Les « Phéniciens », inventeurs de notre alphabet, et les Carthaginois étaient…des Hébreux ! par David Belhassen

Les « Phéniciens », inventeurs de notre alphabet, et les Carthaginois étaient…des Hébreux !

par David Belhassen

Les « Phéniciens » ou la manière subtile et pernicieuse d’occulter une identité ethnique !

 Cet article est un hommage à l’historien Nahum Slousch (1972-1966) et à l’archéologue Adyah Horon (1907-1972), les deux visionnaires qui redécouvrirent la véritable identité hébreue des ‘Phéniciens’.

 

Préambule

Les « historiens » nous montrent souvent une « réalité historique » – bien qu’il soit possible d’y voir d’autres facettes – comme étant la seule envisageable. Néanmoins, certains d’entre eux, les plus courageux, reconnaissent que l’écriture de l’Histoire n’est jamais achevée, que « l’objectivité absolue » est une fable pieuse, et que leurs « convictions intimes » interviennent dans leurs positions ou analyses.

Certes, ces analyses et recherches s’améliorent, se perfectionnent au gré de nouvelles découvertes, archéologiques entre autres, qui se greffent sur une solide base de connaissances dans des domaines annexes, comme la philologie, l’étymologie etc…

Et pourtant, de graves lacunes subsistent et n’ont toujours pas fait le sujet d’une « révision ». Par exemple, de ce que l’on sait vraiment des « Phéniciens » et de leurs descendants « Carthaginois ».  Qui étaitent-ils ?

Les fables et légendes grecques puis gréco-romaines qui les entourent, comme l’Enéide de Virgile, ont fait les beaux-jours des littéraires. Les péripéties amoureuses du couple Didon- Enée font encore partie du département académique des « Etudes phéniciennes » où s’écrivent de nombreuses thèses d’Université, qui se veulent sérieuses, mais qui continuent à nous relater la pseudo escroquerie de Didon, la reine phénicienne : « Ainsi, à son arrivée sur les côtes d’Afrique du Norddans l’actuelle Tunisie au nord-est de Tunis, elle décida d’acheter pacifiquement des terres pour s’établir, par un accord avec le seigneur local Hiarbas, roi des indigènes, « autant qu’il en pourrait tenir dans la peau d’un bœuf ». Par un procédé ingénieux, elle fait découper une peau de bœuf en lanières extrêmement fines, ce qui lui permet de dessiner un espace bien plus grand que celui qui lui avait été vendu, délimitant ainsi un territoire assez vaste pour y établir une cité sur une colline appelée Byrsa (du grec bursa, peau de bœuf en grec). Elle est ainsi la fondatrice légendaire et première reine de Carthage vers 814/813 av. JC. »

Et c’est ce genre d’inanités infantiles que ces « Etudes phéniciennes » nous revendent. Par contre, le nom même de « Phénicie », son origine, son étymologie, sa signification, ne semble intéresser personne. Ni même qui était Didon, de son vrai nom ‘Elyasha’ en hébreu, qui signifie « Dieu sauve ». Ou encore l’origine de la famille Barka (en hébreu « bénédiction ») ou de la déesse « Tanit » (en hébreu, « La donatrice »), etc… etc…

Mais revenons à cette appellation de Phénicie – adoptée à l’unanimité par l’Historiographie dite scientifique ? Pourquoi est-elle désormais devenue un consensus général et incontestable ? Et les « Phéniciens » eux-mêmes ? Se nommaient-ils eux-mêmes de la sorte ?

Réponse : Jamais ! Nous n’avons aucun document qui en témoigne ! Cette dénomination est non seulement un anachronisme grossier, mais surtout un péjoratif dans la bouche des Grecs qui les nommèrent ainsi. Pire ! Une trahison de la part des ‘Historiens’ modernes qui se targuent d’objectivité scientifique et qui persistent à en faire usage, tout en sachant pertinemment que cette trahison sémantique est aussi une grave offense historique, imposant aux victimes l’identité que leurs bourreaux ont forgée pour eux.

Il y eut d’autres cas de « trahisons sémantiques » sur lesquels nous ne nous étendrons pas, comme celle de « palestine » pour désigner le Pays des Hébreux, ou de « amérique », ou « amérindien », qui est une double trahison et un sinistre anachronisme, pour nommer les « natifs » et autochtones après l’arrivée des conquistadors sur ce « nouveau continent ».

Ces « Historiens modernes » se rangeraient-ils systématiquement du côté des vainqueurs, adhéreraient à leur terminologie, y compris à leur manière de déconsidérer le vaincu ?

Peut-on plaider l’ignorance des faits, ou même la circonstance atténuante d’un manque de sensibilité vis-à-vis du « vaincu de l’Histoire » ?

On est en droit d’en douter. L’exemple le plus probant et frappant de cette imposture d’historiens est sans doute leur regard sur les « Phéniciens », ce peuple qui a été triplement vaincu de l’Histoire : militairement par les Grecs puis les Romains, culturellement par le judaïsme, et physiquement par les hordes conquérantes arabo-musulmanes. C’est ce qui rend tout particulièrement tenace les préjugés à leur encontre.

 

I Un peuple de marchands ?

Le négoce, c’est l’association immédiate qui vient à l’esprit quand on entend ‘Phénicien’.

D’origine grecque, ce mot poïniké signifierait le pourpre (extrait du Murex Brandaris), ou bien une épice rouge (comme le paprika), ou encore le fruit rougeâtre du palmier-dattier.

Mais cette acception qui les prive de toute dimension de peuple pour les réduire à une guilde de marchands, est une grave erreur de compréhension ou le fruit d’un terrible malentendu linguistique.

En effet, le dénominateur commun des choses désignées par le terme grec poïniké (le pourpre, le paprika ou la datte) est leur couleur rougeâtre. Or, en hébreu, adom signifie à la fois rouge, homme, terre (ce qui n’a rien d’étonnant dans un pays recouvert de terra rossa).  

Le terme grec poïniké ne serait donc pas un qualificatif dénonçant un mercantilisme forcené autant que méprisable, mais bien la traduction en grec de l’hébreu ‘adam’, c’est-à-dire l’homme.

Les dits « Phéniciens » ne sont d’ailleurs pas les seuls à répondre à cette appellation. D’autres peuplades hébraïques, de la rive est du Jourdain comme les Edomites (Edoumim en hébreu), se définissaient exactement de la même façon : les « hommes de la terre rouge ».

Mais à côté des « nobles » préoccupations politiques des Grecs ou des Romains (celles qui visaient à faire main-basse sur les biens des autres peuples), il fallait bien faire de leurs concurrents « Phéniciens » de vils marchands.

Déjà, Homère pestait contre « ces gens de Phénicie, ces marins rapaces, qui dans leur noir vaisseau, ont mille camelotes. » (Odyssée, 15, 415). Il fut suivi par une longue tradition ‘d’historiens’ qui diffusèrent et amplifièrent la diffamation.

Or, ces Hommes-Phéniciens (et leurs descendants Carthaginois), n’étaient pas que des « marins rapaces ». Ils étaient également des pionniers dans un très grand nombre de domaines. Depuis le travail des métaux jusqu’aux principes de navigation maritime, en passant par les constructions navales (les fameuses trirèmes puniques) et terrestres (les architectes Carthaginois construisaient des immeubles de six étages habitables). En fait, ils étaient bien plus avancés que les Grecs et les Romains. Ceux-ci, d’ailleurs, ne tarissaient pas d’éloges devant l’ouvrage d’agronomie de Magon le Carthaginois.

Ils étaient de surcroît des explorateurs intrépides, les premiers à avoir franchi la « passe de Melqart » (le détroit de Gibraltar). Le récit du ‘périple de Hannon’ décrit même une exploration poussée de la côte atlantique de l’Afrique.

Mais il y a ‘pire’ encore. Les Phéniciens ont aussi largement exploré l’Europe tout entière, depuis la vallée du Rhône jusqu’aux côtes de Bretagne et même d’Ecosse.

Le terme Europe lui-même est tiré de la racine hébraïque ‘ERB, qui signifie « le coucher de soleil », c’est-à-dire l’ouest, l’occident, donc l’Europe. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dans les médaillons antiques inspirés de la mythologie grecque, Europa est représentée comme une jeune femme sous un saule. Or en hébreu, le saule se dit araba, donc le féminin de ‘Ereb par opposition à « Est », « Levant » « Orient » – en hébreu Qedem –(voir Adyah Horon. Gourevitch ; Ereb ve Qedem, Ed Dvir, 2000).

Et d’ailleurs, selon Hérodote, Qadmos (de l’hébreu Qedem) est le « frère aîné de Europa, et c’est lui qui introduisit en Grèce l’Alphabet » (l’alphabet hébreu duquel descend l’alphabet grec et latin !).

Ce qui en dit long sur l’ascendant culturel des Phéniciens sur les Grecs et les Romains. Tout cela est bien loin de l’image calomnieuse de parasites, d’obscurs et avides trafiquants.

Ainsi, les Phéniciens ont développé des relations étroites avec de nombreux peuples d’Europe, depuis l’Ibérie au sud (en deçà et au-delà du fleuve Ebre, – on retrouve encore une fois la racine hébraïque ‘EBR = Hébreu, dans Ibérie et Ebre), jusqu’aux Hébrides et à l’Eire (noms également dérivés de la racine ‘EBR selon Adyah Horon qui fait la remarque que certains celtes nommaient jadis leur pays Evrin ou Ebrin, qui s’est ultérieurement transformé en Eire).

De même, à Malte, en Sicile, en Sardaigne, en Corse, à Chypre, à Rhodes, aux îles la Grèce, etc…), on retrouve des traces de ces Phéniciens, sous la forme d’inscriptions en hébreu, de noms de localités, de rivières et de montagnes.

Dans ces relations, il n’est nullement question de conquête ou de guerre dévastatrice, mais, dans la plupart des cas, de rapports pacifiques, véritables ‘échanges culturels et de civilisation’. Selon les auteurs de ‘l’Univers phénicien’ (M Gras, P Rouillard et J Teixidor, L’Univers Phénicien, Paris, Arthaud, 1989 p. 240), « Les phéniciens n’ont été en aucun moment des colonisateurs, et c’est peut-être cette raison qui explique la stabilité de leur présence en Méditerranée. ».

Cet apport civilisateur s’est étendu à toutes les contrées où les amenait leur curiosité, et surtout en Afrique du nord, et tout particulièrement en Tunisie où ils ne se contentèrent pas d’établir des comptoirs portuaires, mais nouèrent des relations stables avec les autochtones Berbères et les Numides. C’est là qu’ils développèrent une civilisation remarquable (qui dépassa et de loin celles qui l’ont supplantée), et en premier lieu la République de Carthage, la première république démocratique au monde !

Or ces Phéniciens qui ne se sont eux-mêmes jamais appelés « Phéniciens », et qui se dénommaient naturellement « Fils d’Adam », « Adaméens », donc, les Humains, auraient voulu que l’on reconnaisse ce qu’ils ont apporté à l’humanité, et à l’Europe en premier chef.

Mais sous la plume de Louis Siret, les Phéniciens sont des « parasites qui n’ont jamais eu un art propre » « vils individus avec leur manie quasi-obsessionnelle du lucre » (cité par M Gras, P Rouillard et J Teixidor, L’Univers Phénicien) ils sont dépeints dans la posture de camelots ambulants, sillonnant la Méditerranée, fourbes d’esprit, aussi âpres au gain que dénués de tout sentiment ‘patriotique’. La seule grâce qui leur est accordée est de s’être « volatilisés » de l’Histoire.

On aura reconnu ici certains préjugés qui exigèrent des Hébreux de bien vouloir eux-aussi se volatiliser de « bonne grâce » et de « cesser d’emmerder le monde ». Ce qui est bien pratique pour justifiera posteriori la volonté de les faire physiquement « disparaître ».

Certains de ces ‘historiens’ comme Vacher de Lapouge, se sont alors demandé comment il était possible que Dieu ait choisi les Hébreux-Israélites comme « peuple élu » alors qu’ils sont si « semblables aux odieux Phéniciens » ? Son explication est cinglante : le peuple d’Israël aurait été victime d’une « phénicisation » progressive : « … le peuple d’Israël était profondément phénicisé…. Des phéniciens, voilà ce qu’il faut voir dans la majorité des Juifs de race pure… » (G Vacher de Lapouge, les Sélections sociales, p. 136-137, Fontemoing, Paris, 1896).

Bref, les Phéniciens furent non seulement délégitimés en tant que peuple, mais encore démonisés avec la diffusion du mythe « de l’abominable pratique de sacrifices humains perpétrée au Tophet de Carthage et dans toutes les comptoirs phéniciens ».

Cette horreur feinte de la part des ennemis des Phéniciens qui ont colporté l’ignoble calomnie, ne cacherait-elle pas en filigrane une sorte de ‘justification’ de la destruction de Carthage (« Delendo Cartago » de Caton) par les Romains ?

On est en droit de le penser, car cette calomnie fut à l’origine propagée par ces mêmes Romains.

Or une telle accusation a de quoi révolter.

Tout d’abord parce qu’à cette époque, ce sont les Romains qui pratiquaient couramment des sacrifices humains. Les riches notables de Rome ne manquaient pas, lors de la construction d’une nouvelle bâtisse, de sacrifier un esclave (acheté spécialement pour la circonstance) et de répandre son sang sur les fondations. Sans évoquer les distractions morbides que constituaient les sanguinaires combats de gladiateurs.

Mais lorsqu’on évoque la « grandeur de Rome », cette accusation d’avoir pratiqué des sacrifices humains est soigneusement cachée, et ce pour mieux la faire retomber sur les Carthaginois ! On préfère glorifier le ‘génie militaire’, les institutions, le sénat, et la grande ‘piété’ du peuple Romain, mais non pas mentionner ses abominations.

Par contre, à l’égard des Carthaginois, point d’amnésie consciente ! La calomnie, encore et toujours ! Au point où cette accusation s’est métamorphosée en une vérité historique indubitable de la part d’historiens malveillants et jusques aux romanciers, comme Flaubert et sa mise en scène macabre d’un Moloch ogre d’enfants dans son célèbre roman ‘Salammbô’.

Cette image d’Epinal s’est également nourrie des descriptions bibliques sur une cérémonie d’initiation par le feu célébrée par des Hébreux polythéistes (décriée par le ‘prophète’ monothéiste Jérémie – Voir Jérémie VII, 31-31 et XIX, 6), et mal comprise ou mal interprétée.

D’ailleurs les tout récents travaux sur les cendres d’os, ainsi que les dédicaces, trouvées sur les nécropoles de Carthage, les fameux ‘Tophet’, infirment la calomnie. ‘Tophet’ n’est pas du tout un terme énigmatique et menaçant, comme certains le prétendent.

Il désigne simplement un site où se pratiquait l’incinération des os des défunts, et en particulier l’incinération des avortons, des bébés mort-nés ainsi que des nourrissons non-sevrés et décédés en bas-âge (Sabatino Moscati, 1987, Il sacrificio punico dei fanciulli : realta o invenzione ? Rendiconti dell’Accad. Dei Lincei, 261, p.3-7).

Pourtant, les découvertes archéologiques n’étaient pas indispensables pour réfuter la calomnie à l’encontre des Carthaginois, puisque le ‘prophète’ biblique, Amos, parle déjà de cette coutume d’incinération : « Et son oncle, chargé de l’incinération, emportera ses os » (Amos, 6, 10). S’il s’agissait de sacrifices humains, il est impensable que le ‘prophète’ monothéiste Amos ne se soit pas indigné et n’ait point condamné une telle pratique au lieu de l’encenser.

En effet, en hébreu (la langue des Phéniciens et des Carthaginois, nous le verrons par la suite), tophet vient de la racine tuwf = incinération, brûlement.

Les malheureux parents immolaient souvent une bête de substitution, à côté de l’enfant défunt, probablement pour s’assurer la promesse d’une nouvelle descendance. C’est la promiscuité des os d’enfants et d’agneaux incinérés qui est à l’origine de cette légende diffamatoire qui persiste autant dans l’imaginaire populaire que dans les écrits des « spécialistes » de Carthage.

Le dénigrement systématique des Carthaginois, jusqu’à leur refuser un statut de peuple, cache des intérêts bien plus sordides. Les Carthaginois représentaient tout simplement une dangereuse concurrence pour l’activité maritime des Grecs et des Romains. Il fallait donc s’en débarrasser !

Le plus désolant est que même l’extraordinaire apport culturel des Phéniciens et des Carthaginois se trouva exploité par l’entreprise de leur délégitime générale : censés avoir eu un rôle civilisateur à jouer dans l’Histoire, leur existence serait ensuite devenue « inutile ».

On retrouve là encore la thématique généralement appliquée au peuple Hébreu, considéré comme un véritable ‘fossile vivant’ qui refuse d’accepter le ‘verdict de l’Histoire’ (c’est-à-dire celui des vainqueurs).

Il est cependant question ici de la version ‘positive’. Contrairement aux « emmerdeurs Juifs’ » les Phéniciens auraient su ‘élégamment disparaître’ de la scène de l’Histoire, et même sans laisser de traces. Voici comment Gumplowicz formule cette idée : « Guidés par des instincts absolument égoïstes, tendant au gain matériel par la ruse et la fourberie, ils rendirent cependant les plus grands services à la civilisation et à l’humanité, et en particulier à l’Europe. L’Europe, sans les phéniciens, ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui…Peuple habile, les phéniciens surent disparaître opportunément. Doués d’un sentiment cosmopolite exact, ils n’estimèrent pas que leur civilisation ‘nationale’ valût la haine et l’hostilité universelle. Ils s’évanouirent dans les peuples au milieu desquels ils habitaient ; et, de la sorte, ils remplirent plus fidèlement et exactement, si l’on peut s’exprimer ainsi, les intentions du processus naturel historique, que s’ils avaient sauvegardé avec une ténacité inopportune et antinaturelle, pendant de longs siècles, leur nationalité à laquelle ils survivaient… ». (L. Gumplowicz, La lutte des races, p. 212, Trad. Guillaumin, Paris, 1893)

Le lecteur appréciera la ‘valeur scientifique’ de l’idée d’holocauste collectif d’un peuple (qui après tout, n’est qu’un « ramassis de marchands ») ayant renoncé à son identité ethnique et culturelle « pour le bien des civilisations supérieures ».

C’est ainsi faire fi de la résistance héroïque des Carthaginois devant l’occupant romain, au travers plus de 3 ans d’un siège dont l’issue leur fut fatale, ou bien celle de leurs frères Tyriens restés en métropole qui résistèrent à un siège de plus de 13 ans de leur ville (et dont la Bible se fait l’écho tragique, voir Ezéchiel, chap 26-27), ce qui est probablement un record dans le genre.

Mais ces clichés venus du XIXième siècle ont la vie dure, puisqu’ils sont récupérés tels quels (en y ôtant, modernisme gauchiste oblige, les connotations racialistes) dans les ouvrages récents sur la question.

Par exemple, on peut y lire la prose suivante : « Au risque – pour nous bien évidemment perceptible – d’altérer très vite la culture orientale et sémitique dont elle était porteuse….Ce risque de pénétration et, à la limite, de perte d’identité, était d’autant plus grand que la culture phénicienne d’origine se caractérisait déjà par une grande porosité. » (Sic ! Voir Carthage de S. Lancel, Paris, Fayard, 1992, p. 325).)

II La propagande dissimulée sous l’usage de « langue phénicienne », « langue punique »« langue sémitique »

Les Phéniciens et les Carthaginois parlaient l’hébreu. Sur ce point, s’accordent même (du moins jusqu’au XIXième siècle) leurs détracteurs les plus acharnés: « l’hébreu biblique ne diffère que de l’épaisseur d’un cheveu d’un patois du dialecte phénicien de Tyr et de Carthage….» (G Vacher de Lapouge, les Sélections sociales, p. 136-137, Fontemoing, Paris, 1896).

Par contre, les « Nouveaux Historiens » parlent tout autrement : « hébreu » n’est plus de mise. Pardi, le conflit « israélo-palestinien » est passé par là. Depuis, c’est la « langue de bois ». Ainsi, selon Serge Lancel « Les phéniciens parlaient … le punique, une langue ouest-sémitique ». (L’Univers phénicien, op. cit. p.369).

Cette « langue de bois » sur le ‘punique’ ne peut occulter le fait que d’après ce même Serge Lancel « Le phénicien et l’hébreu sont deux langues cananéennes très proches l’une de l’autre. » (op. cit., p.30).Tiens, tiens !

Certes, « très proches » ne signifierait pas pour autant identiques, mais simplement appartenant à la même ‘famille linguistique’.

Néanmoins que Mr Lancel nous dise en quoi l’hébreu et le phénicien(ou le punique) diffèrent ? Et que s’est-il passé entre le XIXième siècle et le XXème siècle pour que ces deux langues se séparent ?

Réponse : rien ! Ou plutôt, si ! Quelque chose s’est passée : la propagande palestiniste et l’usage systématique de la terminologie langue ouest-sémitique afin de ne pas dire langue hébraïque, expression qui semble brûler les lèvres des panarabistes palestinistes et leurs affidés gauchos-bobos européens.

Malheureusement pour eux, les inscriptions en paléo-hébreu trouvées dans les fouilles archéologiques à Carthage ont toujours confirmé la parfaite identité entre l’hébreu et le phénicienou punique. Alors ces « Nouveaux Historiens » en viennent à justifier cette distinction de la manière suivante : « il existe des différences lexicales et grammaticales. Le a du sémitique commun est prononcé a en hébreu mais devient o en phénicien ».

S’appuyant sur des vétilles de cette sorte, il faudrait décomposer le français en une « famille de dialectes proches », comme par exemple la langue des Parisiens, des Marseillais, des Lyonnais, des Toulousains, et même celle des habitants de Maubeuge !

La chose est d’autant plus grotesque que les voyelles ne s’écrivent pas en hébreu ! Et ni non plus en phénicien ou en punique ! Si bien qu’il est impossible de décider comment s’y prononçait le a.

Alors, de quoi s’agit-il ? A qui peut donc bénéficier la séparation fictive (et sa pseudo caution ‘scientifique’) entre l’hébreu et le phénicien ou le punique ? Le déterminer nous aidera- t-il à comprendre les causes de ces aberrations historiques ?

En effet, les historiens qui se respectent confirment que les « Phéniciens étaient un peuple indigène en Canaan », affirmation reposant sur l’archéologie et l’identification des premières traces historiques de ces Phéniciens, datant de près de 6000 ans !

Or puisque Cananéenset Hébreux ne sont en fait qu’un seul et même peuple parlant une seule et même langue (voir « la Bible dévoilée » de Finkelstein), cela signifie que les Hébreux et les Phéniciensétaient aussi un même peuple !

Ce qui contredit à la fois la Bible judaïque et sa propagande monothéiste, mais aussi la propagande panarabiste palestiniste ! Faire des Phéniciens un peuple à part, distinct des Hébreux, simplifie la tache aussi bien de la propagande judaïque monothéiste que celle de la propagande panarabiste palestiniste !

Propagandistes de tout horizon théologique et idéologique, unissez-vous ! », devrait-on dire !

Le ‘hic’ est qu’il est plus facile de trafiquer l’Histoire que de violer une langue.

Or la langue hébraïque (donc phénicienne, donc punique) a conservé jusqu’aujourd’hui les traces de son indigénisme au Pays de Canaan.  Par le biais des quatre points cardinaux.

En effet, si en égyptien antique, la Méditerranée est nommée la ‘mer septentrionale’, donc la mer du nord (ce qui est logique, puisque la Méditerranée se trouve effectivement au nord de l’Egypte), en hébreu (comme en phénicien et en punique) par contre, la Méditerranée s’appelle la « la mer de l’ouest », ce qui correspond exactement à l’expression hébraïque ‘hayam haaharon’ (voir par exemple Deut. 54, 2),  qui désigne la Méditerranée comme la ‘mer derrière moi’. Et cela, par rapport à l’Est (le Levant) qui se dit Qedem, donc ‘ce qui est devant moi’, au nord qui se dit ‘ma gauche’ (smol), et au sud, qui se dit ‘ma droite’ (yamin, ce qui correspond aujourd’hui au Yémen) (voir par exemple Genèse 13, 9).

Ces repères d’orientation des points cardinaux conviennent uniquement à un peuple habitant la côte est de la Méditerranée, et prenant le lever de soleil comme référence (en hébreu, « citoyen » se dit « ezrah », c’est-à-dire ‘celui qui se réfère au soleil levant’).

Et cette orientation ne convient à aucun autre peuple du bassin méditerranéen ! Et surtout pas celui que la légende biblique fait d’Abraham le pseudo « ancêtre des Hébreux » arrivant en Canaan sous l’injonction divine à partir de la Mésopotamie (Voir mon article sur le site RR, concernant le mythe du « Patriarche Abraham »).

Ce n’est pas là la seule indication de l’identité ethnique, culturelle et linguistique commune entre les Hébreux et les Phéniciens et leurs descendants Carthaginois. Les Phéniciens qui fondèrent Carthage nommèrent le sol sur lequel ils débarquèrent Taenosh (qui donnera plus tard ‘Tunis’). Or Taenosh signifie en paléo-hébreu « terre des hommes ».

Le nom de Carthage lui-même vient de l’hébreu ‘qarta hadashat’, qui signifie ‘cité nouvelle’(un peu comme les émigrés habitants de York en Angleterre qui appelèrent la ville qu’ils fondèrent loin de leur métropole « New York »).

Qartaétait en effet une des villes du pays d’origine des Phéniciens, et en fait la ‘ville refuge’ de la tribu nordique de Zébulon, une des principales tribus de la confédération hébreu-israélite nommé « Israël » (ou selon la prononciation en hébreu nordique « Ishraël »).

Dans la Bible, il est dit de cette tribu : « Zébulon, peuple téméraire qui défie la mort » (Juges, 5, 18), ou encore « Soit heureux Zébulon … grâce à l’opulence des mers et aux trésors cachés dans le sable » (Deutéronome, 33, 18).

Et pour dissiper tous les doutes quant à la ‘parenté ethnique’ de cette tribu hébreue israélite polythéiste avec les Phéniciens (et les Carthaginois), il est dit dans le Pentateuque (Genèse 49, 18) : « Zébulon réside sur le littoral des mers, et il est la plage des vaisseaux, et sa hanche est sur Sidon ».

Le parallèle absolu entre les Zébuloniens et ce que l’on sait des Phéniciens et des Carthaginois ne peut laisser indifférent.

Le nom de Zébulon (« Bneï Zeboulon » en hébreu signifie « Fils de Zeboul », le Dieu de la fertilité, encore appelé Ba’al Zeboul, et devenu en français le démoniaque « Belzebuth ») se retrouve dans celui de la reine Yzebel (transcrit en français Jezabel et dont dérive le prénom Isabelle). Et d’ailleurs, Yzebel, la fille d’EthBa’al le roi de Tyr et de Sidon, épousa Achab le Roi d’Israël, et leur fille ‘Atalyah devint reine d’Israël.

Les raisons profondes de l’occultation de l’identité ethnique originelle des Phéniciens et de leurs descendants Carthaginois commencent à se dessiner : D’une part, le judaïsme monothéiste se prétendant l’héritier exclusif du patrimoine hébraïque, est vivement intéressé à faire disparaître de la scène de l’Histoire ces Hébreux polythéistes !

Les Phéniciens n’ont d’ailleurs pas été leurs seules victimes. Non seulement les Hébreux-Cananéens polythéistes mais aussi les autres Hébreux polythéistes vivant au sud et à l’est du Jourdain (Amalécites, Midyanites, Ammonites, Moabites etc…) se virent déshéritées de leur identité hébraïque. Et cela, parce qu’ils refusèrent de se soumettre au monothéisme judaïque.

D’autre part, l’évocation de la présence hébreue-phénicienne en Afrique du Nord risquait de « blesser la susceptibilité et l’orgueil des arabo-musulmans ». D’autant plus que ces derniers sont des conquérants étrangers en Afrique du Nord, et que la plupart des Juifs d’Afrique du Nord, et surtout des Juifs de Tunisie ne sont rien d’autre que les descendants des Carthaginois ! Ils étaient donc en Tunisie, plus de 1500 ans avant les conquérants arabo-musulmans qui l’envahirent au VIIème siècle après J.-C. !

Seuls les autochtones berbères pouvaient se targuer d’une présence plus ancienne que les Hébreux. Et si les Hébreux judaïsés de Tunisie sont les descendants des Hébreux-Phéniciens et donc des Hébreux-Carthaginois, ils sont a fortioriles descendants des ressortissants de la tribu de  Zébulon (et à moindre degré de celle de Asher ) en mère-patrie en Israël de jadis.

Il fallait à tout prix taire ce fait ! Et là encore, les « Nouveaux Historiens » tout en se targuant de leur prétendu ‘label de l’objectivité scientifique’, ont collaboré à cette occultation. Ils se sont faits les chaouchs et les porte-voix de cette grossière dissimulation !

La discordance entre d’une part la diffusion du mythe d’un « peuple palestinien arabo-musulman indigène en Palestine », et l’hébraité des phéniciens risquait de réduire en poussière la propagande panarabiste palestiniste.

Il fallait donc à tout prix faire disparaître des livres d’Histoire le lien ethnique entre Hébreux et Phéniciens et leurs descendants Carthaginois, avec les « Juifs de Tunisie ».  Même la toponymie des sites antiques en Tunisie est à présent affiliée à l’arabe et non plus à l’hébreu. (Pour Serge Lancel ‘Carthage’ p. 112, « tous les toponymes débutant par le radical sémitique « rus » – c’est l’arabe ras, cap, tête »).

Et pourtant, les noms de ces sites antiques en Tunisie ont tous leurs homonymes en Israël, et ne trouvent leur signification véritable qu’en leur langue originelle : l’hébreu.

Par exemple, Roshgun signifie La tête du jardin. Roshpina, La tête d’angle, Russicade, signifie La tête de jarre.

Et pour prendre des exemples plus connus : Uttique (‘Atiqa) signifie L’ancienne, Jericho (Yeriho) signifie La lunaison.

Dans tous ces exemples, la référence à l’arabe au lieu de l’hébreu vide les termes de leur sens.

De même, les noms propres chers à nos livres scolaires, tels Hannibal (en hébreu, Hani Ba’al « le Dieu Ba’al a eu pitié »), Asdrubal (en hébreu, Azar Ba’al « le Dieu Ba’al a aidé »), Hesbal (en hébreu, Heç Ba’al = « la flèche de Ba’al »), Hamilcar (en hébreu, ‘Amil Qart « le créateur de la cité ») etc… sont tous des noms hébreux.

L’illustre historien-archéologue Nahum Slousch fit d’ailleurs le relevé de plus de 200 toponymes en Tunisie, tous en hébreu ! Et aucun en arabe !

Mais dans cette entreprise de ‘naturalisation’ de la conquête arabo-musulmane, il était impossible d’occulter totalement l’origine ethnique hébreue des Phéniciens. Il ne restait plus qu’une solution : voir en eux non pas des Hébreux mais des « Sémites », fourre-tout bien utile pour y inclure les ‘Arabes’, eux qui semèrent ruine et désolation en Afrique du Nord.

Cette ‘récupération’ est patente dans les ouvrages « d’Histoire des Phéniciens ». Ainsi un Serge Lancel, dans son ‘Carthage’ (note : op. cit. p. 457) ose affirmer : « La fin du monde antique en Afrique du Nord a favorisé la constitution d’isolats culturels : gageons que des poches de punicophones subsistaient encore quand d’autres sémites venus d’Arabie implantèrent dans ce qui s’appela le Maghreb un Islam encore tout neuf. Et il ne manque pas de bons esprits pour penser que cet Islam et son environnement culturel y trouvèrent un terreau tout préparé. ».

Bien entendu, il n’est dans tout l’ouvrage de Mr Lancel jamais fait mention des communautés Hébréo-israélites d’Afrique du Nord qui se sont en fait constituées de « Phéniciens »-Carthaginois judaïsés. Il n’y est non plus jamais question d’aborder les causes, après la destruction de Carthage en 147 avant J.-C, de la conversion au judaïsme monothéiste de ces Hébreux polythéistes qu’étaient les Phéniciens-Carthaginois, plutôt que d’adhérer à la religion exécrée de leurs vainqueurs romains.

Dans le contexte géopolitique de notre époque, il est bien plus ‘politiquement correct’ de parler de « punicophones », et d’y voir des précurseurs de l’invasion arabe.

D’autant plus que cette filiation artificielle permet de repousser de 1500 ans en arrière la mainmise et la conquête arabo-musulmane sur l’Afrique du Nord, ce qui ne la justifie que davantage.

De la même manière, le ‘flou artistique’ entretenu au sujet d’autres descendants des Hébreux-Phéniciens, comme les Libanais (principalement les maronites chrétiens), n’est pas une simple lacune ou maladresse de la part de ces historiens affidés au panarabisme islamique.

Il n’est pas non plus le fruit d’une ignorance, mais de la pure manipulation propagandiste ! Le moyen le plus sûr pour délégitimer la revendication identitaire originelle de ces Libanais chrétiens qui, en tant qu’anciens Hébreux, ont subi le drame de l’invasion arabo-musulmane de leur patrie ancestrale !

 

Conclusion

Toute manipulation propagandiste est une insulte à la rigueur scientifique exigée des historiens. Ceux-ci ne peuvent ni ignorer les travaux de leurs prédécesseurs, et ni celles des découvertes archéologiques récentes, attestant de l’hébraïté des Phéniciens et de leurs descendants Carthaginois.

L’amnésie consciente et l’occultation délibérée de l’origine hébreue des « Phéniciens » par ces historiens, collabos du panarabisme islamique, font d’eux les nouveaux négationnistesde l’Histoire. Et c’est justement pourquoi ils persistent à nier ce qui est une évidence : les « Phéniciens » et leurs descendants Carthaginois, étaient des Hébreux !

Les descendants des Hébreux-Phéniciens-Carthaginois sont donc aussi les victimes de cette ignoble occultation. Ils partagent ce sort avec les innombrables victimes de l’Histoire, de celle écrite par les vainqueurs et qui aujourd’hui crée les nouvelles victimes de ces négationnistes que sont ces ‘Nouveaux Historiens’.

Un jour viendra où ils seront mis au pilori pour être jugés par la vérité historique qu’ils ont tant œuvré à dissimuler et à détruire.

Ecoutons en cela l’appel de Patrick Girard, l’auteur de « Hasdrubal, Les bûchers de Megara » (Edition 1, Paris, 2000) : « Une nouvelle Carthage renaîtra. Ce ne serait que justice car ce nom ne peut disparaître de la mémoire des hommes. Même si cela déplaît à ceux qui les gouverneront. »

Il ne nous reste plus qu’à relever le défi.

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