La synagogue de Chania en Crète, par Alain Amiel
La présence juive en Crète remonte au moins au 4ème siècle avant notre ère. À Chania, elle s’est développé pendant des siècles au cœur d'Hevraïki, devenu un quartier juif très actif.
Au XVIIe siècle, l’occupation ottomane supprime les lois restrictives et les ghettos imposés par les occupants précédents Vénitiens. On compte alors plus de deux mille juifs et huit synagogues pour toute la Crète. A Chania, les Juifs transforment en 1500 une ancienne église vénitienne abandonnée en synagogue.
Par la suite, au fil des siècles, la population décroît et en 1940, à l'arrivée des nazis, il ne reste plus que 400 Juifs.
Le 21 mai 1944, les nazis donnent l'ordre de déporter tous les juifs de Crète et le 9 juin, les 276 juifs arrêtés sont embarqués sur un bateau « le Tanaïs » en route pour Le Pirée et Auschwitz, mais la flotte britannique le prenant pour un bâtiment militaire allemand, torpille le navire. Il n'y a aucun survivant.
À Chania, il ne reste qu’une dizaine de familles ayant échappé à la déportation. La synagogue sera progressivement abandonnée et laissée en ruine jusqu’en 1995 où seront récoltés les fonds nécessaires (de Juifs et de Chrétiens) à sa reconstruction qui aura lieu en 1999.
C’est actuellement une petite et charmante synagogue accompagnée de son miqvé, où chaque mois de juin, des prières données par le grand rabbin d’Athènes commémorent le triste événement de 1944 et allument une bougie pour chaque disparu.
Une communauté juive active anime actuellement le lieu. On a pu voir quelques fidèles dans la cour intérieure et dans la synagogue, au pied de l’autel, un rabbin enseignant à une toute jeune fille à lire et à jouer du choffar (voir photos), la corne de belier transformée en instrument à vent (qui rappelle le sacrifice d’Isaac, sauvé lorsqu’un bélier va remplacer son corps).
Dans une pièce au dessus, un petit musée relate la présence juive en Crète et expose des photos retraçant la reconstruction de la synagogue Etz Hayyim (arbre de vie).
Dans le jardin on peut voir les tombes de deux rabbins.
Dans la cour, une jolie fontaine coule à côté d'une plaque commémorative.
La synagogue a reçu en 2006 la visite de la reine Sophie d'Espagne et la sœur de l'ancien roi Constantin II de Grèce.
En 2010, elle a été la cible d'un incendie criminel par un citoyen britannique. Près de l’entrée existe toujours un poste de garde (blindé).