"Nous célébrons les fêtes juives et musulmanes", Tzahi Halevi parle de son mariage avec Lucy Aharish
"Je suis né juif, Lucy est arabe, mais nous sommes avant tout Israéliens", explique Tzahi Halevi à Valérie Abecassis dans le magazine Culture
Ses souvenirs de "Fauda", ses projets, ses craintes pour Israël et son amour pour Lucy Aharish : l'acteur et chanteur israélien Tzahi Halevi s'est confié à Valérie Abécassis dans une longue interview pour le magazine Culture.
Si "Fauda" semble déjà loin et qu'il tient aujourd'hui l'un des premiers rôles dans HaShotrim" (Les policiers), une autre série à succès, Tzahi Halevi reste très attaché au rôle qui l'a fait connaître et qui lui a valu un succès international. "Fauda a été une expérience sublime pour tous ses acteurs. Faire partie d'une série bien écrite comme celle-là et y tenir un rôle fort, c'est un cadeau", dit-il en français, une langue que ce polyglotte maîtrise très bien.
Interrogé sur les raisons du succès des séries "virilistes" en Israël, présentant des archétypes de héros masculins très forts, à la limite parfois du machisme, l'acteur affirme y voir plus de nuances que cela. "Le succès de ce genre de séries tient sûrement à la réalité israélienne très dure, marquée par la guerre et le terrorisme. Mais ces héros sont souvent beaucoup plus complexes, comme on peut le voir dans "Fauda" par exemple. On y voit aussi ces hommes dans toute leur fragilité et leurs contradictions", note-t-il.
Invité à commenter la situation politique et sociale en Israël sur fond de manifestations contre la réforme judicaire auxquelles il a déjà pris part, l'acteur concède que ses confrères artistes sont assez frileux lorsqu'il s'agit de prendre position sur le sujet. "Chaque acteur ou chanteur fait ses propres calculs, car il n'est pas toujours évident d'exprimer publiquement ses opinions. C'est prendre le risque d'être étiqueté ou rejeté par une partie du public", estime-t-il.
L'artiste de 48 ans a ensuite longuement évoqué son mariage mixte avec la présentatrice arabo-israélienne Lucy Aharish, qui avait fait couler beaucoup d'encre dans le pays. Il explique que si certaines voix critiques se font encore entendre, les choses se sont nettement apaisées autour du couple, aujourd'hui parents d'un petit garçon de deux ans.
"Lucy et moi vivons une expérience incroyable en tant que parents. Nous ne sommes pas des victimes. On vit notre vie et notre amour, tout simplement. La majorité de notre entourage nous soutient. Nos familles réciproques passent beaucoup de temps ensemble et nous fêtons tour à tour les fêtes juives et musulmanes. On entend encore parfois des choses qui nous font mal, mais les prendre à cœur ne sert à rien", relate-t-il.
A la question de savoir si les périodes de tensions sécuritaires et d'attentats ne créent pas des crispations au sein de la famille, Tzahi Halevi assure qu'il y a un dialogue très sain et constant dans son foyer autour de ces sujets. "Personnellement, je suis contre toutes les généralités, je pense qu'il y a du bon et du mauvais dans chaque camp. Et malheureusement, nos vies sont dirigées par l'action et la volonté d'extrémistes, qui ne sont pourtant qu'une minorité", déplore-t-il.
Il regrette également les crispations identitaires, alimentées selon lui par les politiciens. "Accentuer le facteur identitaire sert leurs intérêts", assure-t-il. "On devrait pouvoir dire 'les Israéliens' et que cette unique considération prime, mais au lieu de cela, on parle de Juifs, d'Arabes etc. Je suis né juif, Lucy est arabe, mais nous sommes avant tout Israéliens et si je ne me trompe pas, il n'y a qu'un seul Dieu au-dessus de nos têtes..."