Accord de normalisation entre Israel et le Maroc
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué jeudi soir un accord de normalisation "historique" des relations entre l'État hébreu et le Maroc, aussitôt dénoncé par le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza.
"J'ai toujours cru en cette paix qui se concrétise aujourd'hui devant nos yeux. Je veux remercier le président Trump d'avoir mené ces accords et remercier le roi du Maroc Mohammed VI pour cette décision historique de faire la paix avec Israël", a déclaré, jeudi 10 décembre, Benjamin Netanyahu dans une allocution télévisée coïncidant avec le début des fêtes juives de Hanouka.
"Nous allons d'abord mettre en place des bureaux de liaison, puis des relations diplomatiques directes et des vols directs entre les deux pays", a ajouté le Premier ministre israélien.
"Le peuple marocain et le peuple juif ont toujours entretenu des relations chaleureuses à l'ère moderne. Tout le monde connaît l'amitié profonde démontrée par le roi du Maroc et la population marocaine à l'égard de la communauté juive locale", a déclaré Benjamin Netanyahu.
Ce dernier a d'ailleurs qualifié de "pont humain" entre les deux pays les "centaines de milliers" de juifs d'origine marocaine aujourd'hui établis en Israël. Dans les années 1950 et 1960, peu après la création d'Israël, des juifs d'Irak, du Yémen et du Maroc avaient émigré vers l'État hébreu où les postes clés étaient alors aux mains des Ashkénazes, juifs des pays d'Europe centrale.
Nommés "Mizrahim", ces juifs d'Orient se sont établis à l'extérieur des grandes villes, et se sont sentis exclus à l'époque par la gauche israélienne au pouvoir, jusqu'à la fin des années 1970 où le Likoud, actuel parti de Benjamin Netanyahu, a courtisé cet électorat pour en faire l'un de ses socles électoraux.
Les Palestiniens fustigent cet accord
Après les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Soudan, le Maroc est devenu jeudi le quatrième pays arabe depuis août à promettre d'établir des relations diplomatiques avec l'État hébreu.
Les Palestiniens avaient déjà fustigé les accords de normalisation avec le Soudan, Bahreïn et les Emirats. Ce pays du Golfe qui a d'ailleurs inauguré récemment des premiers vols directs commerciaux entre Dubaï et Tel-Aviv. Idem en ce qui concerne le Maroc.
"C'est un péché politique qui ne sert pas la cause palestinienne et encourage l'occupation [nom donné par les responsables palestiniens à Israël] à continuer de nier les droits de notre peuple", a réagi auprès de l'AFP Hazem Qassem, le porte-parole du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza.
Ce dernier a par ailleurs accusé l'État hébreu "d'instrumentaliser" ces accords pour justifier "l'augmentation des colonies" en Cisjordanie occupée.
Au cours de la dernière décennie, et en particulier sous la mandature de Donald Trump, allié clé d'Israël, les colonies ont connu un essor important en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Plus de 450 000 Israéliens vivent dans des colonies en Cisjordanie occupée, territoire où vivent environ 2,8 millions de Palestiniens, ce qui selon l'ONU et l'Union européenne complique la mise en œuvre d'une solution à "deux États", un État palestinien viable aux côtés d'Israël.