Tunisie: des pogroms dans la foulée de l'Armistice de 1918
Par RFI
La Tunisie commémore ce 11 novembre le centenaire de l'Armistice à travers une grande cérémonie au cimetière militaire français de Gammarth, près de Tunis, qui réunira autorités tunisiennes et françaises et associations d'anciens combattants. Fait peu connu, les jours qui suivirent l'Armistice ont été marqués par des actions punitives contre les Tunisiens juifs.
Plus de 80 000 Tunisiens ont combattu lors de la Première guerre mondiale. Entre 14 000 et 16 000 de ces tirailleurs y sont morts. Fait peu connu, la fin de la guerre a été marquée par des tensions entre communautés juives et musulmanes dans le pays. Car tous les Tunisiens en âge de combattre n'avaient pas le même statut. Certaines grandes villes ont vu leur jeunesse pas ou peu mobilisée. La communauté juive avait même un statut à part.
« Ce n'était pas une guerre patriotique, rappelle Habib Kazdaghli, professeur d'histoire contemporaine à Tunis. D'après l'ancien système, les Tunisiens juifs ne participaient pas à la guerre moyennant la protection des musulmans et payaient un impôt spécial ».
Non-déclaration des naissances
Cette situation a donné lieu à des expéditions punitives au retour des combattants. « Beaucoup de mutilés sont revenus, explique l'universitaire. Il fallait trouver un bouc-émissaire. En 1918, plusieurs pogroms ont été faits dans les quartiers juifs. Souvent, les autorités les poussaient vers les quartiers juifs pour rappeler aux mutilés que pendant qu'ils étaient au front, eux étaient en train de s'enrichir. C'était le cas à Tunis, à Sfax et à Sousse ».
Parmi les conséquences de la fin de la guerre, on compte aussi la naissance des premières associations d'anciens combattants pour la mise en place des compensations. Par ailleurs, certaines familles, malgré l'obligation de déclarer les naissances à l'état-civil, ne le firent pas, par crainte d'une nouvelle mobilisation.
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