plus comme les contes que l’on raconte aux enfants. Je veux dire, l’histoire est peut-être inventée, mais les valeurs et la morale n’en restent que plus vraies. »

Ça, la communauté de chercheurs qui s’intéresse au folklore le sait depuis un bon moment.
Une sorte de folklore moderne
Des légendes urbaines émergent chaque fois qu’il y a des changements majeurs. Dans les nouvelles technologies, par exemple : « les micro-ondes détruisent les vitamines dans les aliments! »

Une légende urbaine dans les nouvelles technologies : « les micro-ondes détruisent les vitamines dans les aliments! »

« Lorsqu’on a créé lnternet, certains croyaient que ça serait la fin des légendes urbaines parce que les gens pourraient immédiatement effectuer des recherches et déterminer qu’elles étaient fausses, ce qui stopperait le phénomène. Malheureusement, c’est loin d’être le cas », lance en riant Ian Brodie, professeur associé en folklore à l’Université du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.

Parce que, oui, il considère que les fausses nouvelles sont tout simplement des légendes urbaines, la manifestation moderne d’un phénomène qui existe depuis la nuit des temps.

C’est du folklore moderne.

« Les folkloristes parlent des légendes urbaines depuis beaucoup plus longtemps que nous parlons des fake news. Il y a beaucoup de points en commun entre ces phénomènes », renchérit Russel Frank, de l’Université de Pennsylvanie. Ce dernier est bien placé pour parler : il détient un doctorat en folklore, mais enseigne le journalisme.

Certes, les réseaux sociaux ont changé la donne. Mais un bon nombre des fausses nouvelles que nous voyons aujourd’hui auraient jadis circulé dans ces conversations de salon, à l’arrêt d’autobus, autour de la table au souper. Elles le font depuis que les humains existent.

« C’est la même chose qui se traduit sur les réseaux sociaux. L’important, ce n’est pas tant la source ou la fiabilité de l’information, mais plutôt l’identité de la personne qui me la relaie, que je connais, avec qui j’entretiens une relation », illustre M. Brodie. C’est le royaume du « as-tu entendu que…? »

J’ai résumé aux chercheurs les conclusions de ma petite enquête auprès des gens qui ont partagé l’histoire du maire de Dorval. Rien de cela ne les a surpris. Le but des légendes urbaines n’est pas d’informer, mais de communiquer des craintes, d’avertir, pensent-ils.

    Aussi peu fiables que ces histoires puissent être en ce qui concerne les faits, elles sont une mesure extrêmement fiable des anxiétés qui traversent une société.
    Russel Frank, professeur, Université du Cap-Breton

Selon M. Brodie, c’est pourquoi des légendes urbaines émergent lorsqu’il y a des changements sociaux majeurs : les nouvelles technologies (« les micro-ondes détruisent les vitamines dans les aliments! »), l'évolution des moeurs (« les homosexuels sont satanistes! »), les changements dans l’ordre social (« sans mères au foyer, les enfants deviendront dingues! »), et, oui, les vagues d’immigration.

M. Frank m’envoie un article publié par la chercheuse Florence E. Baer dans le journal universitaire American Folklore. L’auteure tente de déterminer la source de rumeurs qui circulent à l’endroit d'un groupe de réfugiés dans une petite ville en Californie.

Il s’en trouve plusieurs pour alimenter toutes sortes de rumeurs sur ces nouveaux arrivants : ils ont des pratiques alimentaires bizarres, ils ne réussiront jamais à s’intégrer. Un garçon affirme les avoir vus tuer et manger le chien d'une dame; même si l'enquête policière conclut que ces événements ne se sont pas produits, les esprits s'enflamment, l'histoire explose. Ou encore, de bouche à oreille, on se scandalise que l'ami de l'oncle d'untel a entendu du frère d'untel que ces réfugiés reçoivent plus d’argent du gouvernement que son père, qui est retraité.

Tout cela m’est extrêmement familier. Des histoires du genre, j’en ai vu des tonnes, relayées des dizaines de milliers de fois sur Facebook. J'ai même dû démentir deux fois l'idée que le gouvernement traite mieux les réfugiés que les aînés. C'est du déjà-vu.

Par contre, dans le cas de l'étude de Florence Baer, on ne parle pas de réfugiés syriens, mais de réfugiés vietnamiens. Parce que, voyez-vous, même si ces histoires ont l'air de provenir de statuts Facebook viraux, l’article de Mme Baer a été publié en 1982 (Nouvelle fenêtre) . Ce sont les mêmes vieilles histoires qui ressurgissent. La désinformation au XXIe siècle n'a rien de très original.
Des histoires pour mettre en garde envers l’Autre
Au début des années 1900 aux États-Unis, illustre-t-il, on mettait en garde les jeunes femmes contre des établissements dangereux, qui représentaient la déchéance sexuelle. On parlait, bien sûr, des crèmeries.

Au début des années 1900 aux États-Unis, illustre-t-il, on mettait en garde les jeunes femmes contre des établissements dangereux, qui représentaient la déchéance sexuelle. On parlait, bien sûr, des crèmeries.

Ian Brodie affirme que l’immigration alimente en bonne partie les légendes urbaines, et ce, depuis toujours. Au début des années 1900 aux États-Unis, illustre-t-il, on mettait en garde les jeunes femmes contre des établissements dangereux, qui représentaient la déchéance sexuelle. Fréquenter ces lieux en tant que femme, c’était s’exposer au risque d’être violée, voire kidnappée, puis envoyée à l’autre bout du monde comme esclave sexuelle.

On parlait, bien sûr, des crèmeries. Pourquoi? Parce que les premiers commerces à vendre de la crème glacée dans ce pays étaient gérés par ces étrangers mystérieux et que certains croyaient dangereux, les Italiens.

« Les crèmeries étaient des endroits terrifiants parce que cette nouvelle population immigrante vendait une nouvelle sorte de nourriture qu’on ne connaissait pas. Ça faisait peur! On disait : “jeunes femmes, si vous voulez protéger votre vertu, parents, si vous voulez protéger vos filles, évitez les crèmeries!" », raconte-t-il en ricanant. Si on veut remonter encore plus loin, les Romains disaient que les chrétiens kidnappaient les enfants et buvaient leur sang, ajoute-t-il.

« Les légendes urbaines qui traduisent une anxiété envers l’Autre forment une immense partie du folklore. Il y a cette peur de la différence, de vivre dans un monde qui est changé par l’Autre », avance M. Frank. C’est pourquoi les mêmes histoires reviennent, encore et encore.

Que faire pour freiner la propagation de légendes du genre si les faits ne font que rebondir sur leur carapace? « Tout ce qu’on peut faire, c’est prendre un peu de recul et dire “l’histoire que tu me racontes, elle n’a rien de nouveau. Elle existe depuis des siècles. Je suis certain que tu y croies et qu’elle confirme tes opinions, et je ne pourrai probablement pas changer tes préjugés, mais, écoute… c’est la même histoire” », laisse tomber M. Brodie.

Heureusement, ces rumeurs tendent à disparaître au fil du temps, ajoute-t-il. Peu de gens inventent aujourd’hui des fausses nouvelles à propos de l’immigration vietnamienne ou italienne, par exemple.
Décrypteurs, notre dossier

La fausse nouvelle du maire de Dorval s'inscrit dans une longue tradition. On exprime nos craintes à l'aide d'histoires plus souvent fausses que vraies, dont les sources sont nébuleuses. Il y a toujours un héros, qui tient tête contre vents et marées contre un ennemi insidieux. L’important, ce n’est pas si c’est arrivé pour vrai, si les faits rapportés sont exacts. L’histoire elle-même sert à communiquer un avertissement, un point de vue, une piste de solution.

C’est probablement pourquoi cette fausse nouvelle ne séduit pas uniquement les Québécois. Il existe d’autres versions dans plusieurs pays, dont la Belgique ou l’Australie, qui visent des maires locaux. Par contre, celle mettant en vedette le maire de Dorval semble de loin la plus populaire. D’ailleurs, seulement pendant la rédaction de cet article, un site web israélien l’a relayée. Ensuite, une autre version de la fausse nouvelle a rebondi dans sa terre d’origine, la France (Nouvelle fenêtre) ... cette fois-ci mettant en vedette un autre maire français.

Le maire de Dorval reçoit quelques appels ou courriels chaque mois pour le féliciter d’avoir tenu tête aux parents musulmans, souligne Sébastien Gauthier. La plupart des messages sont en anglais et proviennent du reste du Canada ou des États-Unis.

Le billet du maire expliquant que l’histoire est fausse trône souvent au sommet des sections les plus populaires sur le site web de la Ville. Selon M. Gauthier, c’était la deuxième section la plus consultée en 2018.

La Ville, du haut de sa page Facebook lancée en 2016 et qui comporte moins de 2000 abonnés, voit mal ce qu’elle pourrait faire, mis à part signaler quelques publications ici et là. « Oui, ça nous dérange, mais la bibitte des réseaux sociaux est tellement énorme qu’on se dit, “comment peut-on se battre contre ça?” Surtout quand on voit que ça fait maintenant quatre ans que la “nouvelle” a été démentie… Qu’est-ce qu’on fait? », lance-t-il.

Aussi bien tenter de se battre contre la chasse-galerie.

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