Habib Kazdaghli, Directeur du Laboratoire du patrimoine à la faculté des Lettres, des Arts et des humanités de La Mannouba: Un patrimoine pluriel

Habib Kazdaghli, Directeur du Laboratoire du patrimoine à la faculté des Lettres, des Arts et des humanités de La Mannouba: Un patrimoine pluriel

Un mot sur le côté scientifique de cette journée

Ce matin, il y a eu une journée d’étude sur divers aspects de l’histoire et de la mémoire de la communauté juive de Nabeul, mais aussi de son environnement, à savoir Kélibia et Soliman. Nous avons aussi parlé des chanteurs et chanteuses juifs de l’époque. Il y avait aussi le parcours de Monique Hayoun et d’Albert Chiche. Le moment fort de la journée est l’inauguration de ce lieu qui date de 1919. Cet espace est resté fermé pendant quarante ans. Lorsque Albert Chiche a noté que les étudiants de la faculté de La Mannouba peuvent soutenir des mémoires sur le cimetière juif de Nabeul et sur le mausolée Yacoub Salama, il a eu le déclic pour mettre à disposition du public les documents qu’il avait. D’où l’idée de restaurer et de réhabiliter cet espace qui est devenu un petit musée de la mémoire judéo-nabeulienne. L’idée est celle d’un patrimoine pluriel. Même si les juifs ne sont plus nombreux aujourd’hui dans la ville, ils ont marqué l’histoire de Nabeul.

Ce sont des minorités mais qui ont servi comme un pont pour la modernité.

Il y a aussi l’idée de la transmission qui transparaît à travers cette journée

Absolument. Mais il s’agit aussi d’inscrire la communauté dans l’histoire  générale de la Tunisie, servir l’histoire de la ville de Nabeul. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que c’est un lieu juif mais  un lieu nabeulien. Les photos dans ce musée montrent cette grande corrélation entre les deux peuples. Nous sommes à cent mètres de la grande mosquée. Les deux communautés ont toujours vécu ensemble. C’est une ressource du patrimoine et nous voulons que cette ressource serve au développement d’un tourisme de mémoire.

Est-ce que les jeunes universitaires aujourd’hui portent un intérêt pour cette mémoire ?

Aujourd’hui, nous sommes accompagnés par 25 étudiants qui sont des doctorants ou inscrits en master qui s’intéressent à cette mémoire. L’université ne doit pas se figer dans sa tour d’ivoire. Nous espérons que cette ouverture va faciliter cet accès à une partie de notre patrimoine auprès des écoliers et lycéens nabeuliens.

Quel est votre sentiment aujourd’hui devant cette Tunisien qui bouillonne ?

Je suis toujours optimiste et je le resterai.

Salem Trabelsi - Equipe de rédaction, La Presse

Français