Daniel Cohen - Trois leçons sur la société post-industrielle
Vincent SATGE
AUTEUR : Daniel Cohen est professeur de Sciences économiques à l’Ecole Normale Supérieure et directeur du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP). Il est également membre du Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre et éditorialiste associé au journal Le Monde.
OBJET : Rendre compte du passage d’une société industrielle à une société postindustrielle (définie en introduction). Analyser la mondialisation en comparant ce qu’elle a causé, cause, et peut causer à l’avenir. Situer le modèle européen, pointer ses faiblesses et proposer des solutions.
QUATRIEME DE COUVERTURE : La société industrielle liait un mode de production et un mode de protection. Elle scellait ainsi l’unité de la question économique et de la question sociale. La « société post-industrielle », elle, consacre leur séparation et marque l’aube d’une ère nouvelle.
Daniel Cohen analyse ici les ruptures qui ont conduit le capitalisme du XXI° siècle à la destruction méthodique de cet héritage : innovations technologiques, révolution financière, transformation des modes d’organisation du travail, mondialisation des échanges… En examinant les logiques à l’œuvre dans ces bouleversements, ces « trois leçons » aident à comprendre les défis du monde à venir.
RESUME
Introduction
Question préliminaire : Comment définir notre société « postindustrielle » de manière positive ?
1) La société de services
Dans Le grand espoir du XX° siècle de Jean Fourastié est décrit cette ambition des hommes d’être libérés du dur travail, agricole et ouvrier. Ceci est en partie réalisé, par le basculement de l’économie dans le secteur tertiaire. En octobre 2005, l’hebdomadaire The Economist déclarait que la part des emplois industriels aux Etats-Unis était passée en-deçà des 10%. L’univers physique du travail ne subsiste plus qu’à travers les manutentionnaires et les réparateurs, le gros des ouvriers d’aujourd’hui.
2) La société de l’information
La nouvelle économie est une économie de l’information. Dans ce sens, elle renverse les paradigmes économiques habituels. Ce qui coûte le plus cher aujourd’hui n’est pas de (re)produire des biens, mais d’en concevoir la première unité. On a en l’exemple avec les films, les médicaments ou même les logiciels. Avec l’externalisation de la production (Renault par exemple ne produit aujourd’hui que 20% de ses voitures contre 80% en 1950), les sociétés postindustrielles cherchent moins à fabriquer leur production qu’à la concevoir puis la promouvoir.
3) La « société » postindustrielle
La société industrielle est donc en déclin : on cherche moins la fabrication du bien, que sa conception et prescription. Comment en est-on arrivé là ? Plusieurs ruptures amènent à comprendre cette évolution. D’abord, nous verrons les raisons de la disparition de la société industrielle (Leçon 1), puis l’impact de la mondialisation (Leçon 2), enfin les difficultés qui entravent la régulation de la société postindustrielle (Leçon 3).
Leçon 1 : L’ère des ruptures
1) La révolution technologique
Comme l’a décrit l’économiste autrichien Joseph Schumpeter, les innovations apparaissent en grappes. C’est assez souvent dans les années 70 de chaque siècle : pour la machine à vapeur, la machine à tisser de Hargreaves et le premier pont métallurgique au 18° siècle, puis l’électricité, le téléphone et le moteur à explosion au 19°. De même Arpanet, ancêtre d’internet, est mis au point en 1969, tandis qu’Intel met au point son premier microprocesseur en 1971, et qu’en 1976, le modèle des bureaux d’ordinateurs, Apple II, est commercialisé.
2) La révolution sociale
Comme l’arrivée du taylorisme a été facilitée par l’électricité, internet a lui aussi dérangé l’organisation du travail.
a) Les nouveaux principes de l’organisation du travail
Grâce à internet, de nouveaux principes du travail vont émerger : adaptabilité a la demande (l’information circule infiniment plus vite), polyvalence accrue des salariés, délégation de responsabilités aux niveaux inférieurs. On voit cependant bien qu’internet ne suffit pas à expliquer les principaux bouleversements : le toyotisme, commencé dans les années 1960 au Japon, occupe une place cruciale. Néanmoins c’est bien l’informatique qui a permet d’en généraliser l’usage à la plupart des secteurs de l’économie.
Trois exemples sont ici développés pour illustrer le nouveau mode d’organisation du travail :
1) Avec le traitement de texte, la dactylo est rendue inutile : n’importe qui peut écrire vite et sans faute avec l’ordinateur. Les travailleurs qualifiés obtiennent ainsi une nouvelle qualification, sont mieux payés, tandis que la secrétaire est renvoyée ou employée à une tâche moins qualifiée (donc moins coûteuse). D’où une montée des inégalités.
2) Le vendeur dans une grande librairie de nos jours consulte les stocks, conseille le client puis l’accompagne à la caisse. Alors qu’avant ses supérieurs pouvaient se charger de certaines de ces tâches, il se retrouve à les faire seul, gagnant en autonomie et en productivité (il centralise les informations). Ce nouvel encadrement produit également une montée des inégalités : n’ayant pas de supérieur hiérarchique, on n’a pas non plus d’échelon à gravir. Ce qui amène au fait que les employés ont de moins en moins de perspectives de carrière.
3) L’employé de banque de même gagne en polyvalence. L’informatique mais aussi de nouveaux principes organisationnels expliquent ces changements. Le coût du travail a en effet été multiplié par sept depuis le début du siècle dernier. Du coup, l’employeur cherche à rentabiliser son employé, à chasser les temps morts, quitte à épuiser plus vite les employés. Philippe Askenazy dans Les désordres du travail, relie ce « néo stakhanovisme » avec la recrudescence des accidents du travail dans la dernière décennie (les bénéficiaires d’allocation capacité sont ainsi passés de 17 à 28% entre 1996 et 2006).
b) Les contradictions du fordisme
Dès 1913, Ford perçoit un problème majeur du taylorisme : le travail à la chaîne n’a rien de passionnant, ce qui crée un fort absentéisme de la part des ouvriers. Il va donc recourir au salaire d’efficience : il va payer ses ouvriers plus chers pour les rendre présents et productifs. Ce qui amène une contradiction interne au fordisme : si l’on généralise la hausse des salaires à l’ensemble d’une économie, les gains de productivité finissent par plafonner (cf. le productivity slow down aux Etats-Unis dans les années 1960). Vient ensuite la contradiction externe : l’éducation. Lorsque le fordisme voulait des ouvriers dociles, l’éducation les a rendus instruits, moins obéissants et pensant mériter mieux.
3) Mai 68
Dans la plupart des pays industrialisés (Japon, Etats-Unis, Europe occidentale), mai 68 est le moment où les jeunes générations ne supportent plus d’accorder leur obéissance à un salaire. L’autorité, la légitimité des institutions (telles que l’école, l’usine ou la famille), sont négociées et non plus garanties : les familles se reconstruisent, l’école fait place à la pédagogie, l’usine, elle, externalise. Cette même révolution sociale va d’ailleurs porter ses fruits dans le domaine technologique. Lorsqu’Arpanet est créé en 1969, il est progressivement mis à la disposition des universités, sous le contrôle étroit du Pentagone. Deux étudiants de l’Université de Chicago, voulant communiquer gratuitement hors de l’université, mettront au point le modem en 1978. Un an plus tard, d’autres étudiants arriveront à relier par une simple ligne téléphonique deux ordinateurs.
4) La révolution financière
Après le krach de 1929, la finance avait été placée sous tutelle. Dès 1980, la déréglementation en est initiée. Tout le long des raids boursiers des années 1980, les entreprises vont en outre être progressivement réduites et recentrées sur leur cœur de métier, les rendant plus vulnérable aux retournements de conjoncture. Cela ne changera pas lorsque dans les années 1990, les vagues de fusion-acquisitions se feront dans les mêmes secteurs d’activités. Les grands conglomérats sont donc brisés, et l’externalisation se poursuit. La solidarité industrielle entre salariat et actionnaire est rompue. Le directeur lui-même devient actionnaire à part entière grâce aux stock-options, et voit ses revenus s’éloigner toujours plus des revenus les plus bas de ses employés (le rapport aux Etats-Unis était en 2006 de 400).
Leçon 2 : La nouvelle économie-monde ?
1) La première mondialisation
Certes des ressemblances apparaissent entre la mondialisation du 19° siècle et celle du 20° : on a bien une superpuissance (Grande-Bretagne puis Etats-Unis) qui domine par « le libre-échange et par la fructification économique de ses intérêts à travers le monde ». Elles diffèrent cependant en intensité. Concernant le domaine des communications et des transports, le bouleversement fut plus détonnant au 19° : le saut qualitatif du courrier au télégraphe, du chemin de fer et du bateau à vapeur au cheval est sans égal.
Notre mondialisation a aussi des retards par rapport à celle du 19° : Avant, la City exportait 50% de son épargne outre-mer ; aujourd’hui, les Chinois financent l’endettement américain. Les migrations internationales étaient plus fortes auparavant : en 1913, 10% de la population mondiale est né dans un autre pays ; aujourd’hui, nous arrivons à peine à 3%.
La première mondialisation a fait monter les inégalités en flèche : en 1820, la Grande-Bretagne était deux fois plus riche par tête que l’Inde. En 1913, ce rapport est de dix. En conséquence, le tiers-monde va choisir en priorité le protectionnisme pour se développer : de 1955 à 1972, leurs exportations vont représenter de 28 à 14% des échanges internationaux. Voyant qu’ils se privent eux-mêmes des innovations et des ressources du capital mondial, ils finiront par s’ouvrir : 2001 fut la première année où, en masse, le commerce Sud-Nord devient plus important que le commerce Nord-Nord.
2) La division internationale du travail
David Ricardo, économiste anglais plaide au 19° siècle pour une ouverture du commerce au niveau mondial. Il calque ainsi la théorie individuelle de Smith aux nations : en situation de libre-échange, on cherche souvent à se spécialiser là ou on est le meilleur, relativement aux autres. Ainsi chacun trouve sa place dans le processus productif et prospère. Une question se pose : pourquoi la mondialisation crée-t-elle un accroissement des inégalités ?
Prenons le cas de deux régions, l’une riche, l’autre pauvre. Considérons qu’elles se livrent entre elles au libre-échange : la plus riche va être tentée, du fait de son avantage, d’être polyvalente. La plus pauvre va elle se spécialiser, voire se « super-spécialiser ». Ajoutons une troisième région pauvre : se spécialisant à son tour, elle va concurrencer non pas la plus riche mais la plus pauvre. La région la plus riche est donc de par son avantage initial mieux protégée des aléas du commerce : c’est ainsi que les inégalités se creusent. De plus, elle offrira souvent de meilleures conditions de travail, accaparant les meilleurs éléments de la région pauvre.
3) La nouvelle économie-monde
La production subit à l’échelle mondiale ce qu’on appelle une désintégration verticale. Globalement, le Nord conçoit et distribue, le Sud produit. Ceux qui arrivent à profiter de la mondialisation comme la Chine, peuvent ensuite en devenir une composante lourde : la Chine possède maintenant un taux d’épargne de 50% et un taux d’alphabétisation de moins de 20% de sa population. Quant aux pays pauvres, sans infrastructures, avec une population peu éduquée et des problèmes de santé, ils n’attirent pas les multinationales, et ne peuvent s’insérer dans la mondialisation.
4)La mondialisation des images des la mondialisation
Avec la mondialisation apparaissent de nouveaux comportements, comme la réduction de la fécondité : ainsi de 1950 à 2006, l’Inde est passé de 6,0 à 3,3 enfants par couples. Certains économistes l’expliquent ainsi : le développement du pays offrirait plus de possibilités aux parents, qui, exerçant enfin une activité, dégageraient moins de temps pour élever autant d’enfants qu’avant. Ils s’occuperaient en outre mieux des enfants dont ils disposent déjà. Comment expliquer alors que malgré que les conditions matérielles ne changent pas, les comportements le fassent ? Sans doute du fait que, par le biais de la télévision ou d’autres médias, le modèle des familles des pays développés (couple à deux enfants) soit reproduit dans les pays pauvres.
5) Les enjeux du monde à venir
Aujourd’hui, la configuration de la population s’organise ainsi : un milliards de riches, deux milliards qui veulent le devenir, trois milliards qui sont pauvres (soit moins de deux euros par jour). En 2050, on aura deux fois plus de riches : les exigences écologiques seront-elles ne serait-ce que considérées ? Le monde alors certainement multipolaire saura-t-il s’entendre sur ce problème, ou se déchirera-t-il par exemple pour la recherche de matières premières ?
Les belles idées de Montesquieu sur le « doux commerce des hommes » apparaissent ainsi de plus en plus insolites. Car l’opposition entre ce qui ont et ce qui n’ont pas au niveau mondial est de facto créatrice de conflits. Ceux-ci se retrouvent tout aussi bien au sein des pays riches, dans une opposition centre-périphérie.
Leçon 3 : Existe-t-il un modèle social européen ?
1) Le mal européen (1)
En 2006, même si l’Europe des Quinze détient 40% du commerce mondial, elle se sent mal à l’aise face à la mondialisation. C’est compréhensible vu que les deux tiers de ses échanges commerciaux viennent en Europe ou en proviennent. En outre, face à un commerce mondial vertical, le commerce intra-européen est horizontal : on échange des biens de la même catégorie (grossièrement, des Renault contre des Volkswagen). Cette spécialisation dans le haut de gamme, dans le savoir faire, s’oppose aux produits innovants venant des Etats-Unis. Ce savoir-faire européen souffre de deux défauts : il se laisse distancer dans le domaine de la conception et de l’innovation et attend de se faire concurrencer sérieusement par la les pays émergents dans le domaine de la production.
a) La nouvelle économie de l’information
La nouvelle économie est organisée selon un nouveau paradigme : la plus chère unité de bien à fabriquer est la première. On voit bien pourquoi l’émergence de monopoles est inéluctable : si toutes les entreprises créaient la même innovation, elles n’en tireraient aucune rente de situation, et ne pourraient pas amortir leurs coûts de recherche. Cette nouvelle économie de l’information est associée à la formation de grands groupes tels que Microsoft ou Google.
b) Le gratuit et le payant
Dans cet ordre d’idée, les laboratoires ne peuvent partager leurs informations, ce qui pose forcément des obstacles à l’apparition d’innovations. Ce genre de situation, malheureusement, ne se produit qu’au niveau universitaire. Des institutions capables d’arbitrer entre l’extrême gratuité qui décourage l’innovation privée et une propriété intellectuelle trop étroite qui la ralentit, voire l’empêche.
c) Pour une université européenne
Les universités européennes sont souvent mal classées : comment comprendre ce constat ? Les universités américaines, celles au sommet des classements, sont indubitablement concurrentielles : elles disposent des meilleurs étudiants, des meilleurs professeurs et surtout de l’autonomie financière, du fait de leurs droits d’inscription élevés en partie. Elles savent néanmoins pratiquer la coopération : les séminaires leur permettent de s’échanger brièvement leurs enseignants. Avec ladite autonomie financière, elles peuvent traiter d’égal à égal avec le monde politique et industriel, et ainsi arbitrer la relation qu’elles entretiennent entre recherche fondamentale et recherche appliquée : ce que ne peuvent faire les universités européennes, toujours apeurés d’être prisonnières des exigences du secteur industriel, vu qu’elles n’ont pas (et n’auront jamais ?) les ressources dont disposent les universités nord-américaines.
2) Le mal européen (2)
a) Le non modèle social européen
Le modèle européen est très divers. Dans Les trois mondes de l’Etat Providence, Gøsta Esping-Andersen s’attache à montrer à quel point les singularités nationales et les compromis historiques sont déterminants dans la construction de l’Etat-Providence. Il distingue ainsi l’Etat-providence libéral (anglo-saxon), corporatiste (Europe continentale) et social-démocrate (pays nordiques).
Cette logique se retrouve dans le chômage : les anglo-saxons ont peu de chômage (leur marché du travail est un véritable marché avec un équilibre entre l’offre et la demande), les scandinaves aussi (les syndicats acceptent des concessions en matière de protections ou de salaires). Entre ces deux extrêmes, on retrouve la France, avec un chômage néo-corporatiste selon les mots d’Esping-Andersen : la France protègerait ses populations sous statut, les seniors en l’occurrence (salaires, indemnités de licenciement et assurance-chômage sont effectivement fonction croissante de l’ancienneté). A cette typologie pourrait être rajouté le type-idéal du capitalisme méditerranéen de Bruno Amable. Le but non-avoué de ce système serait de préserver l’emploi du chef de famille, afin que cette dernière structure puisse garantir une sécurité à tous ces membres. Ce capitalisme serait donc caractérisé par un taux de chômage élevé chez les femmes et les jeunes.
3) La crise des banlieues
En automne 2005, la crise des banlieues a montré la difficulté qu’a la France à intégrer certaines populations. Le capitalisme méditerranéen ne fonctionne pas en banlieues, et ce serait l’un des facteurs déterminants de cette crise. Car là où le chômage des jeunes français est en moyenne de 20%, il culmine à 40% dans les banlieues. Et là où certains sont pris en charge par leurs familles, les jeunes de banlieues sont livrés à eux-mêmes : contrairement à une idée reçue, les solidarités intra-familiales sont très faibles. Une analyse souvent évoquée est de dire que les inégalités sont perpétuées par le milieu social, ce qui explique que ces populations ne s’en sortent pas. D’un pays à 90% analphabète après la seconde guerre mondiale, Singapour, est devenu l’un des meilleurs (devant la France) en termes de résultats aux tests internationaux. Le problème certainement d’une école républicaine qui fixe une norme qui en exclut beaucoup (à l’inverse de Singapour, où les programmes sont plus personnalisés).
Conclusion
La nouvelle question sociale
L’usine ne mixe plus la diversité sociale : les ingénieurs sont dans des bureaux d’études, les rares ouvriers remplacés par des machines. La ville ne mélange plus les riches et les pauvres : avant dans le même immeuble ou quartier, ils se répartissent selon le centre et la périphérie. La société devient de plus en plus cloisonnée.
Les appariements sélectifs
La société est de plus en plus vouée à l’endogamie sociale. Alors qu’un appariement asymétrique était avant possible (c’est-à-dire que des gens de classes sociales différentes pouvaient se côtoyer et travailler main dans la main, l’un pour l’autre), il était cependant conditionné par les bons rapports qu’entretenaient les gens concernés. Cela devait changer à partir des années 1960 : les ouvriers devenant plus exigeants et moins obéissants, les ingénieurs ont finis par s’enfermer entre eux.
Des sociétés qui s’éparpillent, un monde où les inégalités se creusent, une Europe qui cumule les handicaps : le besoin d’institutions régulatrices à la hauteur pour donner des réponses et capable de les mettre en place devient sur ces trois points essentiel.
ANALYSE
Les Trois leçons sur la société post-industrielle sont très accessibles. Elles permettent en effet à tout esprit curieux mais non initié aux sciences économiques de saisir clairement les transformations économiques et sociales de ces deux derniers siècles. Multipliant les chiffres et les événements-clés, Daniel Cohen fournit un bon cadre d’analyse du monde contemporain : les principaux enjeux de notre temps sont ainsi abordés, mais aussi replacé dans une perspective historique contemporaine, ce qui forcément en amène une meilleure compréhension. En y rajoutant généreusement des anecdotes mais aussi des exemples parlants, l’auteur en facilite la lecture. En outre, et ce grâce aux nombreuses références dont l’auteur s’inspire et nous indique, il est aisé d’approfondir le propos de l’auteur.
On pourrait cependant reprocher un certain parti-pris de l’auteur. Il établit bien souvent un constat, mais, à la lecture de son ouvrage, on ne peut s’empêcher de penser que la société post-industrielle à plus à envier à celle qui l’a précédée que l’inverse. Que ce soit la question sociale, économique, l’Europe, la mondialisation ou la société française, on a l’impression de n’en voir que les régressions et les handicaps. Néanmoins l’auteur, sur chacune de ces questions, ne se charge pas seulement d’en pointer l’aspect négatif : il apporte, surtout en troisième partie, des solutions détaillées