Ma Allia et mon Intégration. (2/6) La Maabara, la Première Année, par Avraham Bar-Shay

Ma Allia et mon Intégration. (2/6)

La Maabara, la Première Année

Le voyage de Haïfa à notre nouveau "logis" s'était fait dans un camion qui n'avait pas des bancs, pour nous assoir. C'était surement un camion pour bestiaux.  Nous étions plusieurs familles et nous nous sommes assis sur nos valises. La route était cabossée et après plus d'une heure de trajet, nous étions arrivés à notre Maabara qui était située dans le Sharon. Les nouveaux immigrants refusèrent de descendre du camion et exigeaient qu'on les retourne au port pour retourner dans leur pays, mais le chauffeur voulait se débarrasser de nous et rentrer chez lui. Les cris et les disputes continuaient et le crépuscule s'annonçait à l'horizon Vaincus par la fatigue du voyage et les disputes, nous sommes tous descendus, quelques Olim promettaient que demain, ils retourneraient chez eux.

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Il descend sa grand-mère du camion

Avec l'arrivée de l'obscurité, on commençait à voir que dans les baraques déjà occupées,  l'éclairage était faible parce qu'il venait de lampes à pétrole, elles n'avaient pas d'électricité, ce qui enragea tous, mais l'obscurité et le froid de janvier les a obligés de descendre du camion et de recevoir, tout ce que leur donnait en grognant, (le nécessaire pour vivre dans ce nouveau pays).

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Les matelas de la Sokhnout

On nous donna une lampe à pétrole, des couvertures, une sorte de réchaud (Ptilia) , et quelques ustensiles de cuisine et autres choses dont je ne me rappelle plus. Le fonctionnaire de l'Agence Juive nous expliqua que les toilettes étaient dans un petit bloc en béton, en dehors de la baraque. On nous a aussi dit quel était le numéro de notre baraque, cela dépendait surtout du nombre de lits qu'il contenait. On se sépara ce soir-là chacun dans sa baraque, menaçant de faire tout pour retourner chez nous, demain.  Je crois qu'une seule famille, qui paraissait avoir les moyens, a réalisé ses menaces quelques semaines plus tard.

Le lendemain je commençais à inspecter notre nouveau "pays". La baraque, "Asbeston", était couverte de plaques d'asbeste à l'extérieur, elle était partagée en 2 pour contenir 2 familles, à l'extérieur se tenait très fière, notre "toilette" et à l'intérieur, dans environ 20 mètres carrés, il y avait, 2 chambres à coucher, une cuisine, une douche avec lavabo. Mais il y avait quand même l'eau courante. Des sentiers de sable battu conduisaient à la porte de chaque baraque, depuis la route principale.

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Notre maison pour plus de deux ans

Nous avions reçu dès le début, un carnet de bons spéciaux qui nous permettaient d'acquérir pour quelques jours, de l'alimentation primaire, dans une épicerie qui était aménagée dans une des baraques. Plus tard, nous devrons nous suffire de ce qu'on aura gagné en travaillant. Les seules possibilités étaient, ou l'entretien des arbres dans les forêts de Kéren Kayémet ou la cueillette d'oranges ou de cacahuètes dans les Moshavim riches des environs.

Les mauvaises langues disent que les maabarot étaient construites non loin des Mosuavim pour pouvoir leur offrir de la main d'œuvre à bas prix.

J'ai passé les premières semaines en tant que Olé, à visiter la famille qui avait fait son Allia avant nous. Ils étaient dispersés dé Kiriat Smoné à Dimona, et j'ai dépensé une bonne partie de notre trésor que j'avais apporté de Suisse et de Tunis. Mais j'ai mémé expérimenté 2 jours le travail dans le Moshav, pour lesquels je n'ai pas encore reçu la paie

Après quelques jours, le responsable de notre Maabara est venu visiter notre logis. Il  me questionna sur mon instruction et a vu que je parlais bien l'Hébreu. Il me dit que le gouvernement avait décidé ces derniers temps de créer surtout dans les agglomérations de Olim une éducation préprofessionnelle pour encourager les garçons, de chercher leur avenir dans le métier de la mécanique (et les filles dans la couture). Cela concernait la 7eme et la 8eme classe et aussi dans certaines écoles qui avaient des 9eme et 10 classe.

Quelques jours plus tard nous partîmes pour le Ministère de l'éducation à Jaffa et il me présenta là-bas. Ils examinèrent mon Hébreu et demandèrent des informations sur l'Institut de Genève et me trouvèrent adéquat pour leur nouveau programme, et je fus muté comme maitre de mécanique (Atelier, technologie et dessin industriel) dans une école de la banlieue de la ville de Rishon Létsion. Pour arriver de ma maabara à l'école, il fallait changer 3 ou 4 autobus et que cela prenait 1heure et demie. Je m'estimais chanceux d'avoir reçu ce travail, après seulement 2mois dans le pays.

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Autobus des années 50

J'ai commencé par préparer l'atelier installer les établis et les machines (avec l'aide du ouvriers du ministère), et sans attendre, les élèves des 7eme et 8eme étaient heureux et curieux de commencer (au mois de février), une carrière qu'ils ne savaient où cela les mènerait.

Heureusement que mon horaire commençait dans les heures autour de midi, cela me permettait de commencer de voyager à des heures confortables et si je sortais plus tôt, je pouvais me promener dans Tel Aviv, avant de prendre le bus pour Rishon-Létsion.

Les quelques mois qui restaient jusqu'à la fin de l'année passèrent vite et au mois de juin, je reçus une lettre du ministère disant que pour l'année prochaine, je serai muté à une école dans la banlieue de Nathania, ce qui réduirait la distance et le temps perdu dans les bus, de deux tiers.

Je ne me voyais pas moisir dans la maabara, durant les 2mois de vacances, d'autant plus que je ne serai payé que selon le nombre de  mois de travail de l'année. Alors je me suis présenté à "l'industrie Aéronautique près de Lod (qui s'appelait en 58, Bedek Matossim), au bureau d'études comme dessinateur industriel. Je fus reçu et à la fin du mois d'aout, je donnais ma démission pour aller enseigner à Nataniya.

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Les bureaux d'études étaient au deuxième étage du hangar

Pour ceux qui se souviennent, il y avait, autour du hangar, plusieurs hydravions de la seconde guerre mondiale, immobiles, comme dans un musée,

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Un hydravion

Avant de continuer, je voudrais raconter un de souvenirs de la vie à la maabara, et aussi celle des jeunes.  Nous étions peut être une vingtaine de jeunes, âgés environ d'une vingtaine d'années, garçons et filles. Ceux qui habitaient la maabara avant notre arrivée et ceux de 1958.

La maabara s'appelait Ein Sarid, était dans l'agglomération de Tel Mond. Après quelques jours, j'ai appris que les lumières de voitures qu'on voyait au loin, étaient de la ville de Kalkilia dans la Transjordanie et la frontière passait quelque part entre Ein Sarid et ces lumières. Cela ne m'a pas étonné quand plus tard, on est venu m'apprendre que je devais la semaine prochaine, prendre un fusil et faire partie du groupe de garde de la maabara. Je refusais en disant que je n'ai jamais tiré avec un fusil. Ils me promirent que demain un soldat viendra m'apprendre d'utiliser le fusil. Après quelques exercices de tirs et démonter le fusil pour l'entretenir, je commençais à faire la garde presque une fois par mois, 3 heures, avec un partenaire.

La maabara comprenait une grande majorité de baraques en asbeste, et quelques maisons construites en pierre qui appartenaient surement à un petit village arabe, dont les habitants se sont enfuis durant la guerre d'indépendance. Ces maisons avaient justement l'électricité et une d'elles était assignée aux besoins publics : fêtes ou anniversaires ou autre. Une autre maison nous servait de local pour des soirées dansantes des jeunes. Il y avait un jeune Olé d'Egypte qui possédait une collection de disques de musique de danse et j'apportais mon poste radio-pick-up qui possédait sur sa partie supérieure un "tourne disque". Presque tous les samedis soirs plusieurs jeunes se rassemblaient pour faire la fête.

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