Nostalgies tunisiennes : Nos élégants recueils de « Contes et Légendes »

Nostalgies tunisiennes : Nos élégants recueils de « Contes et Légendes »

Par Hatem Bourial 

Comment oublier certains livres de nos enfances ? Comment ne pas se souvenir de la texture du papier, des images et des couvertures de ces ouvrages ?

En ce temps dont je vous parle, les collections étaient nombreuses à se disputer les faveurs des jeunes lecteurs.

Pour mémoire, je citerai les Bibliothèque Rose et Verte et aussi les collections Spirale ou Rouge et Or.

Toutefois, la reine des collections de l’époque, à la fin des années soixante, était consacrée aux Contes et légendes de tous les pays.

Publiée chez Fernand Nathan, cette collection se présentait dans d’élégants volumes à la couverture cartonnée et à la tranche striée de rayures or.

Illustrés par des artistes de renom et écrits par des intellectuels réputés, les livres de cette collection vous apprenaient le monde et l’histoire.

L’un des premiers livres que j’ai possédé, lu et relu, provient de cette collection et portait le titre « Contes et légendes du monde grec et barbare ».

Il s’agissait d’une réécriture de l’Iliade qui m’avait alors poussé à dévorer tous les ouvrages de cette collection qui avait une nette prédilection pour l’Antiquité.

Ma première collection de livres, c’est bien celle-là! Elle m’aura poussé dans les bras de la langue latine, des mythologies antiques et aussi vers les contes du vaste monde.

Aujourd’hui, je collectionne toujours les livres, garde un intérêt intact pour le latin, l’une des langues de l’Antiquité tunisienne et il m’arrive de m’installer sur des planches pour raconter des histoires de tous les continents.

C’est dire si ces lectures d’enfance m’ont mis sur mon chemin !

Ces lectures sont inséparables de deux personnes essentielles: mon père et aussi mon institutrice Gaetane Biolchini qui, en 1969, m’avait confié la responsabilité de la bibliothèque de notre classe.

Fort de ces responsabilités, j’avais passé bien des dimanches, en compagnie de mon père que j’entraînais dans mes équipées chez les bouquinistes pour y alimenter la petite bibliothèque scolaire.

C’est vous dire si les volumes de cette série – que je continue à collectionner – me sont familiers et importants.

Pourquoi vous en parler en cette veille d’Aid ? Pour deux raisons précises. La première est factuelle: je me suis rendu chez un bouquiniste de toujours pour tenter de dénicher quelques pépites et en suis ressorti avec un volume de Contes africains dont l’édition, chez Fernand Nathan, remonte aux années quarante. Je ne vous raconte pas ma joie !

Ensuite, cette escapade chez mon bouquiniste préféré m’a littéralement replongé dans les ambiances de l’Aid. Car, vous le concevrez aisément, beaucoup de « mahba » que j’ai pu recevoir sont allés chez ce bouquinistes.

En effet, quelques précieux dinars en poche, les lendemains de l’Aid, c’était direction Bouquins !

Je ne sais si les parents continuent à donner une « mahba » pour l’Aid. Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s’agit d’une petite somme d’argent donnée aux gosses qui vous souhaitaient une bonne fête.

De mon temps, 100 millimes, c’était déjà une somme conséquente. J’imagine qu’aujourd’hui, les « tarifs » ont évolué.

Entre Marché central et Grande Poste, je me suis retrouvé rue d’Angleterre, au milieu des bouquins et ce fut l’occasion d’un Aid anticipé aux saveurs délicates de contes et de mythologies.

J’en profite pour vous souhaiter une bonne fête et vous remercier pour votre écoute et votre amitié.

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