Ma Allia et mon Intégration. (3/6) La Maabara, l'Enseignement, le Mariage, par Avraham Bar-Shay

Ma Allia et mon Intégration. (3/6)

La Maabara, l'Enseignement, le Mariage

J'étais tombé amoureux d'une jeune et jolie fille, Ola de Turquie et qui était aussi la sœur de ma voisine de baraque, elle est devenue ma petite amie. J'avais perdu tout lien avec la jeune fille d'Alexandrie qui était avec nous sur le bateau, mais le destin était plus têtu et on verra comment deux ans plus tard, il a ménagé une rencontre, par hasard à Tel Aviv, qui nous mènera à la Houppa.

Je m'étais lié d'amitié avec 2 jeunes garçons qui habitaient la maabara et on sortait souvent ensemble dans les environs ou à Nataniya. Comme par hasard, un venait de l'Algérie et l'autre du Maroc, nous formions les trois pays de l'Afrique du Nord.

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On a demandé une petite charrette pour visiter les environs

Nous étions trois personnes dans notre baraque, avec : ma mère, mon petit frère de 10 ans mon cadet. Un autre frère était parti avant nous, avec l'Allyiat Hanoaar et habitait avec ses camarades au Kibboutz Yavné non loin d'Ashdod. Ma sœur qui a fait sa Allia avec nous sur le même bateau, a été placée, avec son mari et un bébé de 6 mois, à Dimona. Ainsi notre famille fut dispersée dans le pays.

Ma mère qui ne travaillait plus et voulait voir sa famille déjà établie en Israël. Elle fit cela par de courts voyages, d'abord le Nord où habitaient ses frères puis le Centre et le Sud, nous laissant mon petit frère et moi pour quelques jours à chaque fois. Etant donné que j'aimais cuisiner, nous ne souffrions pas beaucoup de son absence.

 

 

Pour mes classes, je préparais souvent les leçons à la lumière de la lampe à pétrole, ou bien des fois, j'allais les préparer, le jour à l'ombre de la falaise de la plage de Nataniya

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Les moyens de transport d'Ein Sarid étaient plutôt rares. Mais, à partir du Mochav voisin (bien installé) de Ein Véréd, qui se trouvait à une marche de plus d'un demi-kilomètre, on y trouvait plus souvent des autobus. Ils allaient soit au Sud, vers Tel Aviv, ou bien au Nord, vers Nataniya. Mais on prenait le premier bus qui venait et s'il allait dans la direction opposée à la nôtre nous changions de bus à la sortie de Tel Mond. Pour le retour c'était l'inverse, on prenait de Tel Aviv un bus quelconque qui allait vers le Nord ou de Nathanya vers le sud.  Malheureusement les derniers  bus à l'intérieur de l'agglomération de Tel-Mond s'arrêtaient à 20 heures et si vous ratiez le dernier bus, vous allez faire une marche de 7,5  Km de route très effrayante (on parlait des Fedayin en ce temps- là).

Le samedi après-midi, pour aller au cinéma, il y avait un camion qui faisait le voyage de 4 Km jusqu'au centre de Tel Mond. J'étais religieux et des fois je marchais cette distance, jusqu'au cinéma, surtout quand on pouvait voir une pièce de théâtre dans cette même salle. Ma petite amie prenait le camion et cela mit fin à notre roman. Plus tard, elle se maria avec un tractoriste du village central. En ce temps-là un tractoriste gagnait très bien sa vie.

Il n'y avait pas beaucoup de distraction à la Maabara, alors j'ai commencé à entrainer mon petit frère, à faire le "saut périlleux".

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L'année 58-59 s'annonçait bien, je rejoins ma nouvelle école dans le Sud de Nataniya et recommençait de nouveau à installer les établis et les machines-outils et commençais les cours.

Les élèves étaient un peu turbulents au début, l'atelier était un lieu qui permettait le déplacement. Tout changea quand ils apprirent j'étais de Tunis (ils étaient majoritairement d'origine Tripolitaine et le corps enseignant était Ashkénaze), j'étais de chez eux. J'étais jeune et les garçons de le 1Oeme classe étaient souvent plus hauts que moi. C'était un vrai roman d'amour.

Dans cette école je devais enseigner 4 grades : de la classe de la 7eme à celle de la 10eme année, et je devais enseigner un peu plus de 50 pourcents d'heures que normal. Ce qui exigeait beaucoup de travail, mais aussi une belle rémunération.

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               La Perceuse                                Exposition des travaux de fin d'année

L'année 1958, l'année de notre Allia, Israël fêtera son dixième anniversaire et on nous annonçait des grands évènements, dans toutes les villes et surtout à Jérusalem.

Seules les quartiers en dehors de la vieille ville étaient sous contrôle israélien, les accords d'armistice avec la Jordanie, lui donnait le contrôle de la Transjordanie de toute la vieille ville de Jérusalem (avec le Cotel). Un No-mans-land séparait les 2 parties de Jérusalem. Des soldats jordaniens qui étaient placés sur les murailles de la ville tiraient souvent sur les habitants des quartiers israéliens, surtout ceux du quartier de Mousrara. Israël construisit alors des portions de murs en béton et bouchait des fenêtres, pour protéger ses citoyens des balles jordaniennes, dans tous les endroits qui étaient à découvert.

Un ami de jeunesse qui a fait sa Alliya avant moi, m'avait invité pour assister aux festivités de l'Indépendance à Jérusalem, il habitait justement Mousrara derrière ce mur protecteur.

Après la guerre de six jours, la retraite des soldats jordaniens et la réunification des 2 parties de la ville, ces murs furent détruits. Un poste de douane (Mendelbaum) qui était non loin, fut déplacé à la nouvelle frontière du Jourdain et le no-mens-land, reprit vie.

Retournons en 58, le soir, des danses populaires étaient organisées sur toutes les places. Le lendemain, très tôt, nous prenions place dans un endroit "stratégique" pour assister à la parade militaire, juste en face du bâtiment de l'ancienne Knesset (lieu provisoire qui était une ancienne fabrique de biscuits). On voit sur la photo, la Ménora qui fut déplacée, elle aussi, là où se trouve la Knesset maintenant.

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En face de l'ancienne Knesset (Froumine ancienne fabrique de Biscuits)

Même après plus de 60 ans, il est difficile de décrire les émotions et les sentiments que ressent un nouveau Olé devant ces festivités, et cette parade de soldats Israéliens, du dixième anniversaire. Des années plus tard, les parades militaires ont été annulées et seulement des avions acrobatiques et militaires sillonnent le ciel, le long des plages de la Méditerranée.

En 1958, les vols d'avions était interdits dans Jérusalem. On prenait les enfants de Jérusalem à Tel Aviv pour voire des avions.

Ma connaissance de la langue et mes études à Genève m'avaient rendu un début d'intégration plus facile.

Tout près de l'école de Nataniya, il y avait une institution du troisième Age, parmi les résidents il y avait un artiste âgé qui venait de l'union soviétique. Il s'habillait comme un artiste du temps des impressionnistes, avec des cheveux longs un foulard noué autour du cou, il ne parlait que le yiddish et le russe. Je ne me rappelle plus comment je l'ai connu mais nous fumes très bons amis.  Il s'appelait Adon Grimberg.

Nous étions une demi-douzaine qui fréquentons son studio et nous apprenions surtout des techniques de différents styles de peintures. J'étais fier quand un jour il me demanda de sculpter son buste, je le fis d'abord en argile, puis j'en ai fait le moule, dans lequel j'ai coulé du plâtre.

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M. Grimberg et son Buste

Les classes me laissaient quelques heures de libres que je passais, entre autre dans son studio.

Les vacances de cette année aussi, je me suis présenté à l'Industrie Aéronautique, mais le chef du bureau d'études refusa de m'accepter, alors je me présente au chef d'atelier qui m'accepta comme "fraiseur-tourneur", mais c'était un travail de 3 équipes quotidiennes et chaque semaine on changeait d'équipe. Pour l'équipe de nuit, je ne pourrais jamais arriver au travail de la maabaea à Lod. Par pure chance, j'ai trouvé un cousin qui habitait Ramlé et que sa maison n'était pas occupée, parce qu'il habite maintenant à Béér Sheva. Il me donna la clé et j'y ai habité les semaines que je travaillais de nuit. Et comme l'année passée, en fin aout, j'ai démissionné et repris mes cours. A chaque fois ces 2 mois, je gagnais 2 salaires et cela me permettra au temps venu de payer une partie du prix de la maison que j'ai achetée avec ma future épouse.

Ainsi, Je continuais la 2e année (59-60),

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             Photo de fin d'année d'une des Classes                              

L'Atelier de Mécanique

 Puis un soir de novembre 1959, me promenant le soir sur la rue Dizengoff à Tel Aviv, je rencontre par hasard la demoiselle d'Egypte qui avait pris notre bateau à Naples. Après les salutations et ce qu'on avait fait durant 2 dernières années, soudain je vois que je vais rater mon dernier bus pour la maabara. Je lui propose vite de nous rencontrer en ce même endroit tel ou tel jour.  A partir de ce jour nous nous étions rencontrés plusieurs fois et on s'était plus et un jour je l'invite à la maabara passer un Shabbat, je voulais fêter mon 23eme anniversaire et lui faire la connaissance de ma famille. Elle accepta mon invitation. Durant ce week-end, elle avait plu à ma mère

Elle m'invita aussi où elle habitait, chez son oncle à Ramat Gan, je rappelle que ses parents étaient restés en Egypte. Nous décidions de nous marier en juin et achetions une petite maison dans la banlieue ouest de Nataniya et nous nous sommes mariés dans une synagogue de la ville. La cérémonie nuptiale dura près d'une heure et chaque invité reçut un sachet de dragées

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