Comment les présidents parlaient du maréchal Pétain avant Macron ?

Comment les présidents parlaient du maréchal Pétain avant Macron ?

 

Dans des termes similaires à ceux utilisés par Macron qui, ce 7 novembre, a affirmé que Pétain «avait été pendant la première guerre mondiale un grand soldat» même s'il a «conduit des choix funestes» pendant la seconde.

Bonjour,

Nous avons reformulé votre question, qui était à l’origine : «Est-ce que d’autres présidents avant Emmanuel Macron avaient célébré la mémoire de Pétain ?».

Vous nous posez cette question, suite aux déclarations d’Emmanuel Macron qui, ce 7 novembre, a jugé «légitime» de rendre hommage au maréchal Pétain aux Invalides.

Avec les sept autres maréchaux de la Grande guerre, Philippe Pétain sera, en effet, célébré ce samedi aux Invalides lors d’une cérémonie à laquelle participeront les responsables militaires français, dont le chef d’état-major particulier du président, Bernard Rogel.

Macron a défendu ce choix, estimant que le dirigeant du régime de Vichy avait été «pendant la première guerre mondiale un grand soldat», même s’il a «conduit des choix funestes» pendant la seconde. Ajoutant : «Il a été un grand soldat, c’est une réalité. La vie politique comme l’humaine nature sont parfois plus complexes que ce qu’on voudrait croire […] J’ai toujours regardé l’histoire de notre pays en face».

Avant lui, plusieurs présidents avaient tenu des propos similaires à propos du Maréchal Pétain.

Ainsi, en mai 1966, lors de la commémoration des 50 ans de la bataille de Verdun, Charles de Gaulle eut ces mots (que l’on peut entendre dans cette archive de l’INA, à partir de 4’17) :

«Si, par malheur, en d’autres temps, en l’extrême hiver de sa vie, au milieu d’événements excessifs, l’usure de l’âge mena le maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire qu’il acquit à Verdun, qu’il avait acquise à Verdun vingt cinq ans auparavant et qu’il garda en conduisant ensuite l’armée française à la victoire ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie».

Quarante ans plus tard, de Gaulle fut imité par un autre président, Jacques Chirac, lors des 90 ans de la bataille de Verdun : «Un homme a su prendre les décisions qui conduiront à la victoire. Il restera comme le vainqueur de Verdun. Cet homme, c’est Philippe Pétain. Hélas, en juin 1940, le même homme, parvenu à l’hiver de sa vie, couvrira de sa gloire le choix funeste de l’armistice et le déshonneur de la collaboration».

On remarque d’ailleurs, à la lecture de ce discours, que Chirac emprunta à de Gaulle l’expression «l’hiver de sa vie» pour évoquer le régime de Vichy, tandis que Macron a réutilisé «le choix funeste» de Chirac.

Avant lui, François Mitterrand avait aussi souligné les «contradictions» du maréchal Pétain, lors d’une interview accordée à Radio J, la radio communautaire juive. Quelques jours plus tôt, le président français, comme de Gaulle et Giscard d’Estaing avant lui, était allé fleurir la tombe du maréchal Pétain, ainsi que celles des Maréchaux de la première guerre mondiale. Interrogé sur ce geste, qui avait alors ému la communauté juive, et auquel mettra un terme Jacques Chirac, Mitterrand avait répondu :

«Je comprends leur émotion. Nous sommes là devant un cas typique des contradictions de l’Histoire qui nous place à notre tour dans des contradictions qui ne sont pas vraiment supportables. Mais on ne pourra jamais arracher les pages dans lesquelles est écrite l’Histoire de la plus grande bataille que la France ait connue et gagnée, la bataille de Verdun ni arracher de l’Histoire de France ceux qui l’ont faite et ceux qui l’ont conduite, 25 ans avant les événements dont nous parlions, avant le Vel’d’Hiv. C’est une honte qui ne pourra jamais être effacée de l’histoire de notre pays. La gloire de Verdun, la gloire payée par beaucoup de sang et de drames, ne peut pas être oubliée, ni les anciens combattants et d’autre part la honte de 1942 ne peut pas l’être davantage. Voilà une contradiction fondamentale. Moi, je dois la gérer et je ne voudrais pas que l’incompréhension s’élargisse. Je ne suis pas très sensible à ce genre de critiques parce que j’ai la conscience claire»

Pour résumer : dans le texte, Macron tient des propos proches de ceux de Chirac, de Gaulle ou Mitterrand avant lui, au sujet du maréchal Pétain. Mais la polémique porte davantage sur le contexte dans lequel ont été tenus ses propos. Pour rappel : une cérémonie d'hommage, jugée «légitime» par Macron, et organisée aux Invalides ce samedi pour célébrer les maréchaux de la Grande guerre, dont Philippe Pétain. 

Cordialement

Mise à jour du 8 novembre à 9h : l'Elysée affirme désormais que l'hommage de samedi aux Invalides ne concernera pas le maréchal Pétain. 

Robin Andraca

Commentaires

Member for

53 années 8 mois
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il était temps que cela s'arrête

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