Au Yémen, l’enterrement “émouvant” d’un des derniers juifs du pays
Sous la pression des houthistes, alliés de l’Iran, l’une des plus vieilles communautés juives du monde s’est réduite à peau de chagrin. Ses membres se comptent désormais sur les doigts d’une main. Dans un village du nord du Yémen, les voisins d’un homme juif centenaire mort la semaine dernière se sont mobilisés pour lui assurer un enterrement digne.
“Yahya ben Youssef, l’un des derniers juifs du Yémen, mort jeudi dernier, a été enterré par ses voisins musulmans dans le village de Madar, au nord de la capitale Sanaa”, rapporte le journal israélien Ynet, qui souligne que l’homme faisait partie des six derniers juifs encore présents au Yémen.
Le journal cite une page Facebook, Yemeni Jewish, parlant d’une “action profondément émouvante d’unité et de respect” de la part du voisinage musulman. “Avec un nombre insuffisant de juifs encore sur place pour procéder à l’enterrement et pour faire la lecture du kaddish [prière des morts], ces musulmans ont pris les devants pour assurer à leur voisin juif un adieu digne”, indique cette page, assortie de plusieurs vidéos de la cérémonie.
“Ben Youssef, qui disait avoir plus de 100 ans, avait refusé [d’émigrer] en Israël, où vivent quelques-uns de ses proches, nonobstant le harcèlement des houthistes”, dont le mot d’ordre est “Mort à l’Amérique, mort à Israël, la malédiction pour les juifs, la victoire pour l’islam”.
Depuis la conquête des houthistes de larges pans de la partie nord-ouest du pays, notamment de la capitale Sanaa, la situation d’une des plus vieilles communautés juives du monde s’est dégradée de manière accélérée.
“Nombreuses chicanes”
Le site d’information yéménite Al-Mushahid avait consacré un article au “dépérissement de la religion juive au Yémen”, le 10 juin dernier. “Ils subissent l’emprise policière”, indique l’avocate et militante des droits humains Samah Subaï, citée par le journal. “Déjà avant la guerre, ils étaient surveillés”, et subissent depuis “de nombreuses chicanes” dont le but est de leur rendre la vie impossible au Yémen.
La dernière “vague de départ” date de 2021, avec l’évacuation de personnes qui avaient été regroupées depuis plusieurs années dans un complexe immobilier fermé près de Sanaa.
En 2016, “leur nombre était toujours estimé à 1 500 personnes”, rapportait le journal israélien The Jerusalem Post en septembre dernier. Mais dès 2018 ce chiffre était tombé à une cinquantaine. “Ultérieurement, sous la pression des extrémistes houthistes, presque la totalité des juifs restants a fui le pays”, ajoutait le journal.
Aujourd’hui, il ne subsiste qu’un tout petit nombre d’individus, essentiellement des personnes âgées, dans quelques villages, vivant de façon isolée, note Al-Mushahdi. Voire derrière les barreaux, comme c’est le cas de Levi Salem Marhabi, emprisonné depuis 2016 par les houthistes pour avoir participé à faire sortir du Yémen un rouleau de la Torah vieux de huit cents ans.
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